Bolivie: une attaque contre une station de radio soulève l’indignation

LA PAZ, 31 oct 2012 (AFP) - Un journaliste et une technicienne d'une station de radio bolivienne ont été arrosés d'essence et grièvement brûlés lundi en pleine émission par quatre individus cagoulés, provoquant l'indignation dans le pays et la promesse mardi par le gouvernement "d'une enquête rigoureuse".

Les victimes, le directeur de Radio Popular de Yacubia (sud, à la frontière avec l'Argentine) Fernando Vidal, 70 ans, et une technicienne du son, Karen Arce, ont été brûlés au deuxième et troisième degrés et ont été hospitalisés.

Quatre individus cagoulés ont fait irruption dans le studio où se déroulait un programme d'interviews portant sur les problèmes de contrebande dans la région, dénonçant la corruption de douaniers.

L'incident a été suivi en direct par les auditeurs horrifiés, selon des proches du journaliste, qui ont indiqué que les auteurs de l'aggression ont "d'abord tiré un coup de feu, puis déversé de l'essence et tout a brûlé".

Les attaquants, dont trois ont été arrêtés, "voulaient tuer, tout a été détruit", a déclaré Juana Vidal, l'épouse du journaliste qui se trouve en soins intensifs.

L'attaque a été condamnée par les autorités boliviennes, qui ont annoncé "une enquête rapide et rigoureuse", selon le ministre de l'Intérieur Carlos Romero.

La ministre de la Communication, Amanda Davila, a exprimé de son côté "la condamnation la plus absolue de ce lâche attentat contre des professionnels exerçant leur métier".

L'Association nationale de la presse a pour sa part déploré l'attaque et exprimé sa "préoccupation sur le manque de volonté pour éclaircir les faits de violence contre les médias et les journalistes".

Selon elle, "cet attentat est le deuxième en quatre ans" dans cette zone de frontière avec l'Argentine, à quelque 700 km de La Paz, où une antenne de la télévision nationale avait été détruite à coup d'explosifs en 2008, des faits qui n'ont jamais été éclaircis.

Depuis Londres, Amnesty International a dénoncé l'attaque, "l'une des pires contre des journalistes en Bolivie ces dernières années" et exigé "une enquête indépendante et impartiale".

Cette attaque intervient alors que les directeurs de trois importants médias boliviens - l'Agence de presse Fides (ANF), membre d'un groupe catholique comprenant également un réseau de radios, et les quotidiens privés Pagina Siete et El Diario - comparaissent devant la justice accusés d'avoir reproduit des propos polémiques tenus par le président Evo Morales sur les populations de l'est du pays.

Le président socialiste Evo Morales a déclaré pour sa part à maintes reprises que la presse constitue "l'opposition le plus virulente" contre son gouvernement.

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