Coupe du Monde 2014 : une histoire de tactique

Depuis le début de la compétition, plusieurs sélections ont étonné en jouant contre-nature. C’est le cas notamment de l’Argentine ou de l’Espagne.

 

Espagne : le pays entier a réclamé du changement auprès de Vicente Del Bossue avant le début du tournoi. Malgré des victoires à la pelle et une salle des trophées de plus en plus garnie, les Ibériques souhaitaient retrouver un semblant de logique dans le jeu déployé. En finir avec le système sans attaquant de pointe semblait même être une priorité aux yeux des connaisseurs. Ils ont été écoutés par le sélectionneur qui a fait des pieds et des mains pour obtenir la naturalisation de Diego Costa durant l’automne pour pallier les baisses de forme de Villa et Torres. La Roja a donc entamé le Mondial sans Cesc Fabregas en « Falso Nueve », mais avec le goleador de l’Atlético Madrid en pur avant-centre. Sans succès. Face aux Pays-Bas (1-5), DC n’a jamais existé et les milieux ont éprouvé les pires difficultés à le trouver. Bis repetita contre le Chili (0-2) et même l’entrée de Torres n’y a rien changé. Avec Fabregas, à l’Euro 2012 notamment, le champion du monde se garantissait une forte possession de balle en toutes circonstances et des déplacements impossibles à lire pour les défenseurs adverses. C’était moins le cas au Brésil où les Espagnols ont abandonné leur titre au bout de deux rencontres. Suffisant pour reprocher à l’entraîneur son « envie incompréhensible de bouleverser un système qui a donné ses preuves ». Le monde à l’envers.

 

Argentine : avec ses deux étoiles arborées fièrement sur son maillot et une arrogance naturelle à faire pâlir d’envie les Néerlandais, l’Albiceleste répète à qui veut l’entendre qu’elle ne sait pas faire autre chose qu’attaquer. Cette fois, c’est sûr, 2014 sera Argentin ou ne sera rien se disait-on. La Bosnie pouvait se préparer à souffrir lors du match d’ouverture. Il n’en a rien été. Pour affronter ce néophyte au niveau international, Alejandro Sabella opte pour un schéma en 5-3-2 ultra-prudent. Un comble au pays de Diego Armando Maradona. Les Gauchos vivent d’ailleurs une première période délicate où les Bosniens les privent de ballon et s’offrent les occasions les plus franches. Ils ne doivent leur but d’avance qu’à un concours de circonstances malheureux, un csc de Kolasinac. Dès le retour au vestiaire, le technicien argentin se rend compte de son erreur et modifie ses plans en lançant Higuain en lieu et place de Campagnaro. En seconde mi-temps, les Sud-Américains produisent beaucoup plus en rapport avec leur statut. Cela n’empêche pas les médias locaux d’allumer le sélectionneur pour « sa frilosité et son manque d’imagination ». Assurément.

 

Algérie : « Je suis un entraîneur offensif. Mon équipe marqué deux buts par match en moyenne. » Vahid Halilhodzic n’a jamais eu sa langue dans la poche. Depuis trois ans, il profite d’interviews accordés à la presse pour exposer les différences entre lui et son prédécesseur, Rabah Saâdane : le panache. Il en remet une couche sur le tarmac de Sao Paolo lorsque l’Airbus A330 de la sélection se pose. « On vient pour donner une bonne image du football algérien. » Les supporters imaginent déjà leur équipe nationale perturber la Belgique, à Belo Horizonte, ce 17 juin. Ce qu’ils n’imaginent pas en revanche, c’est la peur de « Coach Vahid » au moment de croiser le fer avec une formation du Top 10 planétaire. Exit Slimani, Brahimi et Djabou pourtant très bons en préparations, place à un système en 4-3-2-1 où le trident censé être offensif passe davantage de temps dans son propre camp à défendre. Après avoir longtemps mené au score, les Fennecs craquent et encaissent deux pions en fin de rencontre. Le tout sans avoir rien montré puisque l’EN est raillée pour être la sélection ayant la moins tiré au but parmi les trente-deux participants. Indigne selon les grands quotidiens sportifs qui pointent du doigt la « faillite tactique de Vahid ». Cinq jours plus tard, nouveau stade et onze de départ remanié avec pas moins de cinq nouveaux joueurs. Ce choix voulu par Halilhodzic se révèle une réussite. L’unique représentant du monde arabe écrase la Corée du Sud avec l’art et la manière. Le peuple envahit la rue pour fêter l’événement. Et donner un peu de répit à Vahid.

 

 

Une histoire de tactique par mensquare

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