L’association Mémoire de Jacques de Liniers nous prie d’annoncer la tenue prochaine, ce 10 décembre 2015, d’une conférence sur la vie de Jacques de Liniers (1753-1810), officier français devenu vice-roi d’Argentine.
Jacques de Liniers est un personnage qui a joué un grand rôle dans l’histoire de l’Amérique latine, au début du XIXe siècle puisqu’il a permis d’abord de bouter les Anglais hors de Buenos-Aires en 1806, et par la suite de former le peuple argentin au combat pour les empêcher de revenir en 1807.
Ces faits d’armes extraordinaires lui ont donné une très grand popularité auprès des Argentins qui ont demandé à l’Espagne de le nommer vice-roi du Rio de la Plata, alors que, fait unique dans l’histoire de l’Espagne, il n’était pas espagnol.
Beaucoup d’historiens considèrent qu’il a joué un rôle essentiel dans la demande d’indépendance des colonies espagnoles d’Amérique latine dont les populations ont pris conscience, grâce à lui, qu’elles pouvaient vaincre la meilleure armée du monde sans aide extérieure.
L’exécution de Jacques de Liniers
« ... Cet homme qui, au moment de son exécution, a refusé d’avoir les yeux bandés et a mis son chapelet près de son cœur... »
Ayant prêté serment au roi d’Espagne, fidèle à sa foi, il n’a pas voulu prendre la tête de ce mouvement d’indépendance, et a été fusillé sans procès car les chefs indépendantistes qui l’avaient servi dans les combats contre les Anglais craignaient que sa popularité fût un obstacle à leur dessein. C’est le colonel French, son aide de camp lors de la reprise de Buenos-Aires, qui a commandé le peloton d’exécution.
La lettre qu’il écrivit à son beau-père un mois et demi avant son exécution témoigne de la grandeur d’âme et de la foi de cet homme qui, au moment de son exécution, a refusé d’avoir les yeux bandés et a mis son chapelet près de son cœur.
« Mon cher et vénéré père,
« Voudriez-vous qu’un général, un militaire qui, pendant trente-six ans a donné des preuves réitérées de son amour et de sa fidélité au Souverain, le délaissât à la dernière époque de sa vie ? Ne livrerais-je pas à mes enfants un nom marqué au coin de la trahison ? Quand les Anglais envahirent Buenos-Aires, qui m’obligeait à entreprendre la délivrance de cette ville ? Je ne balançai pas à m’engager dans une entreprise aussi dangereuse : j’abandonnai mes enfants à la divine Providence au milieu des ennemis. Plus tard, lorsqu’il fallut défendre Buenos-Aires à la tête de soldats nouveaux contre une armée formidable et déjà en possession de Montevideo, la bonne cause n’a-t-elle pas triomphé ? Eh bien ! mon père, si elle était bonne alors, elle est très bonne aujourd’hui. Elle réclame non-seulement les services d’un soldat honoré des plus grandes distinctions qu’il puisse acquérir ; mais de tous ceux qui ont prêté serment de fidélité. Songez à David et aux Machabées, la victoire fut le fruit de leur foi.
« Ne vous inquiétez pas, mon cher père ; ayez comme moi votre confiance en Dieu. Celui qui m’a protégé dans le passé me sauvera de même dans l’avenir. Mais, si d’après ses hauts décrets je dois trouver en cette occasion la fin de mes jours, j’espère que sa miséricorde me tiendra compte d’un sacrifice auquel je suis obligé par ma profession en échange de mes innombrables offenses.
« Mon père, celui qui nourrit les oiseaux du ciel et prend soin des plus petits êtres de la création sortie de ses mains, veillera avec vous pour la subsistance et l’éducation de mes enfants. Partout ils se présenteront sans rougir de me devoir la vie, et si je ne leur laisse pas de richesses, je leur donne un beau nom et de bons exemples à imiter.
« Faites connaître mes résolutions à toute personne qui vous demandera de mes nouvelles ; je n’y renoncerais pas, aurais-je le poignard sur la gorge. »
Événement associé
[CONFÉRENCE] Jacques de Liniers, une vie entre deux mondes
Conférence donnée par le général de corps d’armée (C.R.) Jérôme Millet et M. Bertrand Savatier.
Accueil dans les salons du Cercle France-Amériques à partir de 18 h 15.
Détail et réservation en ligne sur le site du Cercle.
P.A.F.