Après l’Argentine, place au bilan chilien. De l’allégresse d’une première victoire en Copa América au chaos de fin de saison, l’année 2015 restera celle des montagnes russes émotionnelles.
Sélection : les montagnes russes
S’il est une certitude, c’est que l’année 2015 restera à tout jamais dans l’histoire des supporters de la Roja chilienne. Car 2015 restera bien évidemment l’année de la première Copa América de l’histoire du Chili (lire Un final, des finales), celle qui permet au peuple chilien de mettre enfin un terme à son complexe continental. Outre la victoire finale, le succès chilien est aussi celui de la philosophie Sampaoli, digne successeur de son maître Bielsa, qui a imposé un style et fait de sa Roja l’une des plus belles sélections du continent, voire du monde, bien aidé il est vrai par une génération talentueuse de Claudio Bravo à Alexis en passant par Aránguiz, Vidal, Valdivia et autres Vargas. Cette victoire allait, il est sûr, libérer le Chili, permettre à la sélection de croquer la campagne de qualification sans trembler. Les débuts iront dans ce sens. Du Brésil, totalement asphyxié à Santiago au voisin péruvien dominé à Lima, rien ne pouvait plus venir perturber le Chili de Sampa. Et pourtant, la fin d’année marque le retour de bien des interrogations. Il y aura eu la leçon prise sur la pelouse de Montevideo pour rappeler la Roja à l’humilité. Il y aura surtout eu le chaos à la tête de l’ANFP avec l’implication de Sergio Jadue dans le FIFAgate et les conséquences qui s’en suivent. Car désormais, le voile du doute s’est posé sur le futur de la sélection, l’avenir de Sampa semblant s’écrire en pointillés. Reste qu’entre les règlements de comptes qui ont lieu à tous les étages de la fédération et de la ligue, la violence qui en profite pour s’inviter au bal, alors qu’il a connu sa plus belle année, le football chilien la termine dans le chaos le plus total.
Compétitions continentales : le point noir
Mais avant d’évoquer ce que fut la deuxième partie d’année chilienne, évoquons les sujets qui fâchent, à commencer par les prestations continentales. Car s’il est un pays toujours ambitieux à l’heure d’aborder une Libertadores ou une Sudamericana, et qui en repart souvent sous les moqueries des voisins, c’est bien le Chili. Entre Colo-Colo qui avait son destin en main dans son groupe 1 (3 victoires lors des 4 premières journées) avant de s’effondrer et se faire coiffer au poteau par l’Atlético Mineiro à l’Universidad de Chile auteure d’une campagne catastrophique, les géants ont déçu (leurs campagnes sont à (re)vivre ici et ici), seul Palestino se montrant finalement à son niveau, manquant de peu de se qualifier pour les huitièmes (son parcours est à revivre ici). Reste que le bilan est insuffisant. Il en est de même en Sudamericana. Huachipato, Wanderers et Concepción qui sautent dès le premier tour des barrages (lire Sudamericana 2015 : premier tour sans surprise), les Cruzados sautant au tour suivant, éliminés par le modeste Deportivo La Guaira.
Championnat : duel volé
Malheureusement, ces résultats viennent ternir un championnat pourtant l’un des plus passionnant et relevé (en termes de jeu) du continent. Après la sensation Cobresal, vainqueur au nez et à la barbe de Colo-Colo lors du Clausura (lire Chili – Clausura 2015 : Cobresal dans l’histoire) mais qui n’a finalement pas réussi à conserver coach et joueurs clés, retournant ainsi dans l’anonymat lors de l’Apertura suivant, la deuxième partie de saison aura confirmé plusieurs éléments. D’une part que les équipes joueuses sont toujours récompensées. Du Colo-Colo version Sierra à la Católica de Salas en passant par les nouvelles valeurs sûres en termes de jeu que sont le Palestino de Guede et l’Universidad de Concepción de Fuentes, l’Apertura aura offert son lot de grands matchs, la seule déception étant probablement la fin de cycle mal gérée d’une Universidad de Chile qui a réalisé l’un des pires tournois de son histoire. L’autre point noir restera aussi le retour de la violence autour et dans les stades qui aura finalement réussi à ne faire parler que de lui lors de la fin du tournoi, privant les amateurs de foot chilien du duel pour le titre entre Colo-Colo et la Católica. Il n’en reste pas moins qu’el Popular fait un beau champion, lui non plus pas épargné par les crises internes, même s’il devra se renforcer pour espérer prendre sa revanche sur le continent en 2016 tout en résistant aux ambitieux locaux qui ne manqueront pas.
