Comprendre la politique argentine en 10 leçons (6/10: les …

Comme le coup d'Etat de 1955 (nommé "Révolution Libératrice" par ses partisans) l'a montré, l'antipéronisme fait confluer deux courants politiques qui sont chez nous perçus comme antagonistes: la Droite conservatrice (dans ses différentes composantes, des réactionnaires tous azimuts aux libéraux économiques) et la Gauche (socialistes, communistes et extrême-gauche trotskyste, tous avides de revanche après les persécutions dont ils avaient fait l'objet). Cela est dû a deux facteurs qui existent toujours aujourd'hui quoique avec moins d'intensité.

- le national-populisme péroniste tient en permanence un discours ultra-clivant ("qui n'est pas avec nous est contre nous")

- la politique argentine, plus encore que la nôtre doit s'analyser non pas selon le seul axe Droite-Gauche mais aussi selon un axe Haut-Bas. Les polarisations politiques s'organisent donc dans un plan. La plupart des opposants au péronisme (sauf les syndicalistes non ralliés au système qui ont été pour cette raison parmi les plus impitoyablement éliminés par les groupes de choc du premier péronisme) ont une vision "éduquée" de la politique et articulent des discours rationalistes visant en priorité un public éduqué, et ils s'opposent culturellement au moins autant qu'idéologiquement à la vision péroniste du monde.

Le péronisme occupait (et occupe toujours) tout l'axe Droite-Gauche dans la partie basse du plan politique argentin. D'où la bizarrerie qu'il constitue pour nous.

Aujourd'hui, comme hier (car virer Peron était le seul programme commun des "révolutionnaires" de 1955) l'antipéronisme reste divisé entre une ultra-gauche tout aussi groupusculaire qu'en France, un Centre-Gauche fragmenté malgré ses alliances électorales (le FREPASO des années 90, aujourd'hui le FAP) et une Droite traditionnelle à dominante économiquement libérale et sociétalement conservatrice.

 

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