Béatifier un protecteur de nazis ?

Ce pape bonhomme à l'air si sympathique, vient-il de faire sa première erreur ou subit-il la pression de sa curie, en tout cas ce qu'il vient de laisser faire, qui avait il est vrai été initié par son prédécesseur, ressemble fort à une bévue. Car après avoir béatifié Jean-Paul II, réactionnaire ayant repoussé pendant des décennies l'évolution de l'Eglise, le voilà qu'il admet celle d'un personnage dont on ne peut ignorer le rôle historique après la seconde guerre mondiale. Car avant d'être élu pape sous le nom de Paul VI, l'homme s'appelait Giovanni Battista Montini, et c'est sous ce nom qu'il avait sévit comme organisateur de ce qu'on a appelé la "route des rats", à savoir a fuite vers l'étranger de nazis, protégés par l'Eglise catholique, enfuis après-guerre vers l'Argentine, notamment. Et cela, celui qui s'est appelé avant de devenir François le cardinal Bergoglio devrait pourtant le savoir  : c'est en effet le premier pape argentin de l'histoire ! Il était aux premières loges, dans sa jeunesse, lorsque les nazis sont arrivés en masse à Bariloche (en 1946, il n'avait que 10 ans) !


En Argentine, au seuil de l'an 2000, l'ouverture d'archives restées secrètes jusqu'alors avait révélé l'ampleur d'un phénomène dont les historiens se doutaient, mais que les gouvernements qui avaient précédé avaient tenu à verrouiller, notamment celui de Juan Peron, grand protecteur des nazis. Celui de l'implication directe du Vatican dans la fuite de nazis de l'Allemagne au sortir de la Seconde Guerre Mondiale. Un mouvement d'ampleur, vite baptisé par les protagonistes eux-mêmes la "route des rats". "Des précisions nouvelles sont également apportées sur le rôle de la Croix-Rouge et du Vatican dans l'organisation de l'émigration de fugitifs vers l'Amérique du Sud, le long de ce que l'on a appelé la "route des rats". Celle-ci est désormais bien connue des historiens et reste notable pour son efficacité. Selon plusieurs estimations, elle aurait permis à quelque 5 000 hiérarques nazis, allemands, autrichiens, croates, collaborateurs français, belges, ukrainiens ou biélorusses, de fuir l'Europe pour se réfugier en Argentine et dans d'autres pays d'Amérique latine.
Elle supposait généralement un embarquement à Gênes. Walter Rauff, inventeur des chambres à gaz roulantes installées à bord de camions, y ouvrit, de 1945 à 1949, un camp de transit dans le nord de la ville pour ses camarades candidats à l'exil, avant de les rejoindre, une fois sa mission accomplie, pour s'installer au Chili"
(une chose qu'ignore pour sûr ici en France un Dieudonné ou la foule de ses admirateurs négationnistes).
"L'éminence grise de la "route des rats" fut l'évêque autrichien Alois Hudal (ici à doite), recteur du collège allemand Santa Maria dell'Anima, piazza Navona, à Rome, et auteur d'une apologie du national-socialisme éditée à Leipzig et à Vienne. Hudal, mort en 1962, a prétendu dans ses Mémoires avoir agi pour le compte du Vatican. Pour Ignacio Klich, cela ne fait aucun doute : "Le rôle de Hudal pendant la guerre n'aurait pas été possible sans le feu vert du Saint-Siège. Camarasa, dans Odessa al Sur, évoque quant à lui un télégramme confidentiel adressé au secrétaire d'Etat américain George Marshall par l'attaché militaire américain à Rome, Vincent La Vista. Pour ce dernier, le Vatican "est la principale organisation impliquée dans le déplacement illégal de personnes", et il cite 21 dignitaires du Saint-Siège impliqués dans un réseau fournissant asile, documents et argent aux fugitifs, pour peu qu'ils soient anticommunistes et favorables à l'Eglise catholique", avait précisé l'Express, à l'annocne de l'ouverture des archives argentines.

