AFP, 3 février - L'ex-procureur de la Cour pénale internationale (CPI) Luis Moreno-Ocampo a été désigné par la communauté juive d'Argentine pour diriger un groupe de juristes chargés d'étudier l'accord passé avec l'Iran concernant l'enquête sur l'attentat antisémite de 1994 à Buenos Aires, dans lequel 85 personnes avaient péri.
La Délégation des Associations israélites argentines (Daia) a annoncé dimanche que M. Moreno-Ocampo dirigerait son équipe de conseillers juridiques devant analyser l'accord argentino-iranien qui a créé une commission d'enquête indépendante sur cette affaire.
Ce document a été signé le 27 janvier par les ministres argentin et iranien des Affaires étrangères, Hector Timerman et Ali Akbar Salehi, et doit encore être ratifié par les parlements des deux pays.
Le président de la Daia, Julio Schlosser, a expliqué au journal Página/12 qu'il serait impossible, selon lui, de "mettre en cause" la "compétence" de juriste de M. Moreno-Ocampo, qui a notamment été à La Haye le procureur de la CPI de sa fondation en juin 2003 jusqu'en juin dernier.
La justice argentine accuse Téhéran, qui pour sa part dément, d'être impliqué dans l'attentat meurtrier contre la Mutuelle juive argentine (Amia) et réclame l'extradition de huit responsables iraniens, dont l'actuel ministre de la Défense, Ahmad Vahidi, et l'ex-président Akbar Hachémi Rafsandjani, pour les juger.
La communauté juive argentine, la plus importante d'Amérique latine, avait rejeté lundi l'accord signé par l'Iran et l'Argentine. Israël, de son côté, s'était dit "profondément déçu".
"La mise en place d'une Commission pour la Vérité, qui n'existe pas dans le cadre des lois argentines régissant la procédure pénale, se traduirait par une cession de notre souveraineté", avaient écrit dans un communiqué commun l'Amia et la Daia.
Cet accord reviendrait à "reconnaître que les conclusions auxquelles est parvenue l'enquête judiciaire, qui ont donné lieu à des mandats d'arrêt d'Interpol, ne constituent pas La Vérité", avaient déclaré les deux associations les plus représentatives de la communauté juive en Argentine.
Le ministre iranien de la Défense, Ahmad Vahidi, soupçonné d'être impliqué dans l'attentat de 1994, va être interrogé à Téhéran dans le cadre de cet accord, avait annoncé mercredi Hector Timerman.
L'Argentine et l'Iran sont en effet tombés d'accord pour que le magistrat argentin Rodolfo Canicoba Corral et le procureur Alberto Nisman, responsables de l'enquête sur l'attentat, puissent interroger à Téhéran les personnes soupçonnées.