L'Argentin José Maria Lopez, surnommé "Pechito", est entré dans l'histoire du sport automobile argentin dimanche à Suzuka en devenant champion du monde dans la catégorie "voitures de tourisme", 57 ans après le 5e et dernier titre de Juan Manuel Fangio en Formule 1.
A 31 ans, au sein de l'équipe Citroën Racing qui l'avait repéré l'an dernier alors qu'il remportait, dans une BMW privée, une manche argentine du WTCC, Lopez a dominé cette saison 2014 de la tête et des épaules: 9 victoires, 6 pole positions, série en cours. Aussi rapide que constant, il a marqué à toutes les courses sauf une, et détruit progressivement les espoirs de ses rivaux.
"Pechito" a surtout eu le mérite de battre, à armes égales, deux champions du monde français: Yvan Muller et Sébastien Loeb. Quatre fois sacré en WTCC, Muller est la référence absolue des "courses de berlines". Quant à Loeb, neuf fois champion du monde des rallyes, il était l'une des idoles du petit Lopez quand l'Argentin allait le regarder passer du côté de Cordoba dans les spéciales du rallye d'Argentine.
"Avant de le connaître, je ne l'attendais pas forcément à un tel niveau, a dit Loeb. Pour moi, la référence c'était Muller. On savait que Lopez était un très bon pilote au vu de ses résultats en Argentine. Il a fait une saison incroyable: pas de faute, toujours rapide, dans le coup partout. Ça a été la surprise au début, mais on s'est vite habitués".
- Sacré à Suzuka, comme Senna -
Né à Rio Tercero, dans le province de Cordoba, Lopez était déjà pilote à l'âge de 8 ans et champion de sa région deux ans plus tard. A 15 ans seulement, il s'est exilé avec son père en Italie, à Faenza, dans la foulée d'une invitation officielle au Mondial de karting. Les compliments et le soutien de Carlos Reutemann, légende argentine de la F1, ont joué un rôle.
"J'ai dit à mon père que je voulais faire les choses sérieusement, car le karting me plaisait beaucoup. Je voulais me comparer aux meilleurs pilotes européens et une force intérieure me disait qu'il fallait y aller pour ne pas avoir de regrets", raconte Lopez.
Grâce à son coup de volant, "Pechito" a ensuite gagné le championnat italien de Formule Renault, puis le titre en Formule Renault V6, et a intégré la filière de jeunes pilotes de la marque française, jusqu'au statut éphémère de "pilote d'essai F1". De quoi calmer le fougueux Argentin qui avait tendance à "mener en début de course, puis à terminer 5e ou 6e...", reconnaît-il volontiers.
En 2010, Lopez a failli accéder à la Formule 1 dans une écurie américaine, baptisée "US F1", qui n'a finalement jamais vu le jour. Dans cette aventure, il a perdu 800.000 dollars de l'époque et ses dernières illusions de briller un jour dans une monoplace. Alors il est retourné en Argentine et a dominé les "courses de berlines", très populaires du côté de Cordoba.
"C'est un grand jour pour moi, je suis tellement heureux, a dit Pechito dimanche à Suzuka. Je suis content pour l'équipe, qui a fait un super boulot, et pour ma famille. C'est un rêve d'enfant qui se réalise". Lopez est enfin champion du monde, comme Fangio, et c'est arrivé à Suzuka, comme le Brésilien Ayrton Senna, une autre idole de sa jeunesse.