Les historiens français vont allaient s'emparer immédiatement de ses archives. Ainsi Emmanuel Michaud, qui, dans son mémoire rédigé en 1998, cite les deux responsables les plus haut placés de ces fuites organisées de nazis  : "ainsi, un rapport des Services Secrets américains rédigé en mai 1947 par Vincent La Vista est accablant pour le Pape Pie XII et son administration. D'après ce rapport, le rôle du Saint-Siège a été central dans l'aide aux réfugiés nazis et encore une fois le lien est fait avec l'anticommunisme très marqué de l'Eglise catholique : ''El deseo del Vaticano de dejar infiltrarse no solamente en los países europeos sino también en los países de América Latina a hombres de todas la convicciones políticas, siempre que fueran anticomunistas y favorables a la Iglesia Católica.'' De même, Giovanni Montini, le futur Pape Paul VI, avait communiqué à l'Ambassadeur d'Argentine en Italie la volonté du Pape Pie XII d'aider l'exil des collaborateurs du régime mussolinien". Montini étant alors devenu le plus proche collaborateur du pape. Qu'a-t-il pris comme décision lorsqu'en juillet 1939, Manfred Kirschberg, lui demande expressément d'attribuer aux juifs d'Europe un territoire en Angola (qui est alors territoire portugais *) pour les préserver des persécutions, on ne le saura jamais : le projet ne verra jamais le jour et on ne sait rien de la décision de PIe XII ou de Montini à ce sujet ! Un Montini qui se présentait pendant la guerre comme "anifasciste", ou tout comme, et qui aurait versé assistant de collaborateurs ou de nazis, par pur anticommunisme... seulement ?


Pas seulement, semble-t-il. Car les catholiques avaient en effet beaucoup aidé Hitler a accéder au pouvoir, en Allemagne (ceci explique cela), grâce à un personnage douteux : "en janvier 1933, le Zentrum, parti catholique, dont le leader est un prélat catholique (Ludwig Kaas ; ci dessus à gauche sur la photo), vote les pleins pouvoirs à Hitler.  
Ce dernier peut ainsi atteindre la majorité des 2/3 au Reichstag pour suspendre les droits garantis par la constitution. Avec une charité toute chrétienne, le bon prélat et ses ouailles du Zentrum accepte aussi de fermer un oeil sur les détails procéduriers discutables des nazis, comme l'arrestation des députés communistes avant le vote.Puis l'église commence à négocier un nouveau concordat avec l'Allemagne : dans ce cadre, elle "sacrifie" le Zentrum, alors seul parti significatif que les nazis n'ont pas interdit : en effet, il les a aidés à arriver au pouvoir. Le 5 juillet 1933, le Zentrum s'autodissoud sur demande de la hiérarchie catholique, laissant le champ libre au NSDAP de Hitler, désormais parti unique. 
Le prélat Kaas laisse les compatriotes se débrouiller avec la dictature qu'il a aidé à installer, et déménage au Vatican, où il entame une nouvelle carrière : alors que le monde s'embrase, Monseigneur Kaas, désormais évêque, dirigera des fouilles sous la Basilique de Saint Pierre qui aboutiront à la découverte du 2ème crâne de Saint Pierre".(Enrico Riboni - "Les pages Noires du Christianisme, 2000 ans de crime, terreur, répression" )... Car Hitler présenté souvent comme athée ne l'était pas. Et l'Eglise catholique s'en est fort bien accomodé : ne verra-ton pas des êvéques lever le bras droit un peu trop facilement aux côtés de dirigeants nazis ?


En France, mais Zemmour ne le sait pas on ne veut pas le savoir, l'arrivée de Pétain avait été également applaudie par l'Eglise catholique, comme étant même "une divine surprise". Ecoutons un évêque parler à cette époque... comme Zemmour , rappelle la Question  : "dans la Croix du 28 juin 1940, Mgr Saliège, évêque de Toulouse écrit :« Pour avoir chassé Dieu de l’école, des prétoires de la nation, pour avoir supporté une littérature malsaine, la traite des blanches, pour la promiscuité dégradante des ateliers, des bureaux, des usines, Seigneur, nous vous demandons pardon [...] Quel usage avons-nous fait de la victoire de 1918 ? Quel usage aurions-nous fait d’une victoire facile en 1940 ? [...] " ? Même Paul Claudel s'y mettra le 5 juillet 1940 :« [...] La France est délivrée après soixante ans de joug du parti radical et anticatholique (professeurs, avocats, juifs, francs-maçons). Le nouveau Gouvernement invoque Dieu et rend la Grande Chartreuse aux religieux. Espérance d’être délivrés du suffrage universel et du parlementarisme [...] »... Finalement, Zemmour a eu des ancêtres, même qu'ils écrivaient mieux que lui...
Un cardinal français va symboliser cet accueil à bras ouverts, et pas n'importe lequel puisqu'il est alors le primat des Gaules ; "lorsqu'en novembre 1940, le Cardinal Gerlier, Primat des Gaules (ici à droite), s'exclame : "Pétain c'est la France, la France c'est Pétain ", il exprime le sentiment de tout le haut-clergé français. Le Maréchal joue, sur tous les plans, la comédie du restaurateur de la religion et remporte, dans ce rôle, un net succès. Les relations entre la hiérarchie catholique, de toute évidence séduite, et le régime semi-clérical de Vichy sont tout à fait honnêtes. Mais, le culte du Maréchal n'emporte pas l'adhésion aveugle à sa politique." Pas une admiration, mais on n'en est pas loin...


