Argentine : manifestation anti-Kirchner à New-York

Manifestants argentins le 25 septembre à New-York contre Cristina KirchnerManifestants argentins le 25 septembre à New-York contre Cristina Kirchner© Laurie Fachaux

En marge de la 67ème session de  l’Assemblée générale des Nations Unies, une poignée d’Argentins s’est réunis devant l’hôtel de Cristina Kirchner à New-York. Ces expatriés dénoncent la « corruption » de « l’oligarchie kirchneriste ».

Columbus Circle, en plein Manhattan, mardi après-midi. Une cinquantaine d’Argentins brandit des pancartes hostiles à la présidente argentine, et fait retentir des casseroles*. Le lieu est choisi pour que la présidente voie ses compatriotes de sa fenêtre d’hôtel, le Mandarin Oriental, « l’hôtel de luxe où cette oligarque descend toujours », dénonce Jessica.

Cette médecin de 25 ans est venue rendre visite à un ami, expatrié depuis peu. Jessica explique en avoir marre de la «  corruption » qui gangrène son pays et qui rend impossible une « bonne gestion dans les domaines de la santé et de l’éducation ».

Ni de droite, ni de gauche, et surtout pas kirchneristes. Ces deux jeunes diplômés ont voté pour le péroniste Eduardo Duhalde, et l’Union Civique Radicale, lors de la dernière élection présidentielle. En octobre 2011, Cristina Kirchner a été réélue dès le premier tour avec la majorité absolue des votes exprimés : 54%.

Mario et Jessica protestent contre la politique économique de Cristina KirchnerMario et Jessica protestent contre la politique économique de Cristina Kirchner© Laurie Fachaux

Mario et Jessica expliquent être en faveur d’une redistribution des richesses, un processus que les Kirchner ont mis sur les rails dès 2003, date à laquelle Nestor Kirchner est devenu président. Mais pas n’importe laquelle.

La présidente effectue un « lavage de cerveaux », dénonce Mario. Ce dentiste en Argentine a déménagé à New-York , où il vit de petits boulots pour « échapper la crise ». « Cristina Kirchner fomente la faim pour alimenter l’ignorance » explique avec véhémence Mario, qui pointe du doigt les allocations données à la frange la plus pauvre de la population, au détriment d’un investissement massif dans l’éducation et la santé.

LE MARCHÉ NOIR DU DOLLAR

« Cristina = Chávez », peut-on lire sur une autre pancarte. Le virage nettement anti-impérialiste  de la présidente divise la société. Après avoir nationalisé YPF, l’entreprise pétrolière filiale de l’Espagnole Repsol, le gouvernement argentin a décidé d’interdire, ou presque, toute sortie du territoire aux dollars. Et cela pour préserver les réserves de la Banque centrale. Il devient très difficile pour les Argentins de retirer des dollars dans une banque argentine, et même à l’étranger.

« C’est un comble ! », s’indigne Carmen. « Je ne manifeste jamais », poursuit-elle, mais là, « la présidente manque vraiment de respect envers les Argentins ». « Pour venir aux États-Unis, j’ai dû acheter des dollars au marché noir. Tandis que la fille de la présidente vit et étudie tranquillement à deux pas d’ici, à Manhattan ! ».

quot;Kirchner tu as ruiné lquot;Argentinequot;"Kirchner tu as ruiné l"Argentine"© Laurie Fachaux

Le durcissement du contrôle des changes a entraîné une flambée du dollar « parallèle » : un dollar vaut 7 pesos sur le marché noir, 4 à son taux officiel. Deux poids, deux mesures donc pour la présidente argentine. Les Kirchner avaient révélé en 2009 que leur patrimoine avait augmenté de 700% en six ans, entre 2003 et 2009.    

*Le cacerolazo est une forme habituelle de manifester son mécontentement en Argentine, depuis les années 70, époque de la dictature.

 

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