CInema: l’humour alcoolique de Javier Rebollo

LibéToulouse: Polar, road movie halluciné : dans quel genre peut-on
classer votre film?

Javier Rebollo : Ce n’est pas seulement un polar. Il y
a plusieurs films en un: c’est aussi une comédie. Je cherche
 surtout à être à la hauteur de mes personnages ; au plus près de
leur tendresse.

C’est
aussi un film sur l’Argentine. Dans mes films, les espaces ont autant
d’importance que les personnages. Avant de commencer le tournage j’ai parcouru
25.000 km en voiture en Argentine.  Ce qui m’est arrivé sur la route
a donné le déclic aux prémices du scénario. J’aime l’Argentine. J’ai cherché à
rendre les différences de couleurs de peau et d’accent qui jalonnent ce pays.

Au
départ, j’avais pensé faire le film en France entre Paris et Marseille avec
Peter Coyote dans le rôle du tueur malade. Mais j’ai abandonné car La
France est un pays trop propre et trop petit. Au
final, j’ai choisi l’Argentine pour la dimension absurde que ce pays amène au
film.  C’est ce que j’appelle l’humour alcoolique.  

L’humour alcoolique ?

Javier Rebollo : Oui comme dans les textes de Samuel
Beckett, de Ionesco ou les films de Buster Keaton, d’Ozu ou de
Kaurismaki. C’est une façon de regarder le monde avec un sourire en coin.
Tout devient ambigu, suspect, bizarre…

La voix off qui traverse le film du début à la fin accentue
cette drôle d’impression...

Javier Rebollo : La voix off est très
cinématographique, presque clinique. Au début du film, elle nous raconte ce que
l’on voit à l’écran. Cela crée le doute. Puis cette voix se déplace petit
à petit pour nous raconter ce que l’on ne voit pas. Elle devient mélancolique à
force de chercher les failles. A la fin cette voix se fait élégiaque pour
passer au mythe. Cette voix peut faire décrocher le spectateur au départ. C’est
voulu. Ensuite, elle te prend pour ne plus te lâcher.

Comment avez-vous travaillé avec l’acteur principal José Sacristàn ?

Javier Rebollo : C’est très difficile de diriger un
acteur comme Jose Sacristàn. C’est un très grand qui a fait plus d’une centaine
de films. Je disais juste: plus vite, plus fort. Rien d’autre. Les essais
ont été réduits au minimum. Nous avions prévu 15 jours, mais au bout de deux
jours d’essais, j’ai dit stop. Trop d’essais nuisent à la spontanéité, au vent
qui rentre par la fenêtre.

Sur quels projets travaillez-vous ?

Javier Rebollo : Je prépare un film de pirates à
Marseille et l’adaptation du conte d’Andersen, "La Petite
Marchande d’Allumettes", avec un tournage à Paris Berlin et Madrid.

Propos receuillis par Jean-Manuel ESCARNOT

"El muerto y ser feliz" un film de Javier Rebollo,
compétition festival Cinespaña 2012. Diffusion française en 2013.

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