Mieux vaut tard que jamais. Maria «Chicha» Mariani, une Argentine de 91 ans, a retrouvé sa petite-fille, Clara Anahi, après trente-neuf ans de séparation. L’ADN est formel, le lien de parenté entre les deux femmes a été établi à 99,9%. Un miracle de Noël qui redonne espoir aux familles dont les progénitures ont été enlevées lorsque la junte argentine était à la tête du pays, entre 1976 et 1983.
Portée disparue le 24 novembre 1976, la petite-fille de Maria est le 120e enfant «volé» par la junte à être identifié. Sa mère, appartenant à l’organisation politico-militaire pro-péroniste des Montoneros, est assassinée à son domicile, à La Plata, à 60 km au sud de Buenos Aires, lors d’un raid des forces de sécurité. Clara Anahi est alors enlevée à l’âge de 3 mois par un policier.
Toute l’Argentine connaissait la détermination de Maria Mariani. Pour retrouver sa petite-fille, elle diffusait des photos de l’enfant à chaque anniversaire, et publiait des lettres ouvertes. En mars, la nonagénaire écrivait : «A 91 ans, mon vœu le plus cher est de t’embrasser et de me reconnaître dans ton regard, cela me ferait plaisir que tu viennes jusqu’à moi pour que ces longues recherches se concrétisent. Le principal souhait qui me maintient debout est qu’enfin nous nous rencontrions.»
L’ONG «Les Grands-Mères de la place de Mai» à laquelle Maria Mariani a appartenu, créée en 1977, a dénoncé ces enlèvements et s’efforce encore aujourd’hui de rechercher ces enfants portés disparus. Infatigables, les Grands-Mères multiplient depuis trente-huit ans les émissions audiovisuelles et les campagnes de sensibilisation, comme la série de documentaires animés pour enfants intitulés «Je suis comme ça», où apparaît le témoignage d’Ignacio Montoya de Carlotto, le petit-fils de la présidente des Grands-Mères de la place de Mai, retrouvé en août 2014, après trente-six années de recherches. Selon l’organisation, le nombre d’enfants kidnappés dont les parents biologiques étaient des opposants politiques s’élève à 500.