Boca refroidit le Monumental

River Plate 2-2 Boca Juniors

Buts : Ponzio (2) et Mora (71) pour River ; Santiago Silva (75, sp) et Erviti (91) pour Boca

Comme tous les samedis soirs, la rue Honduras est un dfil de jeunes gens en qute dun lieu de sortie. Dans le cur de Palermo Hollywood, quartier branch de Buenos Aires, les bars et boliches se succdent et se remplissent progressivement, trois heures du matin tant lheure de pointe nocturne locale. Sauf que ce samedi nest pas une soire normale. Cest la veille du superclasico, le grand moment sportif de lanne en Argentine. Pendant deux heures, le pays sarrte compltement , raconte-on. Au milieu des mecs en chemise et des meufs assez dgarnies (la chaleur a commenc Buenos Aires), des voitures de supporters font donc leur tour de prchauffe. Klaxons, chants, couleurs du club. Il est important de marquer le territoire. Ce dimanche, il y a une fiert dfendre.

Oh, ah, Cantona

Lenjeu sportif de ce River-Boca est assez faible. Les deux quipes ne traversent pas leur meilleure priode, loin de l. Lenjeu motionnel, en revanche, est immense. En ces temps difficiles (plus pour River que pour Boca, cest vrai), battre lennemi est, pour les supporters des deux clubs les plus populaires du pays, suffisant pour sauver une saison moyenne. Pour beaucoup de chez nous, battre Boca est plus important que terminer champion , assure un fan du Millonario au stade plus de deux heures avant le coup denvoi. Ce superclasico a une saveur particulire, puisquil est le premier depuis le retour de River Plate en premire division. La premire fois que Boca Juniors refoule la pelouse du Monumental depuis deux ans. Evidemment, le stade est comble. Voire plus. Comme dhabitude, les billets se sont vendus plus de 150 euros. La lgende dit que certaines personnes viennent de trs loin pour assister au spectacle. Une autre lgende la confirme, Eric Cantona. Harcel par les mdias locaux, le King finit par se caler dans son fauteuil, profitant dun moment de rpit pour prendre quelques clichs. Parfaite, sa barbe.

Trezeguet tout en dviation

Le match opposant les deux quipes rserves se termine et le stade devient fou. Les 4000 fans de Boca branchent les locaux sur leur rcent voyage ltage den-dessous, mais sont vite touffs par les presque 70 000 excits rouge et blanc. Lentre des deux quipes est un grand frisson. Une hystrie. Des loges aux tribunes populaires, les spectateurs crient tout ce quils ont dans le ventre, sautent, balancent les papelitos, agitent drapeaux et ballons gonflables. Et pleurent, pour certains. Tous ont quitt leur tat normal pour entrer en transe, dans une harmonie tonnante. La fte peut commencer. Et de quelle manire. A peine deux minutes de jeu et le coup-franc excentr de Ponzio, touch par personne, finit au fond des filets. Les supporters du Millonario eux-mmes ny croient pas. Pousss par leur hinchada, les locaux sont euphoriques. Devant, Trezeguet est en jambes. Rentr trois jours plus tt de Monaco, le capitaine de River est trs disponible dans laxe, ses dviations en une touche arant le jeu des ouailles dAlmeyda. Cest plus compliqu en revanche pour Ramiro Funes Mori et Aguirre, qui quittent le terrain sur blessure ds le quart dheure de jeu. Boca cherche ragir mais nenchaine pas trois passes. Premiers dans les duels et plus prcis, las gallinas (les poules, surnom de River) dominent les dbats, sans se crer pour autant doccasions franches. Sur la seule opportunit des visiteurs, Sanchez Mio, le grand espoir de Boca, rate son contrle et la balle dgalisation.


Erviti teint le Monumental

La deuxime priode tarde reprendre parce quun immense cochon gonflable aux couleurs de Boca se balade dans la tribune. Bien marrant. Julio Falcioni, lentraineur xeneize en difficult avec les supporters, tente dinverser la tendance en faisant entrer Acosta, attaquant, pour Clemente Rodriguez, larrire gauche de la slection. Boca Juniors joue bien plus haut mais na personne pour construire le jeu. Cest un peu le problme depuis le dpart de Riquelme, que le petit Chvez narrive videmment pas remplacer. Romn, cest Romn, putain. Lquipe la bande rouge ne touche plus trop le ballon, limage de Trezeguet, qui sagace srieusement quand Sanchez se prcipite et envoie sa vole dans les tribunes au lieu de lever la tte. Le ciel se couvre, et la soire de Boca avec. Trezegol fait la diffrence et sert Sanchez, qui offre Mora le deuxime but de River. Idal pour librer un Monumental sous pression. Tout le stade se dirige vers le petit groupe jaune et bleu et lui dclare son amour, dans un vacarme pas possible. Pas de chance, Santiago Silva rduit le score dans la foule. Sur pnalty. Langoisse reprend le dessus. Il va falloir tenir un quart dheure. River la fait, mais a oubli le temps additionnel. Sur une frappe contre de Trezeguet, Boca remonte le ballon toute vitesse et Erviti assne le coup de massue. En partie teint lessentiel du match, le parcage visiteur explose et fait la fte avec ses hros, qui vivent ce nul miraculeux comme une victoire. Allez, encore une semaine de dbats, et le pays pourra passer autre chose.


Par Lo Ruiz au Monumental de Buenos Aires


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