Du Venezuela, nous allons passer à l'Argentine, à la suite de l'étude d'un crash d'avion, ou plus exactement grâce aux réflexions d'un bloggeur, venu nous rappeler sur le net les vicissitudes d'un envoyé vénézuélien appelé Franklin Duran, porteur d'un étrange message à destination de l'Argentine. Une valise pleine d'argent, offert par Chavez à la présidente Kichner juste avant son élection. Je vous avais déjà conté l'affaire ici-même en 2011, à deux reprises même, une opération trouble évoquée par d'autres également. Aujourd'hui, cela nous permet de revenir sur la corruption endémique du pays, avec une classe politique qui défraie régulièrement la chronique scandale, avec l'annonce de détournements de grande ampleur et de manipulations toutes aussi importantes. Au passage, nous allons voir comment cela se fait-il que des avions portant une immatriculation américaine peuvent appartenir, via une personne interposée, à des étrangers....
Mais revenons d’abord sur un autre Learjet. 60, un petit avion à la queue jaune bien reconnaissable, immatriculé aux Etats-Unis, N119FD. Voici ce qu’il en restait après qu’il se soit écrasé en plein quartier résidentiel, en bas d’un immeuble, après avoir raté son décollage, le 5 mai 2013 à Valencia, dans la province de Carabobo. C'est au Venezuela, bien sûr, laissant derrière lui un terrible spectacle de désolation.
L’avion avait décollé de l’aéroport de la Maiqueta, à destination de celui d’Arturo Michelena. Deux décès étaient à déplorer : le pilote et le copilote, l'avion n'avait aucun passager à bord. Bref, un accident sans autre suite que deux cadavres et un quartier entier ravagé, ce qui, au vu des photos semble un bilan...plutôt chanceux. Mais un bloggeur attentif va vite découvrir d’autres choses intéressantes sur cet appareil réduit à l’état de cendres noircies, le kérosène enflammé ayant tout carbonisé alentour. Et ce qu’il va nous apprendre vaut son pesant de mouron en effet. Comme il le fait remarquer, tout d’abord, "le Learjet avait eu un emploi du temps chargé auparavant, le premier du mois de mai, avec un départ à 08h 35 à destination de l'île "de Grand Exuma" des Bahamas, pour être à treize heures à destination de Punta Cana en République Dominicaine" (où l’on sait qu’il s’y passe un important trafic de cocaïne - pour lequel j'attends toujours un article à paraître, ici...).
L’avion étant un familier des voyages de Floride aux îles, semble-t-il. "Le 21 janvier précédent, par exemple, il avait voyagé de Fort Loderdale (Opa Locka-Executive Airport, où se trouve toujours une branche active de la CIA) à l’aéroport de Terrance Lettsome Airport, dans les îles Vierges britanniques" note notre fouineur plutôt doué. " Or cet avion (N119FD), comme je l’ai indiqué au journaliste Luis Carlos appartient à Franklin Durán (nous verrons plus loin qui est-ce, mais on peut déjà lire ceci en attendant, ou regarder la couverture du magazine argentin VeinTiTres ci-contre).
"Le 27 Novembre 2012, l'avion avait volé de l'aéroport international de Maiquetia vers Opa Locka-à Miami. Et là je pose alors la question : comment un homme, expulsé des États-Unis, un homme surveillé par le FBI, pouvait-il faire autant de voyages aux États-Unis ?" Car il y en a fait d'autres, de voyages, selon notre dénicheur : "rien qu’en décembre 2012, on peut compte jusqu’à 9 voyages à Miami, Boca Raton et Fort Lauderdale ! La réponse facile à comprendre (si l’on en fait un peu l'historique, ce qui ne fait jamais de mal !) "… nous assène-t-il, surpris lui-même par ses découvertes (à gauche Franklin Duran et Alejandro Antonini).
