“Pour la première fois dans l’histoire [de l’Argentine], un président arrive au pouvoir avec une minorité à la Chambre des députés. Il est important que sa victoire soit nette, car elle servira de base à une gouvernance qui s’annonce complexe”, analyse le quotidien argentin La Nación dans une vidéo. En effet, la victoire du parti Cambiemos (“Changeons”, coalition du parti de Mauricio Macri PRO, fondé il y a moins de dix ans, et de l’historique Union civique radicale) a été atteinte grâce à la récupération d’électeurs du péroniste Sergio Massa, qui avait réuni 21,1 % des votes au premier tour.
La carte des résultats montre à quel point le pays est divisé. Le candidat de droite, qui a parlé de reconciliation et de “construire ensemble une Argentine sans pauvreté”, s’est imposé dans des grandes villes comme Córdoba, Mendoza et Santa Fe, ainsi que dans les provinces d’Entre Ríos et de la Pampa et dans la ville de Buenos Aires, mais pas dans le Sud ni dans les régions pauvres du Nord ou les banlieues de Buenos Aires.
Contre Cristina Kirchner
“Un président, deux pays”, écrit en une le journal proche du gouvernement Página 12, qui n’avait, jusqu’à présent, jamais évoqué la polarisation grandissante en Argentine.
De son côté, le quotidien Clarín écrit :
“Si la société a choisi Macri, c’est aussi parce qu’elle a voté contre Cristina [Kirchner]. […] Les erreurs en chaîne de cette dernière ont fini par favoriser Macri. On espère maintenant qu’il sera à la hauteur des responsabilités et des espoirs déposés en lui. C’est l’examen le plus exigeant ; il ne pourra y répondre qu’avec des résultats. Il a promis de gouverner pour tous. Et que chaque jour serait un peu mieux que le précédent.”
La peur a perdu
Pour le journal économique El Cronista, une grande partie de la population a dit stop à un gouvernement conservateur enveloppé dans un discours prétendument progressiste. “Mauricio Macri a entre les mains l’opportunité de faire entrer l’Argentine dans le stade encore inexploré du développement et de réussir le saut vers la qualité institutionnelle.” Reste à voir comment Macri composera son gouvernement.
Une chose est sûre : les élections du 22 novembre représentent un tournant majeur pour la société argentine. “On passe d’une politique de confrontation à une politique de dialogue et de consensus. Et l’économie, jusque-là gérée de manière arbitraire, devrait être homologuée par le reste du monde. Ce qui s’est passé est aussi une défaite pour Cristina Kirchner et sa manière de gouverner, via des campagnes de diffamation et de peur, ainsi que des manipulations des statistiques officielles. C’est aussi la peur qui a perdu”, commente La Nación.
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