L'Argentine a annoncé lundi l'adoption d'une nouvelle méthode de calcul pour mesurer son inflation et le gel des prix de tous les produits dans les supermarchés pendant 60 jours, après la déclaration de censure adoptée par le FMI à l'encontre du pays, accusé de manipuler ses statistiques économiques.
Ce changement se traduira par "un nouvel indice des prix à la consommation en remplacement de la mesure actuelle, qui pose soi-disant tant de problèmes au FMI", a déclaré samedi soir le ministre de l'Economie, Hernan Lorenzino, sur la chaîne de télévision C5N.
En conséquence, le secrétariat du Commerce intérieur a annoncé que toutes les chaînes de supermarchés - y compris la française Carrefour et l'américaine Wal Mart - s'étaient engagées à geler les prix de tous leurs produits pendant 60 jours, à compter rétroactivement du 1er février jusqu'au 1er avril.
Un accord a été signé à cet effet par le gouvernement de Cristina Kirchner avec l'Association des supermarchés unis, qui regroupe toutes les grandes chaînes implantées dans le pays, alors que les consommateurs se plaignent de l'augmentation constante des prix des produits de première nécessité.
Selon le ministre de l'Economie, M. Lorenzino, l'Argentine devrait commencer à utiliser sa nouvelle méthode de calcul de l'inflation au dernier trimestre 2013.
Le FMI a sanctionné l'Argentine vendredi en émettant une "déclaration de censure" pour la première fois de son histoire. Avec cette décision, l'Argentine risquait la perte de ses droits de vote au sein de l'organisation internationale, voire une exclusion pure et simple du FMI.
Mais l'institution a décidé de reporter les sanctions et a donné jusqu'au 29 septembre à Buenos Aires pour se mettre en conformité.
"Les changements nécessitent du temps et le Fonds en est conscient", a commenté M. Lorenzino, tout en critiquant un jugement "à deux vitesses" de la part du FMI.
Dans un communiqué, son ministère a affirmé que "plusieurs pays" avaient modifié leur mesure du chômage, de l'indice des prix à la consommation, et la manière de présenter ces données.
Les statistiques officielles de l'Argentine accusent régulièrement une nette différence avec celles émises par de nombreux organismes privés indépendants.
Le mois dernier, le gouvernement faisait état d'une inflation à 10,8% en 2012, tandis qu'un institut privé évaluait ce taux à 25,6%.
Habituée des querelles avec le FMI, Buenos Aires est notamment accusée de minorer son inflation car une part importante de sa dette souveraine est indexée sur l'augmentation des prix.
Le gouvernement argentin a contesté la décision du FMI et demandé la tenue d'une réunion exceptionnelle pour réexaminer sa politique envers le pays.
L'Argentine et le FMI entretiennent des relations tendues depuis la faillite du pays en 2001. De nombreux gouvernements successifs ont déjà attribué la responsabilité des difficultés économiques du pays aux décisions du Fonds.
Le gouvernement argentin avait rompu ses relations avec le FMI en 2006, avant d'autoriser le retour des experts de l'institution en 2010, avec pour objectif la réforme de son indice des prix à la consommation.