Argentine : trois personnes jugées pour le viol et le meurtre de deux …

Trois Argentins aux origines modestes sont face leurs juges au tribunal de Salta, accuss d’avoir battu, viol et abattu Cassandre Bouvier et Houria Moumni, deux Franaises en vacances en 2011 dans le nord-ouest de l’Argentine.

Lors de la premire audience, aprs la lecture de l’acte d’accusation, les parents de Cassandre et Houria devaient prendre la parole, avant les accuss, face aux trois juges du Tribunal de Salta, une juridiction rpute trs svre en Argentine.

Si le dossier d’accusation est accablant pour Gustavo Lasi, trahi par son ADN retrouv sur les deux cadavres, les preuves contre les deux autres accuss, Santos Vera et Daniel Vilte, sont plus minces.

Pour l’avocat franais des familles, Ludovic Beaune, "l ?ensemble des familles attend beaucoup des dbats et espre que la vrit en surgira".

La prudence de ces propos traduit le doute qui enveloppe cette affaire qui a horrifi les Argentins.

Deux ans et demi aprs les faits, les habitants du cr ne sont pas convaincus que les trois accuss soient les responsables du meurtre.

Certes, les corps des Franaises ont t retrouvs prs du belvdre de la Quebrada de San Lorenzo, 15 km de la ville de Salta, l o elles ont t vues pour la dernire fois le 15 juillet 16h23 quand elles ont achet leurs billets d’entre dans ce parc, o de nombreux touristes viennent marcher dans une fort dense, o on n’entend que le bruit de la rivire et les chants d’oiseaux.

Gustavo Lasi, 27 ans, avait occasionnellement travaill comme guide dans le parc, o son pre (mis hors de cause, ndlr) tait charg de la dernire ronde avant la fermeture. Santos Vera travaillait comme jardinier 500 mtres du parc, dans un "country", un quartier priv. Enfin, l’oncle et la grand-mre de Daniel Vilte, maon de 28 ans, vivent 1 km de la Quebrada, dans une maisonnette au toit de tle ondule.

 Doutes et zones d’ombre -

A Salta, le procs est dans toutes les discussions.

Dans une rgion o les plus humbles sont habituellement prvenants vis vis des touristes, plus forte raison s’ils sont trangers, le meurtre des jeunes Franaises dtonne.

Pour beaucoup, des innocents sont dans le box des accuss. Certains estiment que le mode opratoire "n’est pas celui de pauvres bougres du coin comme Lasi, Vilte ou Vera. Ici on tue coup de pierre, avec une machette, un couteau, pas avec une arme feu", confie un jeune d’une trentaine d’annes qui ne veut pas tre cit car son opinion va l’encontre de la version officielle.

Le juge d’instruction Martin Perez a tranch. Le double meurtre a eu lieu non loin du "mirador" du parc naturel, peu aprs l’entre des jeunes femmes, et il estime qu’ 19h50, quand Lasi a introduit sa carte SIM dans le tlphone de Houria, les deux Franaises avaient perdu la vie l’issue d’une violente agression.

La thse d’un meurtre commis par des notables couverts par la police avait surgi dans la presse en 2011 et continue d’alimenter les conversations, plaant MM. Lasi, Vilte ou Vera comme des excutants.

Pour les habitants de Salta, le meurtre des franaises est un affront, une atteinte leur tradition d’hospitalit. Trs apprcie des Europens, la province de Salta continue cependant d’attirer les touristes malgr le drame.

A la Quebrada de San Lorenzo, une stle a t rige la mmoire de Cassandre et Houria, mais aucune pancarte n’indique le chemin emprunter.

Avant leur sjour en Argentine, toutes les deux frquentaient Paris l’Institut des hautes tudes sur l’Amrique latine. Cassandre Bouvier comme enseignante-chercheur et Houria Moumni comme tudiante. Elles s’taient rendues Buenos Aires pour un colloque de sociologie. Alors que Cassandre retournait en France, Houria s’apprtait passer un an d’tudes en Argentine l’universit de Mar del Plata.

Nicolas Durrieu, avocat argentin des familles Bouvier et Moumni, espre que l’un des accuss craquera, rvlera la ralit des faits, afin de dissiper les doutes et zones d’ombre, avant la fin du procs, prvue le 16 mai.

2014 AFP

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