Etrangement, le même cardinal Saliège dénoncera quand même le pourchassement des juifs par la police française aux ordres de Pétain : "en août 1942, Mgr. Saliège, Archevêque de Toulouse, fait lire en chaire, dans toutes les églises de son diocèse, une lettre pastorale qui énumère toutes les violations de la morale chrétienne, accomplies par la police de Vichy : "Dans notre diocèse, des scènes émouvantes ont eu lieu dans le camp de Noé et de Récébédou. Les Juifs sont des hommes, les Juives sont des femmes. Les étrangers sont des hommes, les étrangères sont des femmes. Tout n'est pas permis contre eux, contre ces hommes, contre ces femmes, contre ces pères et mères de familles. Ils font partie du genre humain : ils sont nos frères comme tant d'autres. Un Chrétien ne peut l'oublier. " Une lettre restée sans suite, selon l'auteur du blog. Mais une lettre fort embarrassante pour un dénommé Zemmour, qui n'est en aucun cas un historien, et ne fait que dans le parcellaire haineux. Des actions contre les juifs dénoncées par l'Eglise catholique française, ou une partie, et pourtant, à la fin de la guerre, une aide à la fuite des nazis qui en en étaient responsables ; tout le paradoxe de la "route des rats" et son organisation vaticane (via la Suisse, également). L'Eglise a joué l'ambiguité durant toute la période, symbolisée par un Pie XII resté bien coi sur la situation des juifs... on attend toujours l'ouverture totale des archives vaticanes, pour le savoir...


Car la fameuse "route des rats" va marcher à pleins tubes, aidés par des catholiques allemands, des italiens, des espagnols et des français. Des nazis n'hésiteront pas à se déguiser en curés pour s'échapper . Des déguisements... fournis par le Saint-Siège lui-même : "en plus du couvert, l'habit, parfois, fut également fourni. On sait que certains nazis, comme Eichmann, Ante Pavelic ou Klaus Barbie, arrivèrent en Argentine vêtus d'une soutane. Pavelic, ancien chef de l'Etat indépendant de Croatie, où furent exterminés dans des camps de la mort 800 000 personnes, aurait été en contact, selon un télégramme du Central Intelligence Corps américain de 1947, avec le sous-secrétaire d'Etat du Vatican de l'époque, Giovanni Battista Montini, futur pape Paul VI. Les travaux de la Ceana, à cet égard, révèlent que les secrets du Vatican sont toujours bien gardés." Le nom est cité : le futur béatifié (ici aux côtés de l'ambigu Pie XII) a bien été la cheville ouvrière de ces départs savamment orchestrés !


