Le géant minier Barrick Gold est de nouveau sur la sellette. La compagnie canadienne fait face à une nouvelle poursuite en recours collectif intentée par un groupe d’investisseurs.
Lancée par un bureau d’avocats new-yorkais, la poursuite fait valoir que Barrick Gold aurait violé la loi d’une part en faisant des déclarations fausses et trompeuses, d’autre part en dissimulant des informations concernant l’évolution des coûts et de l’échéancier de son projet minier de Pascua-Lama.
À cheval sur la frontière entre l’Argentine et le Chili, le projet minier de Pascua-Lama est décrit sur le site Web de Barrick Gold comme « l’un des plus grands gisements d’or et d’argent de la planète ».
En plus de s’être adonné à de la manipulation et de la dissimulation d’information, Barrick Gold a échoué à se conformer aux normes environnementales mises en place par les organismes de réglementation, « mettant en péril la survie de l’ensemble du projet », allègue le bureau d’avocats Labaton Sucharow. D’ex-employés, dont l’identité n’a pas été dévoilée, soutiennent que l’entreprise connaissait les questions de normes environnementales. Celle-ci était également au courant que les coûts du projet dépasseraient de loin les projections, selon Labaton Sucharow.
La poursuite est entreprise au nom des investisseurs qui ont acheté des actions de Barrick Gold entre le 7 mai 2009 et le 23 mai 2013 sur le New York Stock Exchange. Les actions de Barrick ont été échangées à « des niveaux artificiellement gonflés » durant cette période en raison de fausses déclarations, peut-on lire dans les documents déposés en cour. « Les accusés n’avaient aucun fondement raisonnable pour appuyer leurs déclarations concernant les estimations de coût, le calendrier et la production pour le projet Pascua-Lama, la conformité de la société avec des règles et des règlements sur l’environnement… »
La compagnie « conteste les allégations des plaignants, et entend se défendre vigoureusement face à la poursuite », a pour sa part indiqué le porte-parole de Barrick Gold, Andy Lloyd, par voie de communiqué.
En mai, Barrick Gold a été condamné à une amende de quelque 16 millions de dollars pour violations « graves » des conditions rattachées à son permis environnemental. Il s’agissait de l’amende la plus élevée prévue dans le droit chilien.
Le tribunal a dissipé l’incertitude qui entourait l’avenir de la mine Pascua-Lama, le 15 juillet, en statuant que Barrick Gold pouvait reprendre la construction du projet de 8,5 milliards de dollars, mais seulement après avoir achevé les préparatifs réclamés. La société canadienne a indiqué jeudi dernier avoir accompli des progrès en ce qui a trait au système de gestion des eaux.
Les actions de Barrick Gold ont plongé au cours de l’année, glissant à 14,22 dollars comparativement à un sommet de 42,08 dollars à la Bourse de Toronto. Elles ont terminé la séance, vendredi, à 17,37 dollars. Le parquet torontois était fermé lundi.
Une importante dépréciation de la mine Pascua-Lama a contribué à pousser Barrick Gold vers une perte de 8,56 milliards de dollars au deuxième trimestre.
La société torontoise entend tout de même poursuivre le projet malgré la faiblesse des prix des métaux. « Certains actionnaires et analystes ont exprimé leur frustration par rapport au projet et nous ont demandé en quoi il était logique de continuer la construction compte tenu du contexte actuel », a affirmé jeudi à des analystes le président et chef de la direction de Barrick, Jamie Sokalsky, lors d’une conférence téléphonique. « Nous sommes à peu près à mi-chemin de son développement. […] Nous devons tenir compte d’autres facteurs que les trois ou quatre mois de faibles prix et l’instabilité du marché lorsque nous évaluons une mine d’une durée de vie de plus de 25 ans », a-t-il poursuivi.
Barrick Gold a par ailleurs fait le choix de diminuer ses coûts d’exploitation en réduisant ses dépenses en capital et son personnel. Elle entend retrancher de 1,5 milliard à 1,8 milliard à ses coûts en 2013 et 2014 à son projet d’exploitation minière en Argentine.
Barrick, l’un des plus importants producteurs d’or au monde, a enregistré un bénéfice net ajusté de 663 millions, ou 66 cents par action, au cours de la période de trois mois qui s’est conclue le 30 juin, abstraction faite des éléments non récurrents. Il s’agit d’un résultat inférieur à celui de 82 cents par action d’il y a un an, mais supérieur de 10 cents à celui prévu par les analystes.
Les revenus se sont élevés à 3,2 milliards au deuxième trimestre, contre 3,24 milliards un an auparavant.
Avec La Presse canadienne et Associated Press