L’ancien entraîneur des équipes de France d’aviron va poursuivre sa carrière en Argentine jusqu’en 2015. C’est une première pour un Français et un challenge pour le moins inattendu. Le Mussipontain justifie son choix.
Jean-Raymond Peltier a choisi de « se ressourcer » en Argentine. Photo DR
Au téléphone, il diffuse l’enthousiasme d’un étudiant à l’aube de son départ en Erasmus. Le « jeune homme » en question, Jean-Raymond Peltier, a 55 ans. D’ici quelques mois, il s’apprête à quitter sa Lorraine pour une nouvelle vie, un défi inattendu et un déracinement garanti. Direction ? La Pampa !
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Déchargé malgré lui de ses obligations fédérales, l’ancien entraîneur des équipes de France a décidé de mettre les voiles. A partir du 1er octobre, le Mussipontain va s’établir en Argentine pour une durée de deux ans, voire plus si affinités olympiques. En aviron, c’est inédit, croit-il savoir : « Je serai le premier entraîneur à bosser à l’étranger. Pourtant , Je m’étais promis de ne jamais le faire. En 23 années aux plus hauts postes, cela m’a toujours désolé de voir que des gens, dans d’autres disciplines, partaient chercher des médailles à l’étranger … »
Pour l’heure, Peltier est « en observation ». Il a suivi des stages avec les Argentins, qu’il a accompagnés à Eton et Lucerne notamment. « Je fais des piges mais un contrat de travail est en train de se faire , précise-t-il. Je vais continuer avec eux pour préparer les championnats du monde en Corée. J’ai demandé trois bateaux pour faire une évaluation du niveau. On va essayer de se qualifier pour les Jeux de Rio. Ce ne sera pas simple. L’Argentine n’a plus de médaille depuis 40 ans en aviron. »
« Motivé, pas stressé »
Pour rappel, le Mussipontain avait été débarqué par sa Fédération après Londres 2012 car « les résultats des JO n’étaient pas suffisants ». Il n’était pas resté inactif pour autant. Il baignait encore dans le milieu en assumant des missions techniques « à droite à gauche », auprès des jeunes. « Mais j’ai bien compris que le moment du changement était arrivé , poursuit l’intéressé. J’ai postulé auprès de plusieurs nations et j’ai eu des réponses de Biélorussie et de Belgique. Finalement, j’ai choisi l’Argentine parce que j’avais envie de couper avec le haut niveau européen. Je voulais me ressourcer ailleurs. Ça ne me fera pas de mal. »
Le dépaysement sera total. Sur place, l’entraîneur sera accompagné de son épouse et, très vraisemblablement d’un dictionnaire bilingue. Car une rapide enquête dans son entourage suffit à comprendre qu’il est l’homme le moins polyglotte du monde… D’où « quelques moments de solitude », reconnaît-il. Avant d’assurer : « Je vais me mettre à l’espagnol. Au début, j’avais un interprète avec moi mais le langage technique est universel. Un entraîneur peut se débrouiller, d’autant que j’ai trouvé des gens à l’écoute. Ils ont confiance. »
Jean-Raymond Peltier, finalement, trouve cette initiative « amusante ». « Je suis motivé, pas stressé », ajoute-t-il. Le garçon en a vu d’autres de toute façon. Il est homme de défi. Le dernier en date ? Il vient d’avaler, en vélo, les 128 km et cinq cols entre Annecy et le Semnoz, pour l’Étape du Tour des amateurs. Le tout en 6h36 avec... une main dans le plâtre.
Christian JOUGLEUX.