Dictature argentine : une avocate française voulait faire auditionner …

Gabriel Longueville, un prêtre français exerçant en Argentine, a été tué en juillet 1976 avec son vicaire. En 2012, trois hommes -deux anciens militaire et un ancien policier- ont été condamnés par la justice argentine.

Auparavant, une juge française, qui enquêtait dans le cadre d'une plainte déposée au nom de la famille de la victime par Me Sophie Thonon-Wesfreid, avait demandé à auditionner Jorge Mario Bergoglio, alors archevêque de Buenos Aires.

MYTF1News : Dans quel cadre souhaitiez-vous que Jorge Mario Bergoglio, alors chef de l'Eglise argentine, soit auditionné ?
Me Sophie Thonon-Wesfreid : Quelques semaines après la découverte du corps de Gabriel Longueville et de son vicaire argentin, l'évêque de La Rioja, Enrique Angelelli, était allé à El Chamical pour enquêter lui-même. Il avait pris de nombreuses notes, placées dans une serviette porte-documents. Sur la route du retour, il est décédé dans un accident de la route. C'était en fait un assassinat maquillé.

Il ne manquait qu'une chose dans le véhicule : la serviette. Elle avait évidemment été récupérée par les auteurs du meurtre puis par les commanditaires. Simplement, s'il s'agit bien d'un accident comme le veut la thèse officielle, il n'y a justement aucune raison pour qu'elle ait disparue. Si l'on suit cette logique, elle a été récupérée par l'Eglise. Elle doit donc se trouver forcément dans ses archives, soit à l'évêché de La Rioja, soit à Buenos Aires, soit au Vatican.

De par ces fonctions de chef de l'Eglise argentine, Jorge Mario Bergoglio pouvait donc ouvrir les archives afin de la retrouver, et ainsi contribuer à l'enquête. C'est dans ce cadre très précis que j'avais suggéré à la juge d'instruction nommée par le TGI de Paris après la plainte déposée au nom de la famille d'adresser une commission rogatoire internationale afin d'entendre le cardinal Bergoglio. La justice argentine n'a jamais donné suite.

MYTF1News : Le regrettez- vous ?
Me S. T.-W. :
Bien sûr. Mais plus globalement, après la dictature, Jorge Mario Bergoglio  n'a jamais favorisé l'ouverture des archives de l'Eglise, alors qu'il en avait la possibilité. Or on sait que l'Eglise a eu un rôle de complicité dans la répression. Jorge Bergoglio aurait donc pu permettre d'éclaircir ce rôle. Les archives auraient notamment pu aider à la quête de la vérité dans de nombreux dossiers.

MYTF1News : Trois hommes ont été condamnés pour le meurtre de Gabriel Longueville fin 2012. Comment ont réagi ses proches ?
Me S. T.-W. : Sur ce dossier, la justice est passée. Ce qui était le plus important, c'était d'ailleurs que l'Argentine rende la justice. Côté français, on peut effectivement un peu regretter que l'action judiciaire ne soit pas allée jusqu'au bout. Mais en l'état actuel, les familles estiment que justice est faite.

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