Argentine: les complications de l’affaire Nisman

Si vous n'avez pas lu mes billets précédents sur le sujet, vous allez avoir du mal à suivre les derniers développements du "feuilleton Nisman"

L'ex-épouse de Nisman s'appuie désormais sur une contre-expertise privée (pour laquelle elle a bénéficié des services de l'expert médico-légal Raffo qui sévissait déjà à l'époque de la dictature et dont l'intégrité personnelle est pour le moins sujette à caution) pour affirmer que Nisman serait mort non pas le dimanche 18 janvier vers midi comme l'avait déterminé l'équipe d'experts de la cour de justice mais le samedi soir.

Or l'informaticien Lagomarsino, fournisseur de l'arme mortelle, l'aurait apportée selon ses propres déclarations (corroborées par d'autres éléments) vers 8h du soir ce fameux samedi.

Du coup ledit Lagomarsino revient en première ligne des suspects potentiels. Sa défense allègue que d'après le dépouillement de son ordinateur Nisman aurait consulté les journaux via Internet le dimanche matin vers 8h, mais certains rétorquent que Lagomarsino disposait d'un programme lui permettant de gérer à distance les ordinateurs de Nisman et aurait donc pu simuler un maniement de l'ordinateur par Nisman déjà mort...

Comme si cet emberlificotage ne suffisait pas, de nouvelles théories du complot ont émergé: un journaliste (auteur de divers ouvrages sur les activités des services secrets) prétend que c'est un coup mpnté par des agents du SIDE argentin formés par le Mossad à ses techniques d'homicides camouflés en suicide. Un de ses "arguments" consiste à pointer les références faites par Netanyahou dans son discours au Congrès américain aux attentats argentins en les attribuant à l'Iran, pour laisser entendre que Nisman serait une victime sacrificielle de la géopolitique israélienne. (L'incontrôlable politicienne Elisa Carrio avait déjà affirmé que le journaliste Damian Paechter était un agent du Mossad.)

Il est loisible de considérer que le très opportuniste Netanyahou, comme bien d'autres, ne se prive pas d'instrumentaliser a posteriori la mort de Nisman à l'encontre de ses adversaires, mais de là à imaginer une opération préalablement orchestrée par Israël pour liquider Nisman, il y a une grosse marge.

Comme toujours (et encore récemment à propos de l'assassinat de Nemtsov), les théories complotistes sautent sur des interprétations aventurées et contradictoires du "à qui le crime profite".

En parfaite symétrie complotiste avec cette vision des choses, on peut aussi relever que le site israélien lié aux milieux du renseignement DebkaFile a de son côté attribué la mort de Nisman à un agent iranien...

Bref, l'intox bat son plein de toutes parts.

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