Coupe du monde de rugby : dans le groupe C, duopole annoncé …

La Nouvelle-Zélande et l’Argentine, qui s’affrontent dès leur premier match, dimanche 20 septembre, sont au-dessus du lot et devraient logiquement se qualifier pour les quarts de finale. La Géorgie, les Tonga et la Namibie se contenteront des miettes, dans cette poule où l’on pourrait voir plus de scores fleuves que de suspense.

Petite séance de haka pour les All Blacks, le 17 juillet, avant un match contre l'Argentine.
  • Le favori : la Nouvelle-Zélande.

Champions du monde en titre, les All Blacks font, comme d’habitude, figure de favoris. Avec une équipe qui mêle jeunes talentueux et vieux briscards, les hommes de l’entraîneur Steve Hansen viseront au moins les demi-finales, un stade de la compétition qu’ils ont toujours atteint, sauf en 2007. Il leur faudra néanmoins faire fi des statistiques qui veulent que jamais un pays n’a réussi à remporter deux Coupes du monde consécutives. Sortir de cette poule devrait néanmoins être une simple formalité : les All Blacks n’ont jamais perdu face aux adversaires qui leur sont proposés en entrée.

Son objectif officiel : Remporter une troisième Coupe du monde après ses sacres de 1987 et 2011 pour devenir la sélection la plus titrée et distancer l’Australie et l’Afrique du Sud. Histoire de prouver aux yeux du monde que les All Blacks, sacrés à chaque fois à domicile, peuvent aussi l’emporter loin de leurs terres.

Son objectif officieux : Améliorer sa victoire la plus large en Coupe du monde, qui commence à dater (145-17 face au Japon, en 1995). La Namibie pourrait être un bon sparring-partner.

Le joueur à surveiller : Nous aurions pu vous parler des talentueux et expérimentés Dan Carter ou Richie McCaw. Intéressons-nous plutôt à Julian Savea. Le jeune homme a tout juste 25 ans, n’a pas encore disputé de Coupe du monde, et pourrait bien être la grosse révélation de la compétition. Pas uniquement en raison d’excentricités comme sa fine moustache qu’il arbore parfois ou ses coupes de cheveux aléatoires, mais grâce à des qualités hors du commun, qui lui ont déjà permis d’inscrire 30 essais lors de ses 35 sélections avec les All Blacks. Puissant et rapide, il ressemble à une version XXIe siècle de Jonah Lomu, capable de perforer les défenses grâce à sa puissance. Plus léger que son illustre prédécesseur (107 kilos contre 119), il est aussi meilleur au pied. Steve Hansen a osé dire qu’il était « probablement meilleur que Lomu ». A lui de le démontrer.

Le joueur à ne pas surveiller : Colin Slade est champion du monde, et c’est déjà beaucoup. Pour le reste, dans une équipe où les énormes talents ne manquent pas, le demi d’ouverture évolue dans l’ombre de Dan Carter. Cela ne devrait pas changer, d’autant que le jeune Beauden Barrett s’est déjà trouvé une place.

 

L'équipe d'Argentine prend la pose, le 14 septembre 2015, à Hailey, dans l'Oxfordshire.
  • L’équipe qui devrait aussi passer en quarts : l’Argentine.

Les Pumas se sont incrustés depuis plusieurs années dans l’élite du rugby mondial, comme le montrent leurs résultats obtenus lors des deux dernières Coupes du monde (3es en 2007, quarts de finale en 2011). Même s’ils restent un ton en dessous des trois autres équipes majeures de l’hémisphère Sud (Afrique du Sud, Australie et Nouvelle-Zélande), les joueurs de Daniel Hourcade devraient se qualifier sans souci pour le tour suivant, où ils pourraient retrouver la France ou l’Irlande.

Son objectif officiel : Atteindre les demi-finales, comme en 2007. L’avantage, c’est que, contrairement à 2011, l’Argentine ne tombera pas sur la Nouvelle-Zélande en quarts de finale.

