Q- Avec le réchauffement climatique, la culture de la vigne peut-elle disparaître en France ?
R- Non. La question n’est pas : y aura-t-il encore de la vigne en 2050 ?
La vraie préoccupation, c’est de savoir si on va réussir à faire un vin avec les mêmes caractéristiques en évitant de changer les cépages et la localisation des vignobles. Car la multiplication et la succession d’épisodes de sécheresse comme cette année peut finir par tuer un certain nombre de pieds de vignes. Et la hausse des températures s’accompagne d’une augmentation du taux de sucre : le défi sera de faire des vins avec des taux d’alcool pas trop forts.
Q- Quelles sont les pistes d’adaptation pour les vignerons ?
R- Le vigneron s’adapte déjà. Si on a une année chaude comme cet été, il va adapter ses pratiques culturales en travaillant le sol ou en désherbant les inter-rangs pour éviter que l’herbe ne concurrence la vigne. Il va aussi laisser plus de feuilles sur les vignes pour éviter que le soleil n’atteigne trop les grappes.
À plus long terme, d’autres solutions se présentent. D’abord l’irrigation. Aujourd’hui, les vins à appellation n’ont pas le droit d’irriguer, hormis des dérogations dans le sud de la France. En plus du fait que l’irrigation (même si elle est raisonnée par système de « goutte à goutte ») ne correspond pas vraiment à une démarche de vin de terroir, augmenter notre consommation en eau ne va sans doute pas dans le sens de l’histoire.
Sinon, on peut sélectionner d’autres variétés ou d’autres porte-greffes.
Est-ce qu’il ne faudrait pas revenir à des hybrides (non OGM) avec des cépages qui sont moins sensibles à la sécheresse ?
On peut aussi envisager des modifications au niveau des cépages. Après tout, ils ont toujours évolué. Par exemple, dans le Bordelais, les principaux cépages rouges sont le merlot et le cabernet sauvignon. Le cabernet murissant plus tardivement, on peut penser que dans ce contexte de changement climatique, il y aura une augmentation de la proportion de cabernet sauvignon.
Q- Et dans le reste du monde, y-a-t-il des vignobles plus menacés que d’autres ?
R- Globalement, dans le monde, on observe très clairement la montée vers le Nord des conditions favorables à la culture de la vigne. Dans le Val de Loire, avec un degré en plus gagné sur les 50 dernières années, les conditions de maturation du raisin sont meilleures et on a gagné en qualité. Raison pour laquelle on peut penser que les vignobles déjà existants en Angleterre ou en Suède vont gagner en qualité.