SPORT - La Coupe du Monde de rugby a été terrible pour le rugby européen. Si l'Angleterre a été éliminée de "sa" Coupe du Monde dès la phase de groupe, les quarts de finale ont été dramatiques pour l'Europe avec les éliminations de la France, du pays de Galles, de l'Ecosse et de l'Irlande face aux nations de l'hémisphère Sud, la Nouvelle-Zélande, l'Afrique du Sud, l'Australie et l'Argentine.
L'Europe absente pour la première fois des demies-finales de la Coupe du Monde de rugby, se doit de réagir.
Alors que de 1987 à 2011, au moins une équipe européenne était dans le dernier carré:
- 1987 : France (finaliste), pays de Galles,
- 1991 : Angleterre (finaliste), Ecosse,
- 1995 : France, Angleterre,
- 1999 : France (finaliste),
- 2003 : Angleterre (vainqueur), France,
- 2007 : Angleterre (finaliste), France,
- 2011 : France (finaliste), pays de Galles.
Avec cette nouvelle "donne" géographique, y a-t-il un, deux, voire trois mondes d'écart? L'onde de choc est telle que nous demandons de toute urgence la tenue ou l'organisation d' une grand - messe des nations européennes du rugby. Il nous paraît souhaitable de tirer au plus vite les leçons du fiasco européen pour réfléchir et jeter les bases du rugby de demain.
Les thèmes de réflexion suivants pourraient être à l'ordre du jour :
- Outre les calendriers, l'évolution du jeu européen par rapport à celui développé par les nations de l'Hémisphère Sud : bien décrypter et disséquer les points forts du jeu de la Nouvelle - Zélande, de l'Australie, de l'Afrique du Sud et de l'Argentine, toutes en demi - finale de la Coupe, afin d'en tirer les enseignements. La promotion d'un système de jeu spectaculaire et offensif nous paraît prioritaire, à l'image du "football total" imposé par le légendaire Cruijff lorsqu'il était aux commandes du Barça même si ce n'est pas le même sport... Se poser la question des calendriers dont la surcharge peut être considérée comme un frein à la récupération des joueurs ;
- L'émergence de nouvelles forces, comme l'Argentine qui va disputer sa deuxième demi-finale après celle de 2007. L'Argentine a énormément progressé et aujourd'hui fait peur.
Ne pas oublier le Japon, auteur d'un phénoménal exploit contre l'Afrique du Sud et les pays du Pacifique, même si ceux-ci n'ont pas pu se hisser en quarts de finale. Tôt ou tard, ils seront un jour en demi-finale et même plus ;
- Le diagnostic des forces et faiblesses des nations européennes lors de la Coupe du Monde : C'est certain que les deux grands "perdants" sont la France et l'Angleterre, les deux seules sélections européennes à avoir disputé au moins une finale de Coupe du Monde (une finale gagnée par l'Angleterre, trois finales perdues pour le XV de France, deux finales perdues pour le XV de la Rose).
Pour la France, la défaite est très lourde face à des All Blacks, redoutables (63 - 12) et la désillusion du XV de France est grande puisque depuis 1995, elle a toujours été au minimum demi - finaliste de la compétition. N'oublions pas que lors de la précédente finale en 2011, toujours face à la Nouvelle - Zélande, la France a failli même gagner... Avant les rugbymen français, les joueurs anglais ont, eux aussi, quitté dépités la compétition notamment après leurs défaites contre le pays de Galles et l'Australie dans ce groupe A considéré par les spécialistes comme "le groupe de la mort". D'ailleurs, peut aussi faire débat la pertinence de la présence de deux nations organisatrices dans la même poule (Angleterre, pays de Galles) même si les matches dans le pays de Galles ont été moins nombreux, ce qui, finalement, n'a pas arrangé les intérêts européens....
Les autres nations de l'Hémisphère Nord ont été meilleures que la France et l'Angleterre. Si l'Irlande a très bien négocié la phase de groupe et a été fortement handicapée par l'absence de joueurs clés, blessés ou suspendus, ce qui lui a été préjudiciable lors de son quart de finale contre l'Argentine (43 - 20), le pays de Galles a perdu de peu contre l'Afrique du Sud (23 - 19) et l'Ecosse a été éliminée par l'Australie (35 - 34) à la suite d'une erreur d'arbitrage....
- La question des joueurs évoluant à l'étranger : pourquoi certaines nations comme l'Angleterre ont décidé de se priver des joueurs évoluant à l'étranger. Certains joueurs des sélections qualifiées comme le sud - africain Habana (RC Toulon), les australiens Giteau et Mitchell (RC Toulon), l'argentin Imhoff (Racing 92), évoluent en France. Dan Carter, ex - joueur de Perpignan, s'est engagé avec le Racing 92. Pourquoi les rugbymen de l'Hémisphère Nord ne joueraient - ils pas eux aussi dans les pays de l'Hémisphère Sud ? Par le passé, des Français n'ont-ils pas évolué en Afrique du Sud (Roumat, Lacroix) ?
- Les entraîneurs étrangers en Europe : il y a quelques mois, dans une tribune au Huffington Post, nous n'avons pas manqué de souligner "le tournoi des VI Nations, le nouvel eldorado des sélectionneurs néo-zélandais" avec l'Irlande, le pays de Galles et l'Ecosse. Ces trois nations ont été meilleures que la France et l'Angleterre lors de la Coupe du Monde...
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