En France, une autre personnalité étonnnante apparaît : c'est le cardinal Tisserant ici à droite, il croisera durant sa longue carrière 6 papes différents) qui protégera lui aussi les collababorateurs, ce qu'a oublié de préciser aussi Zemmour qui ne voit l'histoire que par un seul côté de sa lorgnette biaisée. "Datée de mai 1946, la lettre adressée par le cardinal Eugène Tisserant à l'ambassade argentine de Rome va droit au but. Le responsable des Missions du Vatican en Europe orientale, qui sera plus tard cité comme un pape possible, demande à l'ambassade de bien vouloir accorder des visas pour l'Argentine aux familles françaises Plissard et Reuillard, ainsi qu'à M. Mauton, lesquels « en raison de leur action pendant la dernière guerre redoutaient d'être poursuivis s'ils rentraient dans leur pays ». En clair, ce sont des collabos." explique Claude Mary dans l'Express du 21 mars 1998, décrivant les incroyables documents alors juste découverts en Argentine. " Le cardinal Tisserant ne semble pas douter de l'issue favorable que recevra sa requête. Prenant en quelque sorte les devants, il a demandé à l'ambassadeur de France à Buenos Aires, le comte Vladimir d'Ormesson, de faire bon accueil à ces familles. Il justifie aussi sa démarche par les encouragements prodigués, lors de leur passage à Rome, par le primat d'Argentine, Mgr Antonio Caggiano, et l'évêque de Tucumán, Mgr Barrere. En effet, ces derniers lui ont laissé entendre que le gouvernement argentin serait disposé à recevoir des Français qui, du fait de leur position politique durant la guerre, seraient exposés, s'ils revenaient en France, à des mesures d'extrême rigueur ou à des vengeances privées".  Un Vladimir d'Ormesson, plutôt partisan des modérés de l'Eglise, qui sera un jour président de l'ORTF en France, au temps où l'Elysée téléphonait directement durant le JT pour reformuler ce qui avait été dit... l'extrême droite française issue de Maurras plaisait beaucoup, alors, à l'Eglise...


Tisserant, et c'est une révélation à l'époque, tant l'homme avait offciellement condamné le fascisme, aurait donc participé à ces transferts odieux. "Le cardinal français a joué un rôle majeur, en effet. "On peut s'intéresser tout d'abord au rôle joué par le cardinal français Eugène Tisserant. Son cas est particulièrement intéressant pour notre sujet puisqu'il va entrer en contact avec des membres de l'Eglise argentine pour permettre l'exil de collaborationnistes français et belges proches de Charles L'Escat et Pierre Daye (voir le livre cité ici à gauche). Pour parvenir à exfiltrer vers l'Argentine ces personnes, Eugène Tisserant va rencontrer à Rome Monseigneur Caggiano qui est sur le point d'être nommé cardinal et l'évêque de Rosario Monseigneur Barrère qui lui proposent leur pays comme terre d'accueil des fuyards en lui indiquant dans une conversation : ''el gobierno de la República Argentina está dispuesto a recibir a los franceses cuya actitud política durante la reciente guerra les expondría, en el caso de que regresaran a Francia, a rigurosas medidas o a la venganza privada40.'' Les deux religieux argentins sont proches des milieux anticommunistes que ce soit en Argentine avec l'Acción Cátolica ou en France avec l'Action Française. Ils parlent probablement en connaissance de cause car il semblerait qu'ils aient rencontré auparavant le consul argentin Aquilino López. Cet exemple nous permet de voir le rôle joué par des hauts responsables ecclésiastiques non seulement européens mais aussi argentins. Il convient également de remarquer que c'est l'anticommunisme qui va faire le lien entre les membres de l'Eglise catholique et les anciens nazis en fuite" ajoute Emmanuel Michaud. L'anticommunisme de l'Action Française, mouvement d'extrême droite comme on le sait. Tisserant, qui n'avait pas été tendre avec Pétain, s'était fourvoyé dans ces transferts de nazis, alors qu'il avait lui-même dénoncé le nazisme. Allez comprendre : seul l'anticommunisme primaire pourrait excuser cette surprenante attitude. 
Dans les années 1960, Cargiono affichera un soutien direct à la dictature des militaires argentins, fermant les yeux sur leurs terribles exactions. "Parallèlement, bon nombre de prêtres et d’évêques, marqués par l’anticommunisme de l’époque, ne cachent par leur désir de voir les militaires rétablir l’ordre et la « civilisation occidentale chrétienne ». Le livre Le Marxisme-Léninisme du Français Jean Ousset – dont la traduction en espagnol est parue en Argentine dès 1961, préfacée par Mgr Antonio Caggiano, (ici à droite) alors évêque aux armées – a été très lu dans le clergé argentin et a contribué à l’endoctrinement national-catholique d’une grande partie des militaires argentins. « Le tortionnaire Alfredo Astiz était venu écouter Mgr Lefebvre lors de sa visite en Argentine en 1977 », rappelle Horacio Mendez Carreras, l’avocat des familles des disparus français..." avait rappelé la Croix. Une période à laquelle à été mêlé le futur pape François alors archevêque de Buenos Aires.


