Selon le ministère de l'économie argentin, le pays est dans l'impossibilité d'honorer la prochaine échéance de sa dette restructurée, prévue au 30 juin. Cette déclaration intervient après que la justice américaine a rendu exécutoire, mercredi 18 juin, la condamnation de l'Argentine annoncée deux jours plus tôt, obligeant le pays à rembourser au moins 1,3 milliard de dollars à deux fonds spéculatifs, dans un litige lié à la faillite partielle du pays en 2001.
Cette décision rend, selon le ministère argentin, impossible le prochain paiement à New York des créanciers de l'Argentine ayant accepté la renégociation de la dette du pays (contrairement aux fonds spéculatifs qui eux se sont engagés dans une bataille juridique). Lundi soir, la présidente de l'Argentine, Cristina Kirchner, affirmait encore que son pays ne se trouverait pas en défaut de paiement.
Pourquoi l’Argentine risque le défaut de paiement
UN RÉGLEMENT DE 15 MILLIARDS DE DOLLARS
Le jugement de la cour d'appel de New York, que la Cour suprême des Etats-Unis a refusé lundi de remettre en cause, stipule que l'Argentine doit verser 1,4 milliard de dollars à deux fonds spéculatifs. Mais si le pays sud-américain procède à ce paiement, les autres fonds spéculatifs ayant refusé les restructurations de la dette argentine en 2005 et 2010 pourraient exiger le même traitement et c'est 15 milliards de dollars supplémentaires que pourrait avoir à régler l'Argentine. Or un remboursement aussi important serait impossible à l'heure où la banque centrale d'Argentine ne dispose que de 28,5 milliards de réserves en dollars.
Buenos Aires a annoncé son intention de négocier avec la justice américaine pour éviter une telle situation. Dans le même temps, « l'Argentine réitère sa volonté de payer ses créanciers restructurés, vu qu'elle a toujours offert de (les) rembourser sous les mêmes conditions en conformité avec la loi du pays », a fait valoir mercredi le ministère de l'économie.
L'Argentine entend ainsi réaffirmer qu'elle ne veut pas se mettre en défaut de paiement. Le non-remboursement d'une échéance due équivaut toutefois bel et bien à un défaut de paiement du point des vue des marchés et des agences de notation, comme l'a rappelé mardi l'une d'entre elles, l'américaine Standard and Poor's. Le cas argentin est suivi de près par les grands argentiers du globe qui craignent que les créanciers refusent à l'avenir tout compromis avec les Etats en difficulté dans l'espoir de récupérer l'intégralité de leur dû.