L'ancien président argentin Fernando de la Rua (1999-2001), accusé d'avoir versé des pots de vin à des sénateurs pour qu'ils votent une loi en 2000, a catégoriquement nié les faits, mercredi, lors de son procès.
"Il ne s'est rien passé, ces faits n'ont pas existé", s'est défendu M. de la Rua, 76 ans, qui avait démissionné de son poste alors que le pays sombrait fin 2001 dans une grave crise économique.
Il a comparé la procédure judiciaire à un "calvaire" depuis 13 ans et se posant en victime innocente, s'est demandé comment "le mal causé aux institution, au gouvernement et à sa famille pourrait être réparé".
Le ministère public réclame six ans de prison et six ans d'inéligibilité contre Fernando de la Rua et 18 mois avec sursis pour celui qui a révélé l'affaire à la justice.
Le président argentin, élu sous les couleurs de l'Union civique radicale (UCR, centre-gauche), avait appliqué des plans d'austérité impopulaires dictés par le Fond monétaire international (FMI), et une révolte populaire avait éclaté.
L'accusation se base sur les déclarations d'un haut fonctionnaire du Sénat, Mario Pontaquarto, qui a reconnu être le porteur d'une valise contenant cinq millions de dollars destinés à être distribués aux parlementaires, sur ordre du président, pour qu'ils votent une loi réduisant les droits des travailleurs.
Le scandale avait provoqué la démission du vice-président de l'époque Carlos Alvarez, puis un conflit au sein du gouvernement, jusqu'à la chute de de la Rua.
Après avoir ordonné une répression sanglante qui a fait une trentaine de morts lors de manifestations à Buenos Aires les 19 et 20 décembre 2001, Fernando de la Rua avait démissionné et s'était enfui par le toit du palais présidentiel, alors que la foule menaçait d'entrer dans le bâtiment de la présidence.
Il avait succédé à Carlos Menem (1989-1999), condamné en juin à sept ans de prison pour trafic d'armes à destination de la Croatie et de l'Equateur. M. Menem est le premier ex-président argentin élu démocratiquement à être condamné par la justice. Protégé par son immunité de sénateur, il est à l’abri de l'exécution de la condamnation.