Pour le premier jour de la fin du contrôle des changes et du flottement du peso, la devise argentine chute de 30 % à 13,8 pesos par dollar.
Longtemps protégé par le contrôle des changes, qui limite les fuites de capitaux, le peso argentin est depuis aujourd’hui confronté à l’implacable loi de l’offre et de la demande. Celle-ci prévalait déjà sur le marché noir où la devise valait moitié moins que son cours officiel. En effet, miné par une inflation qui évolue autour de 25 % en rythme annuel et une économie en panne, le peso va tenter d’exister dans l’ombre du dollar et de reconquérir une crédibilité sur les marchés. Désormais soumis à la loi du marché, la devise chute de 30 % par rapport au cours officiel de 9,8275 pesos par dollar, à 13,8 pesos par dollar en début de journée. Cette chute qui redonne de la compétitivité à ses exportations, va encore accroître l’inflation, les sociétés ayant relevé leur prix dans l’anticipation de cette dépréciation. Début 2014, l’Argentine avait déjà dévalué de 20 % le peso.
Chute des réserves de change
En octobre, le Fonds monétaire international estimait à près de 27 milliards de dollars les réserves de change du pays, dont 21,7 milliards en devises, 2,2 milliards en or et 2,8 milliards en droits de tirage spéciaux du FMI. En 2011, ses réserves étaient supérieures à 50 milliards de dollars. La banque centrale va devoir puiser dans son matelas de sécurité financier pour tenter de limiter la chute de sa monnaie, et éviter des mouvements de panique. Elle a relevé ses taux d’intérêt mardi à 38%, un niveau guère tenable dans la durée. Grâce ses interventions, « la banque centrale avait légèrement accéléré le rythme de dépréciation de sa monnaie en septembre et octobre » rappelle Paulo Mauro de Goldman Sachs dans une note publié fin octobre. Un moyen de préparer le peso au « grand bain » des changes flottants.
Crises à répétition
Le pays est coutumier des dévaluations et turbulences monétaires. Entre le milieu des années 70 et 2002, le pays connaîtra pas moins de 8 crises de changes, 4 crises bancaires et deux défauts. Déjà au début du 19ème siècle, l’Argentine fit défaut en 1827 inaugurant la première grande crise financière en Amérique latine, qui ne sera pas la dernière…