Bayan Mahmud : « C’est le football qui m’a sauvé »

Né au Ghana il y a 19 ans, Bayan Mahmud a déjà eu une vie très mouvementée. Orphelin à 10 ans à la suite d’un conflit ethnique qui frappe le nord de son pays, il perd de vue son frère quelques années plus tard en fuyant leur orphelinat pris pour cible. Il décide alors d’embarquer dans un bateau en direction de l’Europe mais il rejoindra, sans le savoir, Buenos Aires, en Argentine. Livré à lui-même dans un pays dont il ne connaît que « Maradona, Messi et Tevez », ses talents de footballeur finissent par le conduire au centre de formation du mythique club local, Boca Juniors, où il défend aujourd’hui les couleurs de l’équipe réserve.

RFI : Il y a quatre ans, vous débarquez en Argentine complètement par hasard et aujourd’hui vous évoluez au sein de l’un des clubs les plus populaires de ce pays. Pouvez-nous revenir sur cette incroyable trajectoire ?

Bayan Mahmud : C’est le football qui m’a sauvé. Quand je débarque le 7 octobre 2010 en Argentine, je ne parle pas un seul mot d’espagnol, je ne sais d’ailleurs même pas où je suis. Quand je vivais au Ghana, l’Argentine pour moi se résumait à Maradona, Messi et Tevez. Heureusement, j’ai fait la connaissance d’Africains au port de Buenos Aires, des Sénégalais qui m’ont aidé dans mes démarches administratives. Puis ensuite, j’ai atterri dans un centre d'accueil pour réfugiés.

Un jour, j'étais dans un parc du quartier de la Constitucion, à Buenos Aires, je regardais des gens jouer. Un joueur de l'équipe qui perdait m'a proposé de me joindre à eux. Je suis entré sur le terrain et on a gagné. Du coup, j’ai été convié tous les samedis jusqu’à ce qu’un recruteur de Boca Juniors, Ruben Garcia, me repère et me propose de faire des tests physiques au club. Trois mois plus tard, je signais mon premier contrat.

Comment s’est passé votre intégration en Argentine ?

Les premières semaines ont été très difficiles. Il a fallu que je m’acclimate, à la langue, à la culture… Aujourd’hui, tout est plus facile même s’il y a du racisme. Ce n’est pas que les gens sont mauvais mais ils n’ont peut-être pas l’habitude de voir un Noir, encore moins un footballeur évoluant dans l’une de leurs équipes. Du coup, si je ne parviens pas à intégrer l’équipe première de Boca, j’aimerais jouer dans un club européen.

«Les frères Ayew sont des exemples »

Où, si vous deviez choisir ?

En France car là-bas il y a beaucoup de joueurs africains. Des clubs comme le PSG, Marseille ou Lyon me font rêver. S’ils ont besoin d’un défenseur latéral droit, je suis disponible. Les frères Ayew [André et Jordan, internationaux ghanéens retenus pour la Coupe du monde au Brésil, NDLR] sont des exemples. J’aimerais avoir la même carrière qu’eux.

Aujourd’hui vous avez la double nationalité, ghanéenne et argentine, pour quelle équipe rêveriez-vous de jouer ?

Un chois très difficile. Si je pouvais, je porterais le maillot de l’Argentine, mon pays d’adoption, et le short du Ghana, le pays de mes racines. Mais je dois reconnaître que je serais très fier d’être le premier Noir à revêtir la tunique albiceleste.

«Le Ghana va aller loin en Coupe du monde »

Pendant la Coupe du monde qui se tient au Brésil, laquelle de ces deux équipes allez-vous supporter ?

Les deux, bien sûr. La bonne nouvelle, c’est qu’elles n’évoluent pas dans le même groupe [l’Argentine est dans le groupe F en compagnie du Nigeria, de la Bosnie et de l’Iran ; le Ghana est dans le groupe G avec l’Allemagne, le Portugal et les Etats-Unis, NDLR]. Je pense que le Ghana passera le premier tour et fera comme en 2010 une excellente Coupe du monde. Il compte des jeunes talentueux et des joueurs très expérimentés comme Essien, Muntari ou Asamoah Gyan qui vont lui permettre d’aller très loin.

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