Il ne reste que 48 heures. Deux jours pour éviter le défaut de paiement et trouver des accords avec ses créanciers privés. Malgré des réunions de conciliation d'urgence organisées la semaine dernière, personne ne cède d'un pouce. Vendredi, la justice américaine a ordonné à Buenos Aires de rembourser 1,3 milliard de dollars à deux fonds spéculatifs, NML et Aurelius. Ces deux fonds avaient refusé de participer à la restructuration de la dette du pays après la crise financière qui avait secoué l'Argentine en 2001. Rembourser ses dettes n'est jamais simple, encore plus quand on les multiplie comme la troisième économie d'Amérique latine. Buenos Aires doit également rembourser une partie de sa dette restructurée arrivant à l'échéance le 30 juillet.
Double peine
Conséquence de cette double obligation, l'Argentine risque de se retrouver en défaut de paiement. Cela anéantirait ses efforts pour retrouver du crédit auprès des marchés financiers internationaux et accentuerait l'inflation, la fuite des investisseurs étrangers... et par conséquent, entrainerait la récession économique. Ce spectre de la cessation de paiement inquiète aussi le FMI. Le chef économiste du Fonds, Olivier Blanchard, estime que "cela pourrait avoir des coûts considérables pour le pays". D'après l'économiste, cela créerait également "une incertitude" pour les autres pays en difficulté susceptibles de vouloir restructurer leur dette.
Mais si l'Argentine paye, elle redoute une situation pire que le défaut de paiement : que tous ses créanciers réclament d'être traités comme les "fonds vautours", c'est-à-dire d'être remboursés à 100 % de leur dû, alors que 93 % d'entre eux ont accepté une décote de 70 % après la crise de 2001. Une clause dite "Rufo" (Rights Upon Futur Offers) pourrait imposer automatiquement à l'Argentine d'améliorer son offre vis-à-vis de ses autres créanciers, ce qui pourrait déclencher une vague de renégociations. Dans ce cas, l'Argentine affirme qu'elle pourrait avoir à payer, non pas 1,3 milliard de dollars, mais jusqu'à 100 milliards.
Gagner du temps
Cette clause "Rufo" expirant en janvier 2015, Buenos Aires cherche donc à gagner du temps. Ce délai supplémentaire lui permettrait d'éviter in extremis le précipice. Lors des dernières 48 heures, personne ne va vouloir lâcher prise : ni les fonds vautours qui bataillent depuis douze ans, ni l'Etat argentin qui pourrait préférer le défaut de paiement technique. L'ancien ministre de l'économie argentin, Roberto Lavagna, a même conclu : "Mieux vaut un typhon qu'un tsunami..."
Vidéo. Et pourtant, l'Argentine avait démontré que de la crise pouvait naître d'astucieuses alternatives économiques.
Open all references in tabs: [1 - 3]