L'administration fiscale a trouvé un moyen judicieux pour contrer la fraude, en Argentine : un drone qui prend des photographies aériennes pour détecter maisons, piscines ou champs de soja non déclarés. Un système d'une redoutable efficacité !
Il s'appelle Mesi - comme le footballeur mais avec un seul « S » - et sévit dans le ciel argentin depuis février. Équipé d'un appareil photo, le drone, 1,5 m de long pour un poids plume de 650 g, est capable de repérer le moindre cm² de maison non déclaré s'il survole un « country », l'un de ces grands quartiers privés hautement sécurisés qui fleurissent autour de Buenos Aires. Le coût de cet appareil espion, 40.000 dollars (31.000 euros) est loin d'être anodin. Mais cette technologie suisse peut opérer jusqu'à 2.000 m au-dessus de la zone ciblée. En ce matin printanier, balayé par des bourrasques de vents qui compliquent son travail, le drone effectue des ronds au-dessus d'un quartier chic, avant de se figer au-dessus de l'objectif.
Or vert dans la mire
« Il opère de manière autonome. Il prend des milliers de photos et il revient tout seul », explique Ivan Budassi, directeur de l'administration fiscale de la province de Buenos Aires (Arba), qui concentre 37 % des 41 millions d'Argentins et 40 % du PIB. La mission est un succès. L'inspection du « country » comptant 60.000 m² de constructions, protégé par de hauts murs et une entreprise de sécurité privée, a mis en évidence que 52.000 m² ont été construits illégalement et figurent sur les registres cadastraux comme des terrains non bâtis. À 400.000 euros, en moyenne, la maison, c'est une mine d'or ! « Le drone esquive les oiseaux. Et son GPS est très fiable », souligne l'opérateur, qui assure : « Il pourrait lire les titres du journal tout en volant à 800 m d'altitude. » Une acuité très utile à l'Arba, qui, dans ce pays premier exportateur mondial de soja transformé, traque aussi les grands propriétaires terriens qui omettent de déclarer leur récolte. Depuis février, dans la pampa fertile ou dans les faubourgs de Buenos Aires, ce sont ainsi 120.000 fraudeurs ont déjà été recensés. Soit des millions de dollars supplémentaires de revenus fiscaux.