Réunis en urgence, les membres du Conseil de sécurité souhaitent que "les parties en Egypte fassent preuve d'un maximum de retenue", a déclaré, jeudi 15 août, l'ambassadrice argentine à l'ONU. Les quinze pays membres se sont accordés "sur la nécessité de mettre fin à la violence et de faire progresser la réconciliation nationale", a-t-elle ajouté.
La diplomate a tenu à souligner qu'il ne s'agissait pas d'une "déclaration officielle" du Conseil mais de "commentaires" qui reflétaient les discussions à huis clos entre les pays membres. Cet artifice, a-t-on expliqué, a permis que le Conseil réagisse rapidement à la crise sans avoir à négocier un texte et à surmonter certaines divergences, la Russie et la Chine ayant rejeté l'idée d'élaborer une déclaration formelle. Navi Pillay, Haut Commissaire chargée des droits de l'homme, a réclamé une enquête sur l'assaut des forces égyptiennes.
La réunion se tenait à l'initiative conjointe de la France, du Royaume-Uni et de l'Australie, pour réagir à la répression des manifestations des partisans de Mohamed Morsi par la police et l'armée égyptiennes, qui a fait près de 600 morts mercredi, et a été largement dénoncée par la communauté internationale.
FRANÇOIS HOLLANDE CRAINT UNE "GUERRE CIVILE"
"L'Egypte est un pays absolument déterminant dans le monde arabe. C'est une raison supplémentaire pour laquelle il faut demander, comme les Nations unies, une décélération, une retenue maximale. Sinon le risque, c'est que ce soient des mouvements extrémistes qui récupèrent toute la tension", a ajouté le ministre des affaires étrangères, Laurent Fabius, vendredi sur RTL.
La veille, François Hollande avait convoqué l'ambassadeur d'Egypte en France, Mohamed Mostafa Kamal, pour lui demander de tout mettre "en œuvre pour éviter la guerre civile". "La libération de prisonniers [...] pourrait constituer un premier pas vers la reprise de pourparlers", a estimé l'Elysée, qui a demandé "un arrêt immédiat de la répression", et plaidé pour une "solution politique" et pour que "des élections soient organisées dans les meilleurs délais".
PAS DE MESURES CONCRÈTES
Mercredi, dès le premier jour de répression, la France avait, comme l'ensemble de la communauté internationale, condamné les actions du gouvernement provisoire égyptien. La chef de la diplomatie de l'Union européenne, Catherine Ashton, a réclamé la levée de l'état d'urgence "dès que possible", tandis que Washington a fustigé, sur un ton inhabituellement direct, la répression "lamentable" dont les partisans de M. Morsi sont la cible, portant un "grave coup à la réconciliation et aux espoirs du peuple égyptien pour une transition démocratique".
"Notre coopération traditionnelle ne peut pas continuer alors que des gens meurent dans les rues", a mis en garde Barack Obama, jeudi. Reste à savoir si ces propos seront accompagnés de mesures concrètes, comme la suspension de l'aide militaire annuelle de 1,3 milliard de dollars, versée depuis les accords de paix avec Israël en 1979. Pour l'instant, seule l'annulation des manœuvres militaires conjointes est envisagée.