Esteban Cambiasso : Argentine Serbie et Montngro (Coupe du Monde, 16 juin 2006, 6-0)
Le 30 juin 2006, Berlin, au bout dun quart trop tendu pour tre disput lesprit libre, Cambiasso envoie son pnalty sur Lehmann et scelle un peu plus les tranges fianailles entre lArgentine et la lose en Coupe du Monde comme en 2002 et en attendant 2010. Sur le coup, on ne se prive pas pour ressortir laphorisme de circonstance, celui quon sait et qui dit que les Allemands ne peuvent pas perdre pas avant la fin. On a tort et Jorge Valdano ne se prive pas de le rappeler depuis sa chronique du Guardian. Car lui sait ce quune victoire sur la Mannschaft signifie. Il la mme vue de prs, vingt ans plus tt, Mexico : Nous, les Argentins, nous aimons le ballon plus que le jeu, et, par consquent, le dribble plus que la passe. Une rponse en forme de coup de canif ladresse de lancien chauffeur de taxi Pekerman qui vient denvoyer son Albiceleste dans le dcor sur un programme : Un Mondial, ce n'est pas un concours d'change de roses, mais plutt des passes face un toro. De passes et de mise mort, il ntait question que de a sur le but-manifeste marqu par Cambiasso la 31me minute du match face la Serbie et Montngro, quinze jours plus tt. Vingt-quatre passes pour tre prcis, partager entre neuf joueurs, qui ont eu vite fait de situer les Peker boys largement au-dessus du groupe de la muerte qui leur tait promis, avec la Cte dIvoire et les Pays-Bas dans le lot.
Toque total
Sur le coup, on suspecte les Serbo-Montngrins davoir t un peu trop manso. La faute cette droute indite pour une slection europenne qui vient de sen prendre six dans le buffet en Coupe du Monde. Mauvais procs comme viendra le rappeler leur slectionneur, Petrovic, en fin de partie : C'est la pire journe qu'ait passe cette gnration de joueurs. Nos adversaires ont t meilleurs partout. Faon discrte de solder les comptes dun football serbe qui frayait parmi les possibles sensations davant tournoi : une phase de qualification survole facile, renvoyant lEspagne la deuxime place, avec un seul but encaiss en dix matchs. Dans le genre victime expiatoire, il y a mieux. Mais lhistoire est ranger ct dtails, comme le score dailleurs, tant il faut clbrer une dmonstration suffisamment limpide pour prendre des allures de triomphe annonc pour lAlbiceleste en Allemagne.
On pourra toujours se dire aprs coup que ce monument de toque total a pu servir de bande-annonce au tiki taka totalitaire une fois quil se sera barr chez la Roja. En vrai, ce but regarde dabord dans le rtro. Du ct de deux pisodes retentissants qui ont eu la peau de deux des plus belles gnrations que lArgentine ait jamais portes. Le premier, en septembre 1993, quand la Colombie de Maturana vient emporter les Gauchos en plein Monumental sur une leon de toque (5-0). Au milieu, Valderama qui cale le rythme lancinant de son quipe sur celui de ses passes pour mieux envoyer ce modle dattaquant post-moderne, Asprilla, semer la zone devant les buts de Goycochea. Le second pisode renvoie au petit tour et puis sen va de la slection de Bielsa en 2002, survolant les qualif en zone Am Sud avec sa mcanique en 3-5-2 monte la faon des plus grandes partitions ajacides pour mieux se crasher sitt le pied pos en Asie.
Argentine fantasme
A sa manire, ce but reprend les affaires l o lAlbiceleste les a foires. Dabord, en faisant triompher cette ide qui voudrait que le niveau dune quipe se mesure enfin son QI. Le mouvement touche tellement la perfection, entre une premire phase de transmissions destine tirer le bloc adverse pour mieux le faire clater la premire acclration venue celle de Sorin au bout de dix-huit passes quelle ne manque pas de ravir les partisans dun foot crbral. Avant de se rendre compte que, si le charme opre, cest aussi parce que les Argentins savent y faire pour que lintelligence du mouvement se laisse gagner par lmotion. Et la douceur de Riquelme y est pour beaucoup. Cest dailleurs une des nombreuses promesses qui couve sous le feu des passes, celle de Juan Roman enfin son affaire pour mener jusquau triomphe cette Argentine fantasme qui prend plaisir jouer les rudites pour mieux se laisser aller la lgret.
Pour dire vrai, cest peut-tre l que se situe le vrai gnie de ce but, immdiatement port au rang de trsor national par tout un pays. Comme sil ne valait que pour celui qui le regarde. La preuve avec Guardiola qui prfre voir dj plus loin, du ct du Mexique de La Volpe, slection sans qualit ni faiblesse, qui aura raison de la splendeur argentine quelques jours plus tard, en huitime. Ou avec Maradona qui sallume un havane du haut des tribunes de Gelsenkirchen pour clbrer la seule victoire luvre. Celle du temps gagn sur la vie quand on na pas se battre pour ne pas la perdre.
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Serge Rezza
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