Et notre enquêteur en herbe (qui dit ne pas aimer les journalistes) de continuer : "sur cette page (et l'information de la FAA : Federal Aviation Administration USA) l’avion appartenait au groupe Venemos Holdings LLC (une société de Wilmington, Delaware) une partie des « actifs fiduciaires » (« Trustee, aux USA ») de la « Banque de l'Utah" au 21 Octobre 2011. Vous savez ce que cela signifie « mandataire fiduciaire » ("Trustee") ? Cela signifie que la banque qui sert d’« intermédiaire » (elle est mandatée), conserve la propriété et la possession de biens pour le bénéfice d'une troisième partie qui lui est étrangère. La raison en est simple : pour acheter un avion à l ‘indicatif d'appel américain(en « N-XXX »), vous devriez opter pour une « fiducie » mandatée pour permettre aux personnes des pays étrangers d’entrer en possession d’un avion rapidement sans avoir à prendre la nationalité américaine (parce que les lois de votre pays sont compliquées pour « nationaliser » un avion, ou tout simplement par « "confidentialité" ...
Aucun étranger ne peut en effet acquérir un avion avec la licence « américaine » (en N-119FD, par exemple), il faut pour cela un "homme de paille" qui gère une « fiducie ». Il a suffit ensuite de changer le « fiduciaire » (de Venemos-Banque de l'Utah), et l'avion est passé de cette vielle couleur "brune avec du blanc" (voir les nombreuses photos du « vieux » le Learjet N119FD, sous son appellation précédente N64SL) à cette couleur jaune "Caterpillar", comme l’ont confirmé les photos de l'accident. L'histoire du Trustee est confirmée ici par ce texte qui explique comment obtenir une immatriculation US, qui se termine par un étonnant appel : "en décembre 2010, l'EASA a fait voter par le Parlement Européen une nouvelle réglementation visant à interdire à terme aux résidents de l'UE l'utilisation de licences FAA pour piloter en UE des avions N. Grâce aux efforts des groupements d'usagers, cette mesure a été temporairement repoussée. Afin de mitiger cette menace qui contrevient à l'esprit et aux textes de la convention de l'OACI, nous vous encourageons à joindre les efforts des groupes de défense en cliquant sur le lien suivant..." Ben tiens.
Et notre bloggeur de remonter le fil de son appareil, et de revenir à la célèbre affaire de la valise d'Hugo Chavez qui devait être remise à Cristina Elisabet Fernández de Kirchner, à savoir la présidente du pays, au lendemain même de son élection en 2007. "Vous voulez aussi savoir l'histoire, de ce qui est arrivé avant 2011 ?" C’est en effet l’affaire trouble du « scandale de la valise » de 2007, surnommé « maletinaz » (chez les vénézuéliens) ou »valijagate » (chez les argentins) : "Antonini Wilson, les 800 000 dollars, les voyages, l'Argentine, les élections, etc., vous vous souvenez ?) », Eh bien, Franklin Duran a été arrêté pour "opérations irrégulières sur le sol américain" vous vous en souvenez ? Entre autres choses, je doute fort qu'un avion d'un "expulsé des Etats-Unis" puisse entrer "si facilement" dans les aéroports américains sans être "détecté" (plus encore lorsque le FBI l'a fait prisonnier "si facilement, alors qu’il sirotait un café dans un Starbucks à Miami") ... tout cela pour avoir vu nos chers amis journalistes "se ruer », lorsque Franklin Durán a été libéré ? le 21 juin 2011 ? Vous avez vu, vous, l’appareil N119FD qui faisait des vols fréquents de la Floride au Texas en avril, mai et juin au moment même où était emprisonné Franklin Duran ? Et vous avez vu, quand il a été expulsé vers le Venezuela ? Le 14 décembre 2011 ? Comment pouvez vous posséder un avion muni d'un "american callsign" (son immatriculation, liée à une balise de reconnaissance appelée "automatic dependent surveillance-broadcast" ou ADS-B, celui que capte Flight Radar par exemple)), alors que vous n'avez pas intérêt à la déclencher, car vous en avez été expulsé, des USA ? C’est pourtant flagrant !"...
