L'Argentine s'est élevée vendredi contre le fait qu'une fonctionnaire américaine soit également membre du lobby défendant les intérêts des fonds "vautours", dans le contentieux qui les oppose au pays sud-américain sur la dette.
"Si vous confirmez que c'est exact, ce serait grave pour les relations entre nos pays", écrit la présidente argentine Cristina Kirchner dans un courrier adressé à son homologue américain Barack Obama, selon un communiqué de la présidence argentine.
Mme Kirchner vise Nancy Soderberg qu'elle décrit comme "la coprésidente de la American Task Force Argentina (ATFA), une entité créée spécifiquement pour attaquer et diffamer l'Argentine et sa présidente".
Des fonds "vautours" américains menés par NML Capital et Aurelius Management, détenant moins d'1% de la dette argentine, ont obtenu devant un tribunal de New York une condamnation inédite, confirmée par la Cour suprême, qui oblige l'Argentine à payer aux investisseurs 100% de la valeur des bons, alors que 93% des créanciers ont consenti une décote de 70%.
Si l'Argentine applique ce jugement, elle viole la clause RUFO selon laquelle tous les créanciers doivent être traités sur un pied d'égalité. Contrevenir à cette règle pourrait provoquer un effondrement de la restructuration de la dette, scellée en 2005 et 2010.
D'après les experts, l'Argentine indemnisera début 2015 les fonds "vautours", après l'expiration au 31 décembre de la clause RUFO.
Cristina Kirchner souligne que Nancy Soderberg a été nommée par le président américain à la tête du Public Interest Declassification Board (PIDB), une entité fondée par le Congrès et chargée de promouvoir l'accès à une documentation fiable sur les décisions et actions de sécurité nationale.
La présidente argentine a tenté à plusieurs reprise d'impliquer Washington dans le contentieux qui l'oppose aux fonds "vautours", mettant en avant que tout Etat est responsable de son pouvoir judiciaire. Les Etats-Unis refusent de s'immiscer dans cette affaire, mettant en avant l'indépendance de la justice américaine.