Les révélations et bonnes surprises
Il n’en demeure pas moins que l’année chilienne aura été des plus belles sur le terrain. Comme tout pays sud-américain, le Chili regorge de jeunes talents qui n’auront eu de cesse de se montrer lors des deux tournois. S’il faut ainsi retenir quelques noms, il convient alors de citer Jeisson Vargas, belle surprise de l’Apertura des Cruzados qui, du haut de ses 18 ans a émerveillé les suiveurs, Martín Rodríguez, qui certes pas épargné par les blessures aura été auteur d’une belle première saison avec Colo-Colo où a également brillé le petit Cristián Gutiérrez, a noter enfin les beaux tournois de Pablo Galdames, fils de l’ancien international et l’émergence de Luis Felipe Pinilla à la U ou encore la confirmation du talent de Nicolás Maturana qui a trouvé en Palestino l’équipe qui lui fallait. A l’image de l’ancien de la U, plusieurs joueurs ont profité de l’Apertura pour briller. De Nicolás Peric, parfait à Audax à César Cortés, l’un des hommes clés du Tino en passant par Leonardo Valencia qui a confirmé son talent, rare satisfaction d’une U de Chile bien décevante.
A l’image de l’Argentine, le Chili reste aussi l’un des principaux laboratoires sud-américain en matière d’entraîneurs. Si Pablo Guede est déjà largement connu des habitués de Lucarne Opposée, l’Apertura a confirmé le talent de José Luis Sierra, de Mario Salas ou de Ronald Fuentes, trois autres coaches aux véritables ambitions offensives dont les équipes ont ainsi, sans surprise, terminé aux trois premières places, auxquels il convient d’ajouter le bielsiste Fernando Vergara qui, après une belle saison avec San Marcos a réussi à redorer le blason d’Unión Española.
Le onze de l’Apertura
L’heure est donc venue de se lancer dans le délicat exercice de l’équipe type de l’Apertura 2015.
Pour cela, notre onze s’organisera en 4-4-2 avec : un Justo Villar qui mérite amplement sa place dans les cages, son arrivée dans les cages de l’Albo ayant rapidement fait oublier la blessure de Garcès et s’étant avérée décisive dans les moments chauds, une défense à quatre Stefano Magnasco (U. Católica), Germán Lanaro (U. Católica), Fernando Meza (Palestino), Juan Cornejo (Audax Italiano), deux récupérateurs / relanceurs de talents que sont Agustín Farías (Palestino) et le toujours décisif Jaime Valdés (Colo Colo), les ailes étant données à l’excellent Fernando Manríquez (U. de Concepción), capable d’occuper également un poste de latéral et à Gastón Lezcano (O'Higgins), l’une des satisfactions des Celestes. Devant à côté de la machine à but du Popular Esteban Paredes (Colo-Colo), la présence de Marcos Riquelme (Palestino) est une évidence. Pour diriger ce onze, un seul être était envisageable : Pablo Guede, histoire de lui rendre un dernier hommage et le remercier d’avoir dirigé de la sorte un Palestino qui va désormais se sentir bien orphelin.
2016 : l’année de tous les dangers
A l’image de Palestino, l’année 2016 s’annonce sous le signe des interrogations au Chili. Entre le chaos qui règne à la fédération, l’incertitude concernant la continuité de Sampa à la tête de la sélection, l’année qui vient a tout du tournant. Elle sera aussi celle de la reconstruction du côté de l’Universidad de Chile qui va accueillir Sebastián Beccacece ancien adjoint du profe Sampa, celle de la confirmation pour la Católica mais aussi celle de tous les dangers pour un Colo-Colo qui doit désormais faire avec un effectif à renouveler. Elle n’en sera ainsi que plus passionnante.
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