Effectivement, et Franklin Durán a aussi utilisé un autre appareil, qui va nous conduire bien loin lui aussi... " et savez-vous qui lui a loué un jet pendant toute cette période ? Qui donc ? L’avion portait l’indicatif N5113S (ici à droite) qui appartenait alors à Venemos Air Inter Location LLC, une fiducie (située à Wilmington, évidemment)… vous voyez venir le plan, là ? Celui du communiqué argentin annonçant "La valise de l’avion" ! Une histoire débutée ici : "le 4 août 2007, quand un avion affrété par la compagnie Energia Argentina SA (Enarsa) se pose sur l’aéroport Aeroparque de Buenos Aires. Il arrive de l’aéroport de Maiquetia, proche de Caracas. A son bord se trouvent huit passagers dont trois responsables de la compagnie nationale du pétrole du Venezuela, la PDVSA, et un homme d’affaires à la fois citoyen des Etats-Unis et du Venezuela : Guido Antonini Wilson.
Quand Antonini se présente à la douane, une fonctionnaire nommée Maria del Lujan Telpuk passe au scanner sa valise, et y décèle des petits rectangles denses et réguliers. Elle l’ouvre et découvre 790 550 dollars, en coupures de 50 dollars" (...). Antonini quitte l’Argentine discrètement, quelques jours plus tard, sans réclamer la moitié des 800 000 dollars, et rentre aux Etats-Unis". Mais ce n'est pas fini : "arrivé en Floride, Antonini contacte le FBI, la police fédérale des Etats-Unis, selon le procureur adjoint Thomas Mulvihill, qui a instruit l’affaire. Antonini est filmé, avec son accord, et ses conversations sont enregistrées par le FBI quand des émissaires de Caracas entrent en contact avec lui. Ces émissaires sont au nombre de cinq, et quatre d’entre eux seront arrêtés à Miami, en décembre 2007. Ils sont accusés d’avoir agi sur le sol des Etats-Unis comme agents d’un gouvernement étranger, en l’occurrence celui du Venezuela, sans s’être au préalable enregistrés auprès des autorités fédérales. Il s’agit d’un crime passible d’une peine maximale de quinze ans de prison". Le scénario de la livraison d'argent était simple : le versement aurait dû avoir lieu le 11 décembre 2007 lors d'un meeting organisé à South Florida, un comté de Floride qui compte de nombreux ressortissants sud-américains. Un meeting qui aurait servi de paravent au gouvernement vénézuélien pour dissimuler le financement du candidat qui avait les préférences de Caracas, à savoir celle pour Christina.
Dès l'annonce de l'incident, notre infatigable Rodolfo Schmidt (voir les épisodes précédents) avait déjà remonté le fil de l'imbroglio et découvert l'implication vénézuélienne : "nous avons reçu des nouvelles que Guido Alejandro Antonini Wilson détient une entreprise qui vend des pièces pour les machines pour l’industrie pétrolière. Et PDVSA Venezuela est clairement , précisément, une industrie pétrolière. Toutefois, la société qui a a sa tête Antonini Wilson semble aussi sombre que son propriétaire. Elle s’appelle appelé "Venuz Supply Inc." et elle a enregistré son domicile au 727 Crandon Blvd, Appartement 301, Key Biscayne, Floride, États- Unis, téléphone (305) 361-6407". PDVSA, déjà largement décrit dans notre épisode précédent avec les frasques et les dépenses somptuaires de son dirigeant principal, adoubé par Chavez (...) "Ce scandale a non seulement dépassé l'échelle internationale et met en alerte, comme nous l'avons noté dans une note précédente, les services de renseignement de différents pays. Toujours dans le cadre de l'observation des grandes institutions financières mondiales, dont une justement, vient d’émettre simplement cette alerte. Un lieutenant-colonel de l'armée qui serait encore non identifié aurait été à bord de l'avion.
Ce n'est pas confirmé, mais a plusieurs reprises son nom a été effacé ... de la liste des passagers de l'avion. Deuxièmement, le« grand argentier »serait déjà identifié : c'est un membre actif de la Garde Nationale du Venezuela"... Bref, c'était bien le gouvernement de Chavez qui était derrière le fiasco de la valise détectée par une policière qui profitera de sa notoriété nouvelle pour tenter une autre carrière...
