Et s'il revenait? Aussi incroyable que cela puisse paraître, Diego Armando Maradona pourrait reprendre en mains l'équipe nationale d'Argentine après en avoir claqué la porte à grands coups de déclarations tapageuses en juillet dernier. "El Pibe de Oro" aurait mis de l'eau dans son vin et pourrait prendre sa propre succession après l'intérim assuré par Sergio Batista.
Diego Armando Maradona est un être passionné, tout en démesure et en pulsions pour un sport qu'il adore et qui le lui a bien rendu, et cultive inévitablement force de paradoxes. Le 3 juillet dernier, en quarts de finale de la Coupe du monde 2010, l'Argentine quittait la compétition sur une humiliation face à l'Allemagne (4-0). Deux jours plus tard, "El Pibe de Oro" annonçait que son "cycle était terminé" et qu'il allait quitter ses fonctions de sélectionneur national, au grand désarroi de Julio Grandona, le président de l'Association argentine de football (AFA).
Tout et son contraire
Puis, le 27 juillet, le contrat de l'idole de tout un peuple n'est pas renouvelé, lui qui avait notamment posé comme condition de pouvoir conserver l'ensemble de son staff technique pour continuer l'aventure. Nommé en octobre 2008, Diego est donc invité à prendre des vacances après moins de deux ans de mandat. Deux jours plus tard, vexé au possible, le champion du monde 1986 se venge et s'offre une sortie médiatique tapageuse, où il critique ouvertement Grandona et le directeur technique des équipes nationales, Carlos Bilardo, celui-là même qui avait guidé Maradona vers le titre mondial en 1986.
"Grondona m'a menti, Bilardo m'a trahi", avait commenté l'Argentin. "Grondona m'avait dit dans les vestiaires juste après notre élimination en Afrique du Sud (...) qu'il était très satisfait du travail que j'avais accompli et qu'il souhaitait que je reste", avait-il ensuite indiqué alors que le président de l'AFA refusait qu'il poursuive sa mission avec le même staff technique. Quant à Bilardo, il ne l'avait pas non plus épargné, estimant "qu'il a oeuvré en coulisse pour me mettre dehors". "Ils avaient fait appel à moi pour éteindre un incendie et maintenant que je l'ai fait, voilà ce qui arrive", avait-il assuré avant de justifier: "Il sait qu'il m'est impossible de continuer sans mes adjoints (...) Je défends tout le monde, de la masseuse à mon assistant car j'ai des valeurs et je n'ai pas l'intention de changer."
Le problème était donc ciblé dès l'été: le staff technique du sélectionneur national ne convenait pas à tout le monde, et Grandona d'ajouter: "Je n'ai jamais dit qu'il devait y avoir, sept, huit ou neuf changements dans le staff technique mais seulement quelques modifications pour perfectionner et solutionner certaines choses". L'imbroglio ne cessait de devenir de plus en plus complexe entre les différentes déclarations des uns et des autres.
Batista dans tout ça?
Au final, tout ce tapage médiatique pourrait ne rester qu'un simple feu de paille et un vaste quiproquo sans intérêt, puisque Diego Armando Maradona serait sur le point de revenir à la tête de la sélection nationale. Selon la presse locale, une entrevue aurait eu lieu la semaine passée entre le finaliste de la Coupe du monde 1990 et l'ancien président argentin, Nestor Kirchner, en présence de Gaston Granados, conseiller et ami proche de la star.
Ce dernier n'émet par ailleurs aucun doute sur la volonté de l'ancienne idole de Boca Juniors de retrouver son fauteuil. "Diego veut revenir s'occuper de la sélection, et si la seule solution pour cela est de changer tout ou une partie de son staff, alors il pourrait le faire", explique-t-il. De son côté, l'AFA aurait également fait un pas en avant et serait prête à accepter quelques conditions de son roi.
Ce soudain revirement de situation était-il prévisible? Oui, serait-on tenté d'écrire car, dans le cas contraire, pourquoi l'Argentine aurait-t-elle conservé, durant presque deux mois, un intérimaire nommé Sergio Batista? En Amérique du Sud, le problème de la fin du mois de juillet, à savoir de ne pas disposer de concurrents sérieux pour remplacer Maradona, n'a pas été résolu. Mais quid justement de ce fameux Sergio Batista, ancien milieu de terrain défensif sacré champion du monde en 1986 au côté de Maradona? Vainqueur des Jeux Olympiques 2008 à Pékin avec Messi, Di Maria et consorts, ne dispose-t-il pas de toutes les qualités pour prendre le relais chez les A? D'autant que les deux matches où il a dirigé l'équipe nationale, en Irlande (0-1) puis face à l'Espagne (4-1), se sont soldés par deux victoires et une solidité tactique jamais vue sous l'ère de son prédécesseur...