Un petit attaquant à l'appétit d'ogre: avec un cinquième Ballon d'Or décroché lundi, Lionel Messi a continué d'écrire en 2015 son fabuleux conte de fées, celui d'un lutin argentin devenu une légende du football sans jamais perdre son goût du jeu.
A seulement 28 ans, le talentueux buteur du FC Barcelone peut regarder de haut les autres géants de l'histoire du ballon rond: ses cinq couronnes de meilleur joueur de la planète (2009, 2010, 2011, 2012, 2015) le placent tout seul au sommet du palmarès, quasiment hors de portée.
Et rien n'empêche "La Puce" de continuer sa moisson dans les années à venir pour finir d'éclipser d'autres icônes comme Michel Platini, Johan Cruyff, Marco van Basten ou Cristiano Ronaldo, qui comptent trois Ballons d'Or chacun.
Ce quintuplé, le natif de Rosario (Argentine) l'a réussi avec une fraîcheur déconcertante et un appétit intact, malgré les buts, les titres et les records qu'il accumule inlassablement.
"Cela va de pair avec la personnalité d'un numéro 1 mondial et d'un joueur unique", a résumé l'entraîneur barcelonais Luis Enrique ce week-end. "Je n'ai aucun doute que cela durera tant que Leo Messi le souhaitera."
Ce joueur d'exception a des qualités innées qui font la différence: vitesse, vista, dribbles dévastateurs et finition chirurgicale.
"Aucun système défensif ne l'arrête, aucun entraîneur. Il est trop fort", a résumé au printemps dernier Pep Guardiola, son ex-mentor au Barça.
- 'Un scénario de cinéma' -
Quand la planète football a découvert Messi, elle s'est émue du destin de ce gamin qui avait des problèmes de croissance et qui, selon l'histoire consacrée, a quitté Rosario à 13 ans pour trouver à Barcelone un club qui finance son traitement médical.
Lancé en équipe première en 2004, l'attaquant a décroché quatre Ligues des champions (2006, 2009, 2011, 2015), devenant le joueur le plus titré du club avec Andres Iniesta (26 trophées). Et les records sont tombés, un à un: meilleur buteur du Barça, meilleur buteur de la Liga, recordman du nombre de buts sur une année civile (91 en 2012)...
Seul manque à son palmarès un grand trophée avec la sélection argentine dont il est le capitaine, même si le champion olympique 2008 a atteint les finales du Mondial-2014 et de la Copa America 2015.
Sa trajectoire triomphale n'a toutefois pas été linéaire: entre 2013 et 2014, il a connu un trou d'air. Accablé par les blessures, l'Argentin a été rattrapé par son corps, cette petite silhouette si éloignée des standards athlétiques (1,69 m, 72 kg) qui a fait de lui un joueur à part.
Mais "la Puce" a su rebondir. "La carrière de Leo est comme ça, c'est un scénario de cinéma", a souligné un jour le sélectionneur argentin Gerardo Martino. "Quand on pense qu'il n'est pas bien, qu'il a des blessures, hop, en deux ou trois minutes... C'est un résumé de toute sa carrière."
- Gendre idéal -
Parmi les raisons de ce sursaut, il y a l'arrivée au Barça de ses complices Neymar et Luis Suarez, avec qui Messi se régale au sein du spectaculaire trio offensif "MSN". "Nous essayons de nous amuser, c'est le plus important", affirme Messi.
Goût du jeu, timidité touchante et sourire enfantin ont valu à l'Argentin une image très positive, à l'opposé du "bling-bling" de son grand rival du Real Madrid Cristiano Ronaldo.
Cela aurait pu changer avec les soupçons de fraude fiscale qui l'ont conduit, avec son père Jorge, à être renvoyé devant un tribunal en Espagne. Son nom a aussi été cité dans une affaire de fraude présumée lors de matches de charité, avant qu'un non-lieu ne soit prononcé.
Mais malgré ces démêlés, Messi a su conserver un statut de gendre idéal, en couple avec Antonella, une amie d'enfance, et papa de Thiago (3 ans) et d'un petit Mateo né en septembre.
L'aîné des deux bambins commence d'ailleurs à mesurer la stature de son père, comme l'a récemment raconté Messi, tout sourire: "Chaque fois que je pars de la maison, (Thiago) se fâche et me demande: +Papa, tu pars encore faire des buts?+".