Son objectif officieux : Battre les All Blacks dès le premier match de poule. En 21 confrontations entre les deux pays, cela n’est jamais arrivé (20 victoires néo-zélandaises et un nul).

Le joueur à surveiller : Juan Martin Hernandez. El Mago, « le magicien », a peu joué la saison dernière avec Toulon, mais il a su participer au troisième titre continental du RCT, en jouant la finale européenne. Preuve que malgré un corps perturbé par les blessures, il faudra sûrement compter sur lui dans les moments importants. A 32 ans, son expérience et son jeu au pied sont de précieux atouts.

Le joueur à ne pas surveiller : Juan Pablo Socino. A moins d’une grosse surprise, ce joueur, qui évolue au poste de centre et de demi d’ouverture, devrait passer la majorité de son temps sur le banc, lui qui ne compte que deux sélections avec les Pumas. Mais il a l’avantage de bien connaître l’Angleterre, où il joue depuis plusieurs années, idéal pour indiquer à ses coéquipiers les bons pubs pour la troisième mi-temps.

Les joueurs des Tonga devant la mairie de Cheltenham, dans le sud-ouest de l'Angleterre, le 12 septembre.
  • L’outsider : les Tonga.

Il y a quatre ans, les Tonga ont fait trembler la France durant tout une rencontre, qu’ils ont finalement remportée face aux (19-14). Un exploit. Mais rééditer un tel exploit s’annonce compliqué. Le pays ne s’est jamais qualifié pour les quarts de finale, et la tâche paraît cette fois quasiment impossible avec la Nouvelle-Zélande et l’Argentine. Parmi les atouts des Tonga, on note le fait qu’une large partie de ses joueurs évoluent en France ou en Angleterre.

Son objectif officiel : S’extraire pour la première fois de son histoire de sa poule.

Son objectif officieux : Essayer de ne pas prendre de carton rouge. Les Tonga détiennent le record d’expulsions (3) en Coupe du monde, avec le Canada.

Le joueur à surveiller : Nili Latu. Avec Hale T-Pole, il constitue l’atout principal de la troisième ligne tongienne. Agé de 33 ans, le capitaine des Tonga joue à Newcastle, après avoir évolué au Japon, et est plutôt réputé pour son engagement, à l’image de sa sélection nationale.

Le joueur à ne pas surveiller : Le nom d’Opeti Fonua ne vous dit probablement rien. Avec cinq capes internationales au compteur, il ne fait pas partie des poids lourds de la sélection tongienne. Mais ce n’est pas vraiment un poids plume pour autant : le bon Opeti pèse environ 135 kg sur la balance. Les bancs de la Coupe du monde ont intérêt à être solides.

Les joueurs géorgiens, apparemment adeptes des câlins, le 14 mars contre la Russie.
  • La grosse côte : la Géorgie.

Les divisions inférieures françaises (Pro D 2, Fédérale 1, 2) seront bien représentées lors de cette Coupe du monde, et, encore une fois, elles peuvent dire merci à la Géorgie, qui fournit, entre autres, les clubs de Bagnères-de-Bigorre, de Lille, d’Aurillac, de Montluçon ou encore de Tarbes. Entraînés par un Néo-Zélandais, Milton Haig, les Géorgiens se débattront au sein du ventre mou de cette poule.

Son objectif officiel : Se qualifier pour la première fois de son histoire en quarts de finale. Mais comme cela s’annonce très compliqué, il pourrait être revu à la baisse et consister à remporter deux matchs dans une même Coupe du monde, ce qui serait une première pour le pays du Caucase.

Son objectif officieux : Faire mentir le dicton « jamais deux sans trois ». Après avoir perdu face à l’Argentine en phase de poules en 2007 (33-3) et 2011 (25-7), les « Lelos » tenteront d’éviter un troisième revers consécutif en Coupe du monde face aux Pumas.

