Argentine: après 39 ans de recherches, elle retrouve sa petite-fille

A 91 ans, elle vit un véritable conte de Noël. Maria « Chicha » Mariani, l'une des fondatrices des Grand-Mères de la Place de Mai, vient de retrouver, après 39 ans de recherches, sa petite-fille enlevée par un policier à l'âge de trois mois après l'assassinat de sa mère pendant la dictature argentine.

Clara Anahi, portée disparue en 1976, devient ainsi