Argentine : les nuages se dissipent au dessus de la tête de Cristina …

Le juge Daniel Rafecas a estimé jeudi soir sans fondement l’accusation du défunt procureur Nisman, selon qui le pouvoir argentin a couvert des dirigeants iraniens suspectés d’avoir commandité un attentat sanglant contre la communauté juive en 1994.

Est-ce l’épilogue d’une affaire qui empoisonne la vie politique argentine depuis des années et qui a pris ces dernières semaines un tour encore plus dramatique ? Alors qu’elle était soupçonnée d’entrave à la justice dans l’affaire de l’attentat antisémite de juillet 1994 qui avait fait 85 morts à Buenos Aires, la présidente argentine Cristina Kirchner semble en tout cas sur le point d’être tirée d’affaire. La justice du pays a en effet estimé jeudi soir sans fondement l’accusation du défunt procureur Alberto Nisman, selon qui le pouvoir argentin a couvert des dirigeants iraniens suspectés d’avoir commandité l’attentat contre la mutuelle juive AMIA, commis il y a plus de 20 ans et toujours non élucidé.

Il s’agit du dernier rebondissement d’une affaire politico-judiciaire qui n’en a pas manqué, surtout ces dernières semaines. Le 14 janvier, le juge Nisman accusait en effet Cristina Kirchner et son ministre des Affaires étrangères Hector Timerman de protéger les Iraniens mis en cause dans l’attentat. Quatre jours plus tard, il était mort, dans des circonstances mystérieuses à son domicile . Les premiers éléments de l’enquête laissent penser à un suicide, thèse à laquelle ne croient pas les Argentins. Le 18 février, des dizaines de milliers de personnes ont manifesté à Buenos Aires en hommage au procureur, un mois après sa mort.

« Faute de commission d’un délit »

Toujours est-il que le juge Daniel Rafecas, un magistrat respecté en Argentine, explique dans son document de 63 pages qu’il n’engage pas de poursuites contre Cristina Kirchner, au pouvoir depuis 2007, et Hector Timerman « faute de commission d’un délit ». Divers juristes avaient de fait déjà estimé que les faits énoncés ne pouvaient pas déclencher des poursuites judiciaires, quand le dossier d’accusation du procureur Nisman avait été rendu public après sa mort.

En 2007, Alberto Nisman avait accusé Téhéran d’avoir ordonné l’attentat et soutenait que le mouvement chiite libanais Hezbollah s’était chargé de la logistique et de l’exécution de l’opération. Pour lui, le mémorandum scellé en 2013 entre Buenos Aires et Téhéran, prévoyant l’audition en Iran des suspects iraniens dont l’Argentine demandait en vain l’extradition depuis 2007, était en fait une manoeuvre visant à assurer l’impunité des Iraniens.

Dossier devant la cour d’appel  ?

Le 13 février, Cristina Kirchner, et son ministre des Affaires étrangères, Hector Timerman, avaient été formellement mis en cause pour « les délits d’entrave à la justice et manquement au devoir d’un fonctionnaire » par le procureur Gerardo Pollicita, qui avait repris l’accusation de Nisman, et demandé leur inculpation. A la suite de l’analyse du dossier, le juge Rafecas assure cependant « qu’aucune des deux hypothèses de délit formulées par le procureur Pollicita ne tient, et qu’il n’y a pas de délit avéré ».

La députée d’opposition Patricia Bullrich s’attend à ce que le procureur Pollicita « porte le dossier devant la Cour d’appel ».

Réforme des renseignements

Ce n’est pas la première fois qu’un chef d’Etat est éclaboussé par cette affaire. L’ancien président Carlos Menem (1989-1999) et l’ancien patron des services secrets attendent la date de leur procès pour entrave à l’enquête, tout comme le juge chargé de l’instruction du dossier de 1994 à 2003, Juan José Galeano, inculpé pour avoir remis un pot de vin de 400.000 dollars en échange d’un témoignage accablant.

Pour l’opposition, le pouvoir porte une responsabilité dans la disparition d’Alberto Nisman, alors que le gouvernement y voit l’ombre d’agents incontrôlés des services secrets. 10 jours après sa mort, la dirigeante péroniste a du coup annoncé la dissolution des services de renseignements et la création d’une nouvelle Agence fédérale de renseignements , avec un directeur et un sous-directeur nommés par le pouvoir exécutif et ratifiés par le Sénat. Le Congrès a entériné jeudi cette réforme controversée.

Nouveau chef du gouverrnement

Fragilisée par l’affaire Nisman, Cristina Kirchner a aussi changé jeudi de chef du gouvernement, rappelant un fidèle, Anibal Fernandez, poids lourd de la mouvance péroniste au pouvoir, à neuf mois de la fin de son mandat présidentiel. Agé de 58 ans, il avait déjà occupé cette fonction pendant deux ans et demi (2009-2011), durant le premier mandat de Cristina Kirchner.

Source AFP

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