L’élection présidentielle du dimanche 25 octobre en Argentine mettra fin à douze ans de gouvernement du couple Kirchner, Nestor (2003-2007), puis Cristina (2007-2015). La Constitution ne permettait pas à Mme Kirchner de briguer un troisième mandat consécutif. Le scrutin s’annonce serré. Parmi les trois principaux candidats, s’affrontent deux péronistes : le candidat officiel, Daniel Scioli, pour le Front pour la victoire (FPV) et Sergio Massa pour Unis pour une nouvelle alternative (UNA), critique du kirchnérisme. Le troisième en lice est Mauricio Macri, le maire de droite de Buenos Aires, à la tête de la coalition Proposition républicaine (PRO).
M. Scioli est donné favori. Il pourrait gagner dès le premier tour selon certains sondages, alors que d’autres prédisent un ballottage avec M. Macri.
Le système électoral argentin indique qu’un candidat est élu au premier tour s’il récolte 45 % des voix, voire seulement 40 % à condition de devancer son poursuivant de 10 points.
A noter que les épouses des trois candidats ont joué un rôle important pendant la campagne, apparaissant aux côtés de leur mari dans les émissions de télévision, accordant des interviews, donnant leur opinion sur la situation du pays, le programme de leur époux et jusqu’à des détails de leur vie privée.
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Daniel Scioli (58 ans)
Il est le gouverneur péroniste de la province de Buenos Aires, le principal bastion électoral du pays. Il a été désigné comme candidat pour lui succéder par Cristina Kirchner malgré une méfiance réciproque. Mme Kirchner lui a imposé comme candidat à la vice-présidence, Carlos Zannini, l’homme de confiance des Kirchner depuis trente ans.
M. Scioli se présente comme « la continuité » tout en se montrant ambigu vis-à-vis de l’héritage des Kirchner. « Nous allons soutenir ce qui doit être soutenu et changer ce qu’il faut changer. Je vais gouverner à ma façon », a-t-il précisé.
Dans une économie en berne, il a promis de relancer les investissements étrangers. Il s’est engagé à lutter contre l’insécurité et le narcotrafic. Il a évité de se prononcer sur l’inflation ou la relation avec la justice face aux scandales de corruption. Il a refusé de participer au débat télévisé, organisé le 4 octobre, entre les candidats à la présidence.
Ancien champion de motonautiste, il a perdu son bras droit, sectionné par l’hélice d’un bateau. Homme d’affaires, il a été le patron de l’entreprise suédoise Electrolux. Il a fait son entrée en politique, en 1989, de la main de Carlos Menem (1989-1999), l’ancien président péroniste converti au libéralisme. Ce qui ne l’a pas empêché de devenir le vice-président de Nestor Kirchner, qui se définissait comme « l’anti-Menem ».
Il compte avec le puissant appareil du parti péroniste, le soutien de la majorité des gouverneurs des provinces et plusieurs organisations syndicales.
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Mauricio Macri (56 ans)
Cet ingénieur de formation est le fils d’un des plus riches entrepreneurs du pays. Il a été le président du club populaire de football Boca Juniors. Il a fondé le parti de droite « Engagement pour le changement », qui fait partie, depuis 2005, de la coalition Proposition républicaine, qui a fait une alliance électorale avec l’Union civique radicale (UCR), le parti le plus ancien du pays.
Député pour Buenos Aires, il a été élu chef du gouvernement de la capitale, en 2007, avec 62 % des voix, faisant campagne sur l’insécurité et promettant d’augmenter le nombre de policiers et leurs salaires.
Il s’est engagé à maintenir les plans sociaux mis en place par les Kirchner pour aider les plus démunis, ainsi que les nationalisations de la compagnie pétrolière argentine YPF, de la compagnie d’aviation Aerolineas Argentinas et du système de pensions.
Il s’est, en revanche, engagé à libérer le contrôle des changes et à attirer les investissements étrangers. Il s’est entouré pendant la campagne de femmes, Gabriela Michetti, candidate à la vice-présidence et Maria Eugenia Vidal qui brigue le poste de gouverneur de la province de Buenos Aires.
Il prétend transposer les succès de sa gestion dans la capitale dans tout le pays.
Sergio Massa (43 ans)
Avocat, M. Massa est député, après avoir été, par deux fois, élu maire de la riche localité de Tigre dans la province de Buenos Aires. Il a été fugacement le chef de cabinet de la présidente Cristina Kirchner, entre 2008 et 2009, avant de passer dans l’opposition avec la création du Front rénovateur.
Il est devenu populaire en 2014 en freinant une réforme pénale. Il a fait de la lutte contre l’insécurité son cheval de bataille et a promis d’alourdir les peines de prison contre les délinquants.
Il s’est également engagé à en finir avec la corruption et le narcotrafic. Il se vante d’avoir une équipe économique « qui a fait ses preuves au combat », avec en particulier Roberto Lavagna, ancien ministre de l’économie de Nestor Kirchner, considéré comme l’artisan de la récupération du pays après la grave crise de 2001/2002 mais limogé par la suite.
M. Massa est le candidat qui a fait le plus de propositions : augmentation des retraites et des salaires, réforme de l’éducation et des impôts.