Dette FMI: la Grèce en "arriéré" et pas en "défaut", quelle nuance?

La Grèce doit rembourser 1,5 milliard d'euros au FMI mais le premier ministre grec Alexis Tsipras a clairement laissé entendre hier soir à la télévision nationale que ce remboursement ne se fera pas. Les caisses de l'Etat sont vides, le plan d'aide européen n'ayant pas été renouvelé. Et pourtant, la Grèce ne sera pas automatiquement déclarée en défaut de paiement.

C'est une des particularités des règles du FMI, les pays débiteurs ont droit à une période de grâce. La Grèce ne sera donc pas ce soir en défaut de paiement, mais en "arriéré" de paiement, nuance. Elle aura encore 30 jours pour rembourser.

Cela dit, d'autres échéances vont tomber en juillet, la Grèce devra rembourser quatre milliards d'euros au Fonds européen de stabilité financière et à la Banque centrale européenne.

Or, si elle fait réellement défaut vis-à-vis du FMI et de ses créanciers internationaux, la Grèce sera alors dans une position bien plus difficile. Un pays s'était notamment retrouvé dans une situation de défaut de paiement, il s'agissait de l'Argentine. En pleine tourmente le pays sud-américain avait traversé une gravissime crise lors de la récession de 1999-2003 et avait dû faire défaut sur sa dette en 2001. 

L'Argentine, pas forcément un exemple pour la Grèce

"Il faut se rendre compte que quand un pays décide de faire défaut unilatéralement sur sa dette, si l'Etat veut pouvoir continuer à se financer, il faut qu'il dégage des excédents commerciaux", explique l'économiste Xavier Dupret. Un pays dégage un excédent commercial lorsqu'il exporte pour plus que ce qu'il ne doit payer pour ce qu'il importe. En gros, il faut que l'État en question génère lui-même l'argent pour se financer, sans devoir passer par la case emprunt. Ce que l’Argentine a pu faire, notamment en dévaluant sa monnaie pour favoriser les exportations. 

Mais "la Grèce n'a pas du tout la même base productive que l'Argentine. L'Argentine, dès qu'elle dévalue, bénéficie du boum du soja et, en fait, jusqu'à présent, le pays s'est financé avec les dollars qui venaient de ses excédents commerciaux", précise Xavier Dupret. 
Mais 15 ans après avoir fait défaut, l'Argentine n'a toujours pas retrouvé un accès normal aux marchés financiers et se finance essentiellement sur son marché national en ce qui concerne les emprunts.

Or, à ce stade, vu l'état de ses banques, la Grèce ne pourrait a priori pas en faire autant.

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