Entre la nomination d’un nouveau sélectionneur et l’intégration dans le concert des nations de l’hémisphère Sud, il aura fallu à l’Argentine digérer une nécessaire phase de transition pour aujourd’hui afficher de nouvelles ambitions dans le jeu, portées par une nouvelle génération. Reste à savoir si au bout d’une interminable saison les Pumas auront encore l’énergie pour empêcher les Bleus de s’imposer samedi, au Stade de France (21 heures).
"L’Australie, c’est fini, il faut fermer le ban et penser juste à ce troisième match, à continuer avec cette dynamique. Ne pas croire qu’on est arrivés parce qu’on a gagné deux matches. Parce que l’Argentine, et c’est là où elle a énormément progressé, est une équipe qui prend désormais le jeu à son compte, donc il va falloir avoir le ballon et bien l’utiliser." A ceux qui s’imaginent que les Bleus, en s’imposant au finish face à l’Australie (29-26), ont fait le plus dur à l’occasion de cette tournée d’automne, Philippe Saint-André s’est chargé de dresser le portrait de ces nouveaux Pumas que le XV de France va devoir se coltiner samedi, au Stade de France, s’il veut réussir le carton plein espéré de trois victoires à la suite en ce mois de novembre.
Oublier l’équipe d’Argentine au jeu restrictif et axé pour l’essentiel sur le contre et une défense de fer : voilà une nécessité pour ne pas se laisser surprendre par ces Pumas de nouvelle génération. Une équipe rajeunie qui a dû digérer à la fois un changement de sélectionneur et avec son intégration au Rugby Championship (ou Four Nations). Santi Phelan a cédé sa place sur le banc argentin au discret Daniel Hourcade qui, après avoir développé la plupart des jeunes internationaux actuels au sein des Pampas XV avec lesquels il a remporté la Vodacum Cup en Afrique du Sud, poursuit aujourd’hui en toute logique ce projet de longue haleine, qui comprend également la création d’une franchise argentine dans le Super Rugby, en confrontant ces jeunes pousses aux meilleures nations de l’hémisphère sud et n’hésitant pas au passage à envoyer à la retraite certains cadres historiques. A maintenant moins d’un an de la Coupe du monde 2015 en Angleterre.
Une révolution en marche
Si l’iconique Juan Martin Hernandez continue d’encadrer cette jeunesse, Pato Albacete, en conflit avec « Huevo » (l’œuf, le surnom d’Hourcade), n’a plus droit de cité. Le deuxième ligne du Stade Toulousain n’aura ainsi pas eu l’opportunité de goûter à la première victoire historique dans le Four Nations des Pumas, emmenés par le nouveau capitaine et talonneur Agustin Creevy, face à l’Australie le 5 octobre dernier (21-17). Après seize défaites et un match nul dans une compétition que l’Argentine avait intégré en 2012.
Cette année-là, les Bleus de Saint-André assommaient leur bête noire à Lille (29-22). Damien Chouly était présent sur le terrain lors de ce qui reste à ce jour la dernière confrontation entre les deux nations : "C’était il y a deux ans, et on a pu voir à la vidéo qu’ils avaient bien progressé depuis." La « badajita » argentine qu’Alexandre Menini a "encore vu dominer outrageusement les mêlées" cet été s’accompagne aussi d’une agressivité en attaque et d’une volonté de conserver le ballon inédites. L’équipe d’Hourcade produit du jeu et c’est déjà une petite révolution. Avec un souci de continuité que permet une incontestable qualité d’intervention dans les rucks et dans les zones de contact. Au point d’afficher la meilleure possession dans le dernier Four Nations !
Reste à savoir si au bout de cette interminable saison, les Argentins, apparus éprouvés lors de la défaite inaugurale en Ecosse (41-31), avant de s’imposer en Italie (20-18), auront encore les ressources pour assumer ce jeu ambitieux samedi, au Stade de France. PSA , lui, prévient déjà : "Il va falloir continuer à avoir de l’enthousiasme et à avoir envie de se faire des passes. Mais il va falloir aussi être encore plus précis, dans le jeu, dans notre rigueur."