Comprendre la politique argentine en 10 leçons (8/10: les tares …

Les principales tares institutionnelles du système politique argentin sont intéressantes à récapituler, car certaines rappellent les défauts du système politique français, à commencer par l'hyper-présidentialisation.

Chez nous c'est un phénomène relativement récent (malgré deux siècles de tradition "bonapartiste" et l'héritage plébiscitaire du gaullisme) dont les prémices datent de Chirac et le déploiement de Sarkozy.

On n'accablera jamais assez ce pauvre imbécile de Jospin (mais un apparatchik mitterrandiste qui avait commencé sa carrière comme sous-marin de l'OCI au sein du PS peut-il être autre chose qu'un sombre crétin?) d'avoir fait le jeu de la Droite en ne bloquant pas la révision constitutionnelle chiraquienne. La situation s'est encore aggravée institutionnellement et pratiquement avec Sarkozy, mais au moins y a-t-il encore un conseil des ministres hebdomadaire pour formaliser les prises de décision exécutive. En Argentine, il n'y a même pas de vraies réunions de cabinet: le président (ou la présidente) gère le pays à coups de réunions informelles en tête-à-tête (ou en tout petit comité) avec le ou les ministres concernés et intervient ensuite directement dans les médias pour annoncer ses décisions, y compris sur des sujets qui relèvent du micro-management politico-médiatique (le rapprochement avec la récente éruption de léonardose dont a souffert notre Flanby national s'impose de lui-même.) Quant au fonctionnement du législatif, le Parlement argentin est trop souvent un parlement-croupion, car déléguant ses compétences au Président à travers le mécanisme des "super-pouvoirs" (c'est encore mieux que notre article 49.3).

Une autre tare du système politique argentin est la fragmentation. Pour la réduire, il faudrait relever significativement le seuil de représentation (actuellement le seuil de filtrage aux primaires, par exemple, est à 2% ce qui est beaucoup trop bas) et interdire l'accès à la représentation nationale aux partis purement régionaux (mais le dirigeant politique capable d'imposer une réforme de ce genre n'est pas encore né...)

Une troisième tare du système est l'absence d'organisation de la continuité de l'action de l'Etat à travers la haute fonction publique. La technostructure française a bien des défauts mais par rapport aux oscillations claniques et à la corruption endémique dans la gestion des affaires publiques que subit l'Argentine, c'est un moindre mal...

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