Le spectre d'un nouveau défaut de paiement de l'Argentine s'éloigne après la suspension en appel de l'arrêt d'un juge de New York qui obligeait le pays sud-américain à verser à la mi-décembre 1,33 milliard de dollars à des fonds spéculatifs.
"Nous saluons une décision qui apporte une dose de bon sens après un arrêt qui risquait d'empêcher toutes les restructurations de dette partout dans le monde", a commenté le président de l'Union industrielle argentine José Ignacio De Mendiguren.
Le gouvernement de la présidente Cristina Kirchner pourra désormais régler d'ici le 15 décembre 3,1 milliards de dollars au titre de la dette renégociée (93% du total) avec ses créanciers, sans risquer de voir cette somme saisie pour payer les fonds spéculatifs NML et Aurelius.
En cas de saisie et d'impossibilité de régler les détenteurs de titres de la dette renégociée, l'Argentine aurait pu été déclarée en défaut de paiement "technique".
Cette nouvelle menace de faillite, onze après le défaut de paiement historique portant sur 100 milliards de dollars, avait conduit mardi l'agence d'évaluation financière Fitch à abaisser brutalement de trois crans la note du pays.
Il y a une semaine, un juge fédéral de l'Etat de New York, Thomas Griesa, avait fait sensation en ordonnant à l'Argentine de verser d'ici le 15 décembre 1,33 milliard de dollars à NML et Aurelius.
Ces fonds détenteurs de dette publique argentine avaient refusé les offres d'échanges de titres en 2005 et 2010.
La justice de New York a toutefois décidé mercredi en appel que "tous les jugements relatifs à cette affaire étaient suspendus" jusqu'à l'audience en appel prévue le 27 février.
"Ce calendrier garantit le respect de toutes les échéances de la dette de l'Argentine prévues au mois de décembre", s'est félicité le ministère argentin de l'Economie.
L'Argentine pourra donc faire face le 15 décembre à une échéance de dette renégociée de 3,1 milliards de dollars, sans que viennent s'ajouter 1,33 milliard de dollars dus aux créanciers récalcitrants.
La décision de la Cour d'Appel "suspend tous les ordres du juge Griesa", a relevé le ministère argentin de l'Economie.
En outre, la Cour a donné suite à une demande de porteurs de la dette publique argentine renégociée: opposés aux fonds spéculatifs, ils pourront désormais être écoutés et considérés comme tierce partie dans l'affaire.
Les fonds spéculatifs NML et Aurelius ont refusé les échanges de dette dans le but d'obtenir, à travers une bataille judiciaire, 100% du capital plus intérêts sur des titres acquis à très bas prix lorsque l'Argentine a fait défaut en 2001.
"Les porteurs de titres qui ont accepté les échanges de dette avaient fait appel avec nous devant la Cour", a précisé le vice-ministre argentin de l'Economie Axel Kicillof, avant d'ajouter que "les fonds vautours" misent surtout sur la "voie judiciaire" pour être remboursés.
L'Argentine a toujours refusé de payer un centime à ces fonds spéculatifs, qui cherchent à être remboursés à 100%, alors que les investisseurs qui ont souscrit aux échanges ont dû accepter une décote de plus des deux tiers pour certains.
La suspension de l'arrêt du juge de New York intervient alors que le ministre argentin de l'Economie, Hernan Lorenzino, avait laissé entendre mardi que son pays pourrait rouvrir l'offre d'échange de titres afin de montrer qu'il est prêt à payer.