L’Argentine tourne la page des années Kirchner. L’équipe Macri rencontre ce mercredi à New York les fonds « vautours »pour sortir d’un imbroglio vieux de 15 ans
Une page se tourne. Au moins symboliquement . La nouvelle équipe au pouvoir en Argentine, conduite par le président Mauricio Macri, va rencontrer ce mercredi, les créanciers du pays qui ont refusé de participer aux deux restructurations de la dette argentine en 2005 et 2010. La rencontre a lieu à New York, entre le secrétaire aux Finances du pays, Luis Caputo, ses avocats ( le gourou des restructurations de dette, Lee Buchheit , pourrait l’accompagner selon la presse locale), les représentants des fonds « vautours », et le médiateur nommé par le juge Griesa, celui-là même qui a condamné Buenos Aires à rembourser 100 % de sa dette envers les fonds spéculatifs.
Macri veut un accord « raisonnable »
« Nous demandons au médiateur de nous aider [...] à trouver une solution et nous lui demandons de mener les discussions pour que l’accord soit raisonnable », a indiqué le président argentin, élu en fin d'année dernière et désireux de clore l’épisode Kirchner. L’ancienne présidente, Cristina Kirchner, avait en effet mis un point d’honneur à ne rien verser aux fonds « vautours », malgré les demandes répétées de la justice américaine. Pour elle, rien ne justifiait de rembourser des investisseurs qui ont acheté la dette argentine à prix cassé, en profitant des difficultés du pays.
Coupons supérieurs à 10 %
La somme en jeu avoisine 10 milliards de dollars, pour l’ensemble des fonds « vautour » et créanciers qui ont obtenu une décision de justice en leur faveur. Le plus célèbre d’entre eux, le fonds Elliott (NML), connu pour ses batailles judiciaires rocambolesques contre ses débiteurs, devrait toucher au moins 1,6 milliard de dollars. L’Argentine doit en effet rembourser le capital, les intérêts (les coupons sont supérieurs à 10 %) et des intérêts sur intérêts non payés (à un taux de 9 %, fixé par le juge dans une décision de 2006). D’après un média argentin, le gouvernement souhaiterait notamment réduire le montant des intérêts de pénalité, qui représentent des sommes très importantes.
Malgré tous les espoirs que ces négociations suscitent, il faudra sans doute patienter de longs mois avant qu’un accord soit trouvé et donc avant que l’Argentine puisse retourner sur les marchés financiers internationaux, dont elle est exclue depuis sa gigantesque faillite de 2001 (la plus importante de l’histoire avec celle de la Grèce en 2012). Elliott est bien prêt à négocier, mais, fort d’une décision de justice qui lui octroie le droit d’être remboursé à 100 % et après plus de dix ans de bataille, il n’est sans doute pas disposé à subir une décote, du moins pas significative. Le fonds du milliardaire Républicain Paul Singer, a déjà fait savoir dans le passé qu’il pouvait accepter un échelonnement du paiement, en étant par exemple remboursé en partie en nouvelles obligations argentines. Elliott va s’asseoir à la table des négociations, alors qu’ il a par ailleurs effectué des saisies d’actifs argentins en France, notamment sur Total et la Coface . En revanche, les saisies auprès de l’Ambassade d’Argentine, de BNP Paribas et d’Air France ont été levées par le juge d’exécution.
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Isabelle Couet
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