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l y a 10 ans, il n’y avait rien. Une friche. » De son bureau, Stéphane Coffin, patron de l’entreprise d’électricité générale, installée depuis 2007 sur la zone franche urbaine (ZFU), se rappelle du terrain vague tout près de cet aéroport en pleine ascension et de l’autoroute A16. Comme lui, de nombreuses sociétés, de Beauvais et même de Grandvilliers à l’époque, en ont profité, pour déménager leurs activités, attirées par les avantages fiscaux. «
Nous étions de l’autre côté de la ville. C’était vraiment trop petit. On avait envie de se développer. »
Durant cinq ans, sur la ZFU, toute société est exonérée d’une partie de ses charges sociales et de l’impôt sur les bénéfices, à condition qu’elle emploie un salarié, habitant des quartiers Argentine et Saint-Jean de Beauvais. Mis en place durant dix ans, ce coup de pouce aux entreprises devait s’arrêter au 1er
janvier 2015 mais se prolonge finalement jusqu’en 2020. «
Trois salariés ont été embauchés, chez nous, grâce au dispositif, sous différents types de contrat, notamment via l’apprentissage
», assure Stéphane Coffin, dont l’entreprise compte 24 collaborateurs.
Services, avocats et médecins aussi sur la ZFU
Combien sont-elles à avoir joué le jeu ? Difficile de faire le bilan. Ces dernières années, certains services se sont implantés sur la ZFU, sans adopter le principe, mais pour profiter d’un emplacement désormais convoité, en dehors du cœur de ville. C’est le cas de Ketty Hinard, qui a ouvert son salon de coiffure il y a trois ans. «
Au moins ici, il y a de la place par rapport au centre-ville de Beauvais. Mes clients m’ont suivie, même de loin, et j’en ai même des nouveaux de la zone à qui je fais une remise de 10 %. J’ai bien une salariée, mais désormais à mi-temps et qui ne vient pas des quartiers visés par le dispositif
», confie la jeune femme.
Dans ce nouveau poumon d’économie, des professions libérales sont venues se greffer, sans pour autant embaucher des habitants de Saint-Jean et Argentine. Cabinets d’avocats et même de médecins ont déménagé sur la ZFU. Ce qui ne semble pas déranger les entrepreneurs voisins, qui y trouvent même leurs comptes. «
Pourquoi j’irais garer ma voiture en centre-ville, alors que j’ai tout à proximité. Ici, c’est une ville dans la vil
le
», soulève Joël Vaillant, à la tête de C.A.V.A, lui aussi « ancien » du centre-ville, qui a désormais acquis ses locaux. Tout comme Stéphane Coffin. Deux patrons qui ne comptent pas partir de la ZFU même s’ils sont sortis du dispositif.
Des emplacements sont encore disponibles
La roue ne risque pas de tourner au profit d’autres sociétés intéressées par les aides et le site. Quoique certains emplacements sont disponibles. La Maison de l’emploi et de la formation s’est installée ailleurs, d’autres sociétés comptent libérer des bureaux. «
Aujourd’hui, très peu d’entre elles bénéficient encore des avantages, concède Charles Loquet, conseiller municipal, dont l’entreprise Idée Claire Communication est également sur la ZFU. Mais le site intéresse toujours des nouveaux porteurs de projets. Notamment une société italienne qui va bientôt nous rejoindre parce que l’aéroport est tout près.
»
La Ville de Beauvais évalue à 700 le nombre d’emplois nets créés en dix ans pour 1 600 salariés qui y travaillent désormais dans 350 entreprises.