En tout cas, la "route des rats" a fonctionné, et plutôt bien, permettant à d'anciens nazis de se retrouver en Argentine, et notamment à Bariloche comme j'ai pu le décrire ici-même sur plusieurs articles. "Sous le premier gouvernement de Juan Peron, mais aussi sous les régimes qui l'ont suivi - Ignacio Klich, qui préside le comité académique de la Ceana, parle à ce propos d'une "connivence sociale qui a duré bien au-delà de la chute de Peron" - l'Argentine a toujours été le sanctuaire, l'ultime refuge des nazis ayant fui l'Europe. Accueillis par une communauté allemande déjà puissante à la fin de la Première Guerre mondiale, aimablement reçus par un régime péroniste influencé par les fascismes européens, aussi antiaméricain qu'il était anticommuniste, les fugitifs du IIIe Reich ont souvent recréé ici des villages à l'image de leurs Heimat natals. Ils se sont installés dans le nord de l'Argentine, non loin des frontières avec le Paraguay et l'Uruguay, dans la région de Cordoba, où vivaient déjà de nombreux marins du Graf Spee, un navire de guerre allemand qui s'était sabordé en décembre 1939 dans l'embouchure du Rio de la Plata, ou bien vers Mendoza, au pied de la cordillère des Andes, près de la frontière avec le Chili. Beaucoup d'entre eux ont particulièrement apprécié San Carlos de Bariloche, sur les contreforts andins, au bord d'un lac, un lieu de villégiature qui rappelle, avec ses chalets, ses montagnes et ses eaux claires, un joli coin de Bavière." A Bariloche, l'omerta sur la présence de nazis fonctionnait toujours, avait noté en 2013 encore le Parisien... 
"L'ancien agent de renseignement nazis, Reinhard Kops, est mort à 86 ans à Bariloche (ici à droite l'hôtel le plus connu de la cité) sous le pseudonyme de Juan Maler, alors que des organisations juives demandaient sa capture pour crimes contre l'humanité. Le Dr Josef Mengele, qui utilisait les prisonniers d'Auchwitz comme des cobayes, a vécu à Buenos Aires, et peut-être même à Bariloche.Nazis, fascistes, oustachis. Des milliers de nazis, oustachis croates, fascistes italiens ont débarqué en Argentine avec la bénédiction du président, le général Juan Peron (1946-52, 1952-55), selon le centre Simon Wiesenthal. Ante Pavelic, fondateur du mouvement des Oustachis croates pro-nazi, Dinko Sakic, ex-commandant du camp de concentration de Jasenovac (Croatie), Josef Schwammberger, qui dirigeait des camps de travaux forcés près de Cracovie (Pologne) ou Adolf Eichmann ont été accueillis en Argentine. Ce dernier, artisan de la Solution finale, a été capturé par le Mossad et jugé en Israël.Le tabou de la présence nazie reste total chez les Allemands de Bariloche du quartier de Belgrano". Voilà donc l'Argentine devenue la seconde patrie d'un bon nombre de nazis !


On y croisera au restaurant un personnage mort récemment, et dont le texte que j'ai proposé sur sa disparition en octobre 2013 a été interdit de publication chez Agoravox à deux reprises pour des raisons qui restent à définir (la modération se ferait-elle berner ici par des partisans ou des nostalgiques du nazisme ?). "C'est ici, en 1954, que s'était établi Erich Priebke (ici à gauche jeune en uniforme et peu avant son décès), responsable du massacre de la fosse Ardéatine, au nord de Rome, où 335 civils furent tués en 1944 en représailles d'un attentat contre des soldats allemands par des partisans italiens. Comme le raconte Jorge Camarasa dans son livre Odessa al Sur (éd. Planeta), il put, dans les rues de Bariloche, croiser Josef Mengele ou Adolf Eichmann, qui y vint parfois en vacances. L'ancien pilote de la Luftwaffe Hans Ulrich Rudel participait aux tournois de ski du Club andino. Le financier Ludwig Freude, ami de Peron, y avait une maison. Friedrich Lantschner, ancien gouverneur nazi du Tyrol autrichien, y fonda une entreprise de construction. Vivaient également à Bariloche un ancien agent des services de l'armée allemande, Juan Maler, le banquier nazi Carlos Fuldner, d'anciens responsables de la Gestapo ou des SS comme Max Naumann, Ernst Hamann ou Winfried Schroppe. Tout ce beau monde buvait chaque soir de la bière au Deutsche Klub et fêtait, tous les 20 avril, l'anniversaire d'Adolf Hitler au dernier étage de l'hôtel Colonial" . C'est Horst Alberto Carlos Fuldner Bruene qui détenait les clés de l'or spoilié aux juifs. Celui qui a permis aux nazis réfugiés en Argentine de vivre dans l'opulence : de l'argent qui aurait pu être amené par U-Boot, mais qui a plus simplement été transporté par paquebot ou par cargo, avec des complicités manifestes.


