Les vignes profitent d’un environnement idéal. (LDD)
Depuis 1999, Château Cheval Blanc a mis le pied à Mendoza, au pied de la cordillère argentine, pour créer un vin d’assemblage hors norme. Reportage pendant les vendanges
La retenue de bois est levée d’un coup sec, libérant l’eau du canal. En quelques secondes, elle envahit les rangs de vigne craquelés par le soleil en dessinant de fines vaguelettes. Bottes aux pieds, un ouvrier répartit le flux en érigeant des monticules de terre qui jouent le rôle d’écluses éphémères. «Sans irrigation, rien ne pousserait ici», détaille Nicolas Audebert, œnologue responsable de Cheval des Andes. Tout en relevant son chapeau de paille, il pointe du doigt l’horizon désertique. «L’eau provient des rivières qui descendent de la cordillère. Les Incas procédaient déjà de la sorte il y a plus de 500 ans.»
En cette matinée d’avril gorgée de soleil, les vendanges battent leur plein. Dans les parcelles en amont, des pelotons d’ouvriers habillés de blanc collectent à la main les grappes sombres puis les déposent dans des caissettes. Pleines, elles contiennent 20 kilos de raisin. «Un vendangeur touche de 5 à 6 pesos (environ 1 franc) par caisse, selon la qualité du raisin, précise Nicolas Audebert. Les meilleurs peuvent ramener entre 50 et 60 caisses par jour.» Un rythme qu’il faut suivre à la cave, ouverte 24 h sur 24 pendant la récolte. «Une flexibilité inimaginable en Europe», souligne, sourire en coin, l’œnologue de 38 ans.
Assemblage haut de gamme
Irrigation régulière, soleil omniprésent et fortes amplitudes thermiques entre le jour et la nuit: situés au pied des sommets andins et de son point culminant, l’Aconcagua, les oasis de la région de Mendoza, à l’extrême ouest de l’Argentine, offrent des conditions idéales pour la culture de la vigne (lire ci-contre). Ces vingt dernières années, des investisseurs étrangers ont racheté des vignobles à tour de bras pour mettre l’accent sur la qualité. Une orientation en rupture avec la longue tradition locale de production de masse favorisée par la forte demande sur le marché intérieur.
Actif dans plusieurs régions du globe, LVMH (Louis Vuitton – Moët Hennessy) a rejoint l’eldorado argentin en 1999. Le groupe de luxe a racheté la Bodega Terrazas de los Andes (500 ha) à la Bodega Chandon, filiale locale de Moët Hennessy. La même année, il a sélectionné les 38 ha du lieu-dit Las Compuertas pour créer le Cheval des Andes en partenariat avec Cheval Blanc, premier grand cru classé «A» de Saint-Emilion. Avec l’ambition de produire un assemblage haut de gamme digne de son illustre cousin bordelais.