Lorsque le FBI a arrêté un peu plus tard (en décembre 2007) les vénézuéliens Franklin Duran, Carlos Kauffmann et Moïse Maionica et l'uruguayen Rodolfo Wanseele Paciello, il les a en effet accusés d'agir comme agents infiltrés en Floride pour négocier avec Antonini, comme étant prêts à raconter que c'était leurs propres 800 000 dollars, mais en échange de deux millions pour leur pomme ... Bref, un beau sac de nœuds. L'avion qui s'était posé avec la valise de billets à bord était bien le N5113S, "Le même avion qui sera vendu plus tard en 2008 (beaucoup spéculent qu'il appartenait à Antonini Wilson), le Citation X (oui, ce bel avion Cessna qui ressemble à une torpille et que nous voyons souvent parce que le Groupe 5 de la »Présidence de la République" en a un), vendu à un consortium "Argentin" qui opère dans le le parc aéronautique "Jorge Newbery" de Buenos Aires (note : l’Aeroparque "Jorge Newbery" était l’endroit où Antonini a été "arrêté" le 4 Août 2007, avec 800 000 dollars a envoyer à Miami). Et qui l'a donc acheté ce Citation X 750 (indicatif : N5113S) Une société appelée Royal Class Air, qui a changé son indicatif en LV-BRJ". C’est sous ce numéro qu’on retrouvait le jet faisant à nouveau le trajet Fort Lauderdale- aéroport de Willemstad, Curaçao… le 5 novembre 2011. "Royal Class Air, de Pablo Javier Yabran..." Et là, effectivement, l'écheveau déroulé à partir du simple crash anodin d'un avion même pas chargé de coke ce jour-là (du moins on le pense) devient tout simplement grandiose, car le tout dernier nom cité fait tilt, en effet (j'y reviens très bientôt, dans l'épisode qui va suivre, car ce personnage-là est un "gros poisson" dans le genre)...
Les jets de prestige et la classe politique argentine corrompue, décidément, ça coince... en tout cas. c'est Ricardo Jaime qui est dans le collimateur depuis quelque temps, avec un autre Learjet acheté 4,3 mllions de dollars, soigneusement "caché dans le hangar de la compagnie à l'aéroport de Carrasco Aeromont à Montevideo" comme l'indique un blog impertinent. L'avion est un Lear Jet 31A, immatriculé N786YA, et ses deux pilotes, Gustavo Carmona et Luis Tantessio, confirment le fait, ce dernier étant employé de Aerorutas et vice président d'Aerorutas Technis.
Pour entrer en possession de l'appareil, l'ancien secrétaire des Transports argentin, accusé d'avoir détourné pour 12 millions de dollars à l'Etat, a créé une société écran aux USA, appelée Pegasus Equity Investments SA, un fonds d'investissement basé à Puerto Rico, appartenant à la famille Vazquez... qui ne sont autre que des anciens fournisseurs de Ricardo Jaime ! Celle-ci avait fait un prêt chez Elckrest Investments Ltd, basée dans les Iles Vierges Britanniques, pour obtenir 3 millions de dollars pour l'achat de l'appareil. Passionné de moto et de voitures, Ricardo Jaime, via la famille Vazquez, avait rencontré Jorge Cupeiro, ancien pilote de courses en voitures de grand tourisme.
Cupeiro, un ancien partenaire de Carlos Menem, qui aurait été le lien avec les entreprises aéronautiques qui sont liées à l'avion, cité note le bloggeur.
En plus du Learjet, Jaime possède aussi un yacht (un Altamar 64), une maison à Cordoba, une autre maison à Carlos Paz, un hôtel dans la même ville, des voitures, et encore une autre maison de week-end dans un quartier fermé de San Isidro... en qualité de secrétaire au transports, c'est lui qui a pris toutes les décisions dans le domaine ces dernières années, en se faisant offrir pot de vin sur pot de vin !!! En 2011, on avait découvert que le Learjet avait discrètement changé d'immatriculation pour devenir le N31MC, appartenant désormais à la société LJ Aircraft Sales INC, de Miami, pour être proposé à la vente par Bell Atlantic pour 2 195 000 dollars et aboutir en 2011 chez Holloman Northeast LLC (et donc avoir été vendu). Bref, une corruption évidente, dans laquelle il est difficile d'imaginer que la présidence actuelle n'ait pas pu tremper... ce que l'on va voir dès demain si vous le voulez bien. Nous n'avons pas beaucoup parlé drogue, il est vrai : on devrait se rattraper demain...