Au total, Pie XII et le futur Paul VI , le nouveau béatifié, ont en effet laissé s'échapper un sacré nombre de nazis, réfugiés à Bariloche avec l'or volé aux juifs pour y faire la fête et continuer à y célébrer régulièrement Hitler. "L'historien allemand Holger Meding, chercheur à l'université de Cologne, qui a travaillé sur les archives argentines, allemandes et autrichiennes et a publié, en 1993, un livre sur le sujet (Flucht vor Nürnberg ? Deutsche und Oesterreichische Einwanderung in Argentinien, 1945-1955, éd. Boehlau Verlag, Cologne), estime qu'environ 80 000 Allemands et Autrichiens sont entrés au cours des dix années de l'après-guerre en Argentine, et que 19 000 s'y sont établis définitivement. Entre 3 000 et 8 000 d'entre eux ont fui l'Europe en raison de leur association avec le nazisme et 50 seraient des criminels de guerre. Camarasa, dans son livre, cite un autre chercheur, John Loftus, qui donne des chiffres légèrement inférieurs : environ 60 000 immigrés, allemands, autrichiens et croates, pour la plupart, seraient, selon lui, arrivés en Argentine entre 1945 et 1950. La moitié aurait présenté des documents en règle et l'autre, de faux papiers. Face aux immigrants d'origine germanique, l'historien Cristian Buchrucker, de l'université de Cuyo, dans la province de Mendoza, identifie un "groupe latin", composé de collaborateurs français, de rexistes belges et de fascistes italien"... 
Des rexistes, les partisans de Degrelle (tel Jean-Robert Debbaudtn mort en 2003) qui pavoisent aujourd'hui en Belgique avec un gouvernement nouveau qui lorgne largement vers eux, et des collaborateurs français quasimment excusés par un pavé mal écrit de l'écrivaillon fascisant Zemmour. En Belgique, des ministres fraîchement nommés, dont celui de l'immigration (?), se rendent ainsi en souriant à l'anniversaire des 90 ans du Bob Maes, un vieux militant d’extrême-droite du VNV (Vlaams Nationaal Verbond), le pendant flamand du Rex, le créateur de la milice du VMO, et… surtout un ancien collaborateur.


D'autres nazis semblent avoir pris des lignes plus directes, laissant subister un terrible mystère sur la fuite possible des plus haut placés.... dont certains ont retrouvé la trace... "Tout d'abord à propos des fameux sous-marins allemands qui auraient, selon des rumeurs récurrentes, débarqué en Argentine un "trésor nazi" et des hiérarques du parti. Selon l'équipe dirigée par le Canadien Ronald Newton, qui a travaillé sur les archives allemandes, alliées et argentines, les seuls sous-marins allemands à avoir atteint les côtes argentines à la fin de la guerre furent les deux qui se sont rendus à Mar del Plata en 1945. "Même s'il est impossible de prouver qu'aucun autre sous-marin nazi n'est arrivé sur les côtes argentines, une telle hypothèse est hautement improbable", écrit l'historien canadien, qui estime qu'elle relève plus de "campagnes de désinformation" que de la réalité". Pas de fuite d'Hitler, donc, très certainement, mais plutôt comme j'ai pu vous le raconter celle de la mise en place d'un programme nucléaire qui tournera au désastre industriel, montrant à la fois que le nucléaire intéressait les allemands, mais que la voie qu'ils souhaitaient suivre n'était pas la bonne (ce que je vous ai aussi raconté ici). Des nazis qui s'affaceront dans les années 70 devant une dictature qui les choiera et qui ne pouvait que leur rappeler celle vécue en Allemagne. Le cardinal Bergoglio, futur pape si avenant, sera à cette époque aperçu en train de serrer la main du dictateur Videla, en Argentine, ce que d'aucuns n'hésiteront pas à comparer à une autre poignée de mains historique (d'où le montage circulant sur le net, visible ici à gauche)... 


