CNL : les écrivains argentins à Paris et dans le monde

Les écrivains argentins sont de ceux qui parcourent le monde. Beaucoup ont vécu à Paris. On pense bien sûr à Cortazar. Mais il n'est pas le seul. Un débat du CNL a été l'occasion d'évoquer ce thème primordial pour comprendre la culture et la littérature argentines. Une figure a émergé lors du débat, celle de Victoria Ocampo. Etaient présents pour traiter du sujet: Silvia Baron Supervielle, Axel Gasquet, Laura Alacoba, Luisa Futuransky et René de Ceccaty. 

 

 

 

 

Axel Gasquet a parlé de l'extrême richesse de la diaspora argentine. Selon lui, une bonne partie de la culture argentine a été produite à l'étranger. À partir de là, il était difficile de ne pas mentionner le formidable couple intellectuel formé par Victoria Ocampo et Roger Caillois. Ocampo est à l'origine de la très prestigieuse revue « Sur ». Roger Caillois a lui lancé la collection « La Croix du Sud », qui devient vite incontournable. 

 

Victoria Ocampo a beaucoup voyagé, c'est un fait. Mais elle était « profondément argentine » a déclaré Silvia Baron Supervielle. « On avait l'impression qu'elle sortait de la terre. » Elle a aussi souligné son rapport étroit avec la langue et la culture françaises qu'elle maîtrisa dès son plus jeune âge. De plus, son travail éditorial a ouvert les portes de la France à l'Argentine. 

 

Pour beaucoup d'intellectuels argentins, Paris était synonyme de liberté. Liberté politique, culturelle aussi. C'est peut-être pour cela que l'un des grands romans argentins du vingtième siècle, Marelle, est également un roman parisien. Toutefois, pour les jeunes générations ce rêve français s'est quelque peu estompé. 

 

René de Ceccaty a insisté sur cet échange culturel. Laura Alcoba a choisi d'évoquer le cas de Caillois, qui a fait le chemin inverse, de Paris vers l'Amérique latine. Il est devenu un passeur de littérature argentine en direction de la France. On comprend mieux la raison des liens aussi forts qui unissent les deux pays, les deux cultures. 

 

La formule la plus frappante vient de Juan José Saer (1937 — 2005) qui a dit un jour : « Paris, c'est la banlieue de Santa Fe ». Une boutade certes, mais lourde de sens. Les écrivains argentins ont toujours recréé leur univers littéraire à l'étranger, en procédant par éloignement, c'est certainement là ce qui fait leur caractère unique. Et Paris semble le centre de gravité de cette belle et riche diaspora. Pour combien de temps encore ? 

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