Publié le 17/09/2015 - 18:09<!-- Mis jour le DATE-->
Après une mobilisation massive pour dénoncer des fraudes, une enquête avait été ouverte à la demande de l’opposition. Pour les juges, l’ampleur des anomalies justifie l’annulation du scrutin du 23 août.
C’était déjà arrivé dans d’autres provinces, mais jamais à Tucumán, berceau de l’indépendance du pays et vivier d’intellectuels illustres. C’est une décision “historique et inédite” d’après le journal régional La Gaceta, qui réagit à l’annulation par la justice du scrutin du 23 août. Bureaux de vote incendiés, accusations de fraude de la part de l’opposition, manifestations d’électeurs furieux et violences policières… le scrutin avait été très agité. Ces élections régionales avaient finalement conduit à la victoire, avec un score de 51,6 %, de Juan Manzur, candidat du parti de la présidente Cristina Kirchner et dauphin du gouverneur José Alperovich, au pouvoir depuis douze ans.
D’après le rapport d’enquête présenté par la justice, la distribution de sacs de nourriture en échange de votes et l’accompagnement des électeurs jusqu’au bureaux de vote sont avérés, ainsi que 500 cas de fausses adresses et une “faille supposée” du système de caméras qui a provoqué la disparition de tous les enregistrements de ce 23 août.
Le suffrage violenté
La justice a demandé la tenue de nouvelles élections. Le gouvernement de la province, soutenu par Cristina Kirchner, s’apprête à faire appel de cette décision. “Mais c’est un dur revers pour le parti au pouvoir”, estime le journal.
“La sensation de la fragilité des choix du peuple sera difficile à effacer. La cicatrice restera pendant des années et chaque fois que l’on votera sur ces terres les yeux se porteront de nouveau vers cette cicatrice. L’Etat a échoué. Ni le parti au pouvoir ni l’opposition ne peuvent chanter victoire, mais les électeurs de Tucumán ont un sentiment de défaite. Le suffrage a été violenté. Il n’y a pas de raisons de célébrer quoi que ce soit”, conclut La Gaceta.
Le scénario est perçu comme un présage de ce qui pourrait se passer fin octobre, lors de l’élection présidentielle argentine.