Le joueur à surveiller : Mamuka Gorgodze. « C’est quand le jeu devient dur que les durs deviennent bons », la citation est attribuée au footballeur italien Gianluca Vialli. En ce qui concerne la balle ovale, le troisième-ligne du RC Toulon, surnommé « Gorgodzila », ne craint pas les parties rudes. Pas du genre à refuser les coups : le Web regorge de vidéos où l’on peut voir Gorgodze multiplier les « baffes ». Auteur de 24 essais avec sa sélection, un record, le solide gaillard (1,95 m, 118 kg) disputera sa troisième Coupe du monde, soit une de moins que le demi d’ouverture Merab Kvirikashvili, engagé dans sa quatrième aventure mondiale, record pour un Géorgien.

Le joueur à ne pas surveiller : Kakha Asieshvili. Parce qu’il fallait bien en choisir un, c’est tombé sur le pilier de Brive.

Les Namibiens, en juin 2013, après une victoire face aux Tunisiens, en Coupe d'Afrique.
  • La cote improbable : la Namibie.

Depuis 1999, tous les quatre ans, la Namibie participe à la phase de poules de la Coupe du monde. Depuis 1999, tous les quatre ans, elle perd tous ses matchs. Dérouillées, débâcles, déroutes : pas de place pour les matchs serrés. De quoi voir des points pour les spectateurs, mais rarement du suspense.

Son objectif officiel : Remporter son premier match de Coupe du monde. Ou alors au moins un nul. Bref, pour sa cinquième participation, la Namibie aimerait goûter à autre chose qu’à la défaite.

Son objectif officieux : Eviter, face à la Nouvelle-Zélande, de battre un record peu glorieux que les Welwitschias – le nom des joueurs de la Namibie, du nom d’une plante que l’on retrouve dans le désert – détiennent, à savoir celui de la plus large défaite en Coupe du monde, lors d’une débâcle face à l’Australie (142-0), en 2003.

Le joueur à surveiller : Jacques Burger a un nom savoureux et une coupe de cheveux qui l’est tout autant. Surtout, le capitaine de la Namibie, qui joue aux Saracens, en Angleterre, est l’un des rares joueurs professionnels de la sélection. A 32 ans, le troisième-ligne des Saracens sera précieux pour ses coéquipiers afin d’éviter que certaines défaites ne se transforment en débâcles.

Le joueur à ne pas surveiller : Damien Stevens. Ce jeune joueur de 20 ans est un mini-format. Tout chez lui est petit : sa taille (1,65 m), son poids (69 kg), et son nombre de sélections pour l’instant (1). A priori, son temps de jeu devrait être aussi réduit en Angleterre. Mais vu son âge, il a encore le temps pour prendre de la place dans l’effectif.

___________________________________________________________________

Le scénario attendu : Les All Blacks remportent leur premier match face à des Argentins accrocheurs (27-18). Satisfait de la performance, le sélectionneur Steve Hansen donne du temps de jeu aux remplaçants, qui se déchaînent face à la Namibie lors du match suivant (151-3) et établissent ainsi le plus gros carton de l’histoire de la Coupe du monde. Après sa défaite initiale, l’Argentine parvient à se reprendre et à se qualifier dans une poule où les Néo-Zélandais, qui n’ont encaissé aucun essai, impressionnent. La Namibie, avec cinq défaites, n’a toujours pas gagné la moindre rencontre en Coupe du monde.

Le scénario inattendu : Les All Blacks remportent leur premier match face à des Argentins accrocheurs (27-18). Satisfait de la performance, le sélectionneur Steve Hansen donne du temps de jeu aux remplaçants, qui se voient trop beaux face à la Namibie et concèdent un nul surréaliste face aux Welwitschias (3-3), heureux de ne pas perdre pour la première fois de leur histoire en Coupe du monde. Le lendemain, la Géorgie surprend en accrochant l’Argentine (15-15), mais bizarrement, ça n’a pas la même portée. En Namibie, un jour de fête nationale est annoncé. Côté néo-zélandais, le coach Steve Hansen est limogé. En pleine compétition, Jonah Lomu reprend les commandes des All Blacks désorientés, qui n’assurent leur qualification que lors de leur dernier match de poule, face aux Tonga.

Open bundled references in tabs:

Leave a Reply