Paul VI aurait-il eu des sympathies pour le diable ? Sans aucun doute, ce qui en fait un candidat plutôt surprenant pour la béatification du jour... Un pape argentin pouvait-il ignorer cette connivence affichée pendant des décennies entre gouvernement argentin et nazis réfugiés dans le pays (en photo le cardinal Raul Francisco Primatesta et le chef de la junte Jorge Videla) ? Très certainement non. Cela, où l'autre connivence affichée avec une dictature sanglante. Mais le pape François, ce débonnaire, lui-même mis en cause en Argentine pour la disparition de deux personnes,
est contraint de négocier, on le sait, avec le lourd héritage laissé par ses deux prédécesseurs réactionnaires, dont un (le cardinal Ratzinguer, devenu Benoît XVI) avait même été enrôlé jeune dans les jeunesses nazies (selon lui il n'avait été "qu'auxiliaire dans la défense antiaérienne"). Quant à Jean-Paul II, ne l'oublions pas non plus, quand il ne faisait pas du ski, il se rendait chez un vieil ami autrichien appelé Gaston GLock. Mais cu pape François, manifestement désireux de réformer sérieusement l'Eglise actuelle, paraît long et semé de vieilles embûches, s'il veut la changer de fond en comble cette fameuse Eglise, qui s'est bien trop longtemps compromise avec le système nazi...

 

(*) "Angola und die Juedischen Siedlungsbestrebungen" [Angola and Jewish Settlement Efforts] – Memorandum by Manfred Kirschberg

 

 

Contenu de la lettre du 23 août 1942 de Monseigneur Saliège sur la personne humaine

Mes très chers Frères,

Il y a une morale chrétienne, il y a une morale humaine qui impose des devoirs et reconnaît des droits. Ces devoirs et ces droits, tiennent à la nature de l’homme. Ils viennent de Dieu. On peut les violer. Il n’est au pouvoir d’aucun mortel de les supprimer.

Que des enfants, des femmes, des hommes, des pères et des mères soient traités comme un vil troupeau, que les membres d’une même famille soient séparés les uns des autres et embarqués pour une destination inconnue, il était réservé à notre temps de voir ce triste spectacle.


Pourquoi le droit d’asile dans nos églises n’existe-t-il plus ?
Pourquoi sommes-nous des vaincus ?
Seigneur ayez pitié de nous.
Notre-Dame, priez pour la France.

Dans notre diocèse, des scènes d’épouvante ont eu lieu dans les camps de Noé et de Récébédou. Les Juifs sont des hommes, les Juives sont des femmes. Tout n’est pas permis contre eux, contre ces hommes, contre ces femmes, contre ces pères et mères de famille. Ils font partie du genre humain. Ils sont nos Frères comme tant d’autres. Un chrétien ne peut l’oublier.

France, patrie bien aimée France qui porte dans la conscience de tous tes enfants la tradition du respect de la personne humaine. France chevaleresque et généreuse, je n’en doute pas, tu n’es pas responsable de ces horreurs.

Recevez mes chers Frères, l’assurance de mon respectueux dévouement.

Jules-Géraud Saliège
Archevêque de Toulouse
23 août 1942

A lire dimanche prochain, sans commentaire.

Le Mémoire de master d' Emmanuel Michaud est ici :

http://doc.sciencespo-lyon.fr/Resso...


l'ouvrage de référence est celui-ci : L'Eglise catholique face au fascisme et au nazisme" Editions Espace de Libertés, 1995 par Henri Fabre).

on peut lire également :

http://www.agoravox.fr/tribune-libr...

http://www.agoravox.fr/tribune-libr...

sur Peron et Bariloche

http://www.agoravox.fr/tribune-libr...

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