Yannick Bru, entraîneur des avants du XV de France, s'est confié à Rugby365 à l'issue de la tournée d'automne achevée par une défaite face à l'Argentine (18-13), samedi au Stade de France. L'ancien talonneur toulousain dresse un bilan positif et souhaite surfer sur cet élan pour être performant au tournoi des VI Nations avant la Coupe du Monde en septembre 2015.
Yannick Bru, malgré la défaite de samedi, le bilan de la tournée reste-t-il positif ?
J'ai envie de dire oui. On a démarré cette saison internationale avec un nouvel élan. On a eu l'entrée face aux Fidji (ndlr : victoire 40-15), le plat de résistance face à l'Australie (victoire 29-26) qui nous avait dominé en juin (trois défaites des Bleus) et on s'est donné les moyens de les battre. Par contre, on n'a pas réussi à s'offrir un beau dessert avec la défaite contre l'Argentine (18-13). A chaud, on a un goût amer dans la bouche mais globalement on a construit de nouvelles choses dans notre jeu. On a intégré de nouveaux joueurs qui ont montré qu'ils allaient compter avec le XV de France, donc on a vraiment avancé. Sur tous ces plans là, la tournée de novembre est positive. Maintenant, le fait que l'on n'ait pas réussi à enchaîner une troisième victoire, qu'on ait eu trente minutes très négatives face aux Argentins nous interpelle et terni notre analyse globale.
Avez-vous été surpris par le niveau des Argentins ?
L'effet de surprise n'a pas joué, on savait que cette équipe d'Argentine était une vraie menace. Ses résultats depuis les trois dernières saisons le montrent. Leurs participations et leurs progrès dans le Rugby Championship (Four Nations) étaient là. On les avait analysés. Par contre, on avait beaucoup investi la semaine précédente pour battre l'Australie. C'est pour cela, que dans un souci de fraîcheur, on avait intégré de nouveaux joueurs. Ça n'a pas fonctionné comme on aurait voulu et la première demi-heure face aux Argentins a été mauvaise. Malgré cela, il y a eu 50 minutes de révolte avec des choses de qualité. On finit deux fois dans l'en-but argentin, on a manqué d'un peu de réussite au pied. Peut-être qu'un autre directeur de jeu, nous aurait accordé un meilleur sort sur la fin du match. Tout n'est pas à jeter dans ce match contre l'Argentine mais ces trente premières minutes doivent nous interpeller pour la suite.
Certains joueurs ont-ils marqué des points ?
Il est trop tôt pour tirer un bilan individuel. Ce bilan on le fera avec les joueurs. Globalement on a élargi le champ des possibles par lignes et tous les joueurs que l'on a intégrés ont montré qu'ils avaient le potentiel pour jouer au niveau international et qu'il allait sûrement falloir compter avec eux dans les mois qui viennent.
Quelle est la principale satisfaction ? Et la principale déception ?
Je n'ai pas envie de rentrer dans les analyses individuelles. On a réenclenché une bonne dynamique de travail. Parce qu'il y a un nouvel élan qui s'est manifesté autour du XV de France. On a deux victoires sur trois matchs. On aurait aimé faire ce grand chelem sur le mois de novembre, on ne l'a pas fait. Mais on a vu aussi que toutes les nations du nord, hormis l'Irlande, ont eu des difficultés sur cette tournée. On a réussi à poser la première pierre d'un nouveau fonctionnement, avec des joueurs qui ont adhéré à ce fonctionnement. Le VI Nations très difficile mais aussi très ouvert. On va analyser ce que l'on doit améliorer. Mais je pense qu'on sera un redoutable outsider pour le prochain tournoi des VI Nation.
Avez-vous plus de certitudes qu'avant dans le jeu ?
Oui incontestablement. On a construit de beaux essais. On score face à l'Argentine après une séquence de jeu de plus de deux minutes. On a montré que nos joueurs avaient des repères dans le jeu, la capacité à tenir le ballon, et l'envie de construire des belles séquences offensives. On a aussi montré qu'on était capable d'approvisionner notre équipe en bons ballons sur la tournée. Notre système défensif a été remarquable face à l'Australie. On a encaissé très peu de points quand même et notre ligne d'essai a été très peu franchie. On a des motifs d'espoir pour l'avenir. Mais c'est vrai que ces trente premières minutes face à l'Argentine nous laissent un goût amer dans la bouche. On ne peut pas le nier.
Maintenant, ça va s'accélérer jusqu'à la Coupe du Monde...
Oui, il nous reste huit matchs, cinq rencontres dans le VI Nations et trois matchs de préparation donc ça va aller très vite. On va aborder le prochain tournoi des VI Nations avec un cadre de fonctionnement, aussi bien au niveau des joueurs, qu'au niveau du jeu, assez stable. Cette tournée de novembre a été utile, et efficace dans certains points. Effectivement, l'étau va se resserrer jusqu'à la Coupe du Monde et chaque match va être désormais capital. Ce tournoi des VI Nations s'annonce à la fois terrible et à la fois excitant également puisqu'on se rend compte que toutes les nations du Nord sont très proches les unes des autres.
Pour une montée en puissance, cela ferait du bien de réaliser un bon tournoi ?
C'est le tournoi est de tous les dangers, on se déplace en Angleterre et en Irlande. L'Ecosse aussi est en train de démarrer une nouvelle ère de fonctionnement avec des bons résultats sur cette tournée de novembre. Les Anglais et les Gallois ont eu un mois de novembre compliqué. Les Irlandais sont les grands vainqueurs de cette tournée. Malgré cela, ils ont battu l'Australie de trois points, comme nous. On aurait pu dominer l'Irlande sur le dernier match du VI Nations 2014 (défaite 20-22 au Stade de France). Les écarts sont relativement faibles entre toutes les nations. Mais le fait que l'équipe de France se déplace deux fois, en Irlande et en Angleterre, va être un très bon révélateur sur la capacité mentale à notre équipe de se transcender à l'extérieur.