Argentine: le noeud de vipères des Services Secrets

La désinformation systématique pratiquée en particulier par le groupe de presse Clarin (et complaisamment relayée par la presse française) a abondamment reproduit ces derniers jours diverses informations bidons toutes démenties une à une par les experts judiciaires et médico-légaux qui après l'extrême confusion initiale ont repris les choses en main:

1°) la porte de service n'était pas fermée  (en fait, la porte était belle et bien fermée mais une des serrures avait pu être ouverte par la mère de la victime qui avait un double des clés alors que l'autre serrure bloquée de l'intérieur par la clé a été débloquée le serrurier)

2°) le tir mortel dans la tempe du procureur spécial Nisman aurait été effectué à une distance de 15 cm, ce qui excluerait un suicide, mais les analyses médico-légales ont révélé que le coup avait été tiré à bout touchant (ce qui est usuel dans le cas d'un suicide) et que l'index droit du cadavre avait été retrouvé plié (la rigidité cadavérique ayant conservé le mouvement effectué pour presser la détente de l'arme)

3°) des traces suspectes avait été relevées dans une gaine de maintenance (mais il s'est avéré que Nisman lui-même avait fait intervenir la veille des agents de maintenance pour réparer la climatisation).

En dépit des théories complotistes qui continuent de circuler sur la toile (nous avons eu récemment bien d'autres exemples de ce genre de constructions délirantes après les attentats de Paris) tous les éléments factuels aujourd'hui disponibles confirment donc l'hypothèse d'un suicide, et en particulier le fait que le cadavre allongé par terre qui bloquait la porte de la salle de bain ait été découvert par la première équipe de police arrivée sur les lieux en présence de la mère de la victime, ce qui exclut toute manipulation par une tierce partie.

La presse d'opposition et en particulier l'inénarrable Lanata a fait ses gorges chaudes de divers enregistrements ayant fuité (soit à l'initiative de Nisman soit à celle des agents du SIDE qui les avaient réalisées) sans même relever  que leur contenu démentait les accusations lancées par Nisman contre le chancelier Timerman et la présidente Fernandez (dite CFK): Nisman avait prétendu que le gouvernement argentin avait fait lever les mandats d'arrêt lancés via Interpol contre les suspects iraniens en échange d'accords commerciaux.

Ceci a été démenti à la fois par le Directeur d'Interpol et par un des enregistrements dans lequel un des interlocuteurs s'emporte contre Timerman qualifié de "ese ruso de mierda" ("ce juif de merde") justement parce qu'aucune mesure de levée des demandes d'arrestation n'avait été prise.

Reste à savoir pourquoi Nisman se serait suicidé. Pour cela, il faudrait surtout comprendre comment il s'est laissé enfumer par Stiusso et d'autres éléments incontrôlés du SIDE pour produire un dossier non seulement vide de preuves mais rempli de contradictions au point qu'il se soit retrouvé désespéré au pied du mur (le lendemain de son suicide, il devait plancher devant le Congrès pour justifier ses accusations et c'est à mon avis la perspective de se ridiculiser totalement qui a conduit cette personalité narcissique et instable à se suicider.)

La seule chose intéressante que révèle les écoutes est que divers branquignols de la mouvance kirchnériste (en particulier le "piquetero" professionnel d'Elia, connu par ailleurs pour son antisémitisme) ont conduit de façon officieuse des discussions confuses avec des représentants tout aussi officieux de l'Iran. De cette pseudo-diplomatie parallèle menée avec un amateurisme confondant, l'image de la Présidente ne sort pas grandie, d'autant plus qu'elle a fait tourner en bourrique ses courtisans béni-oui-oui pendant toute la semaine à coups de communiqués contradictoires transmis... via sa page Facebook. Il est vraiment temps que CFK prenne sa retraite, car elle est devenue une girouette aussi pathétiquement ridicule que notre Ségolène nationale.

Le fond du problème est l'incapacité des gouvernements successifs à mettre le SIDE sous contrôle.

Au lieu de s'attacher à faire le ménage, chaque président s'est contenté de nommer un homme à lui à la tête des Services pour adjoindre ses propres grenouilleurs aux escrocs, bouffons et ñoquis (emplois fictifs)  pré-existants.

Résultat: il y a en fait à l'intérieur du SIDE au moins trois sous-structures qui (dys)fonctionnent séparément les unes des autres: il y a les vieux de l'époque ménémiste pilotés en ligne directe par la CIA (cela correspond à la mouvance Stiuso: des gens qui étaient au départ les hommes-liges d'Anzorreguy le patron du SIDE nommé par Menem à l'époque des "relations charnelles" entre l'Argentine et les USA), il y a des militaires gérés directement par le chef d'état-major Milani (et qui sont probablement les seuls vrais professionnels de la bande) et puis il y a les petits derniers: les kirchnéristes juniors de la Campora parachutés dans ce panier de crabes par la grâce de CFK.

Bref, si la situation n'était pas aussi tragique, il y aurait vraiment de quoi rire (et les lecteurs de mon premier roman "Les Neiges du temps" savent que je ne me suis pas privé de moquer la débilité des Services Spéciaux argentins).

Reste enfin que, comme le révèle la désinformation orchestrée par Clarin, si aucune des théories complotistes en vogue ne tient la route concernant la mort de Nisman, cela ne veut pas dire qu'il n'y a pas eu de complot. Ayant suivi toute l'affaire depuis l'origine, je crois qu'on peut même identifier trois complots successifs en vingt ans:

1°) un premier complot ménémiste, organisé sous la houlette d'Anzorreguy, consistant à saboter l'enquête initiale pour effacer la piste syro-libanaise,

2°) un second complot SIDE-CIA-Mossad consistant à orienter l'enquête de Nisman vers l'Iran (comme toute opération d'intoxication bien conçue, ce second complot devait contenir des bribes de vérité, en particulier concernant l'implication de certains syro-libanais argentins et autres qui étaient liés au Hezbollah; le Hezbollah étant allié à la fois avec le clan Assad en Syrie et avec les théocrates chiites iraniens, il devenait assez facile de faire glisser les soupçons de la Syrie vers l'Iran),

3°) un dernier complot mené par la branche CIA du SIDE et complaisamment relayé par Clarin (et le reste de la presse anti-kirchnériste) qui a instrumentalisé un pauvre imbécile avide de notoriété (Nisman n'étant finalement dans cette affaire qu'une sorte de juge Lambert totalement dépassé par son dossier) pour essayer de destabiliser le gouvernement à coups de pseudo-révélations sur les négociations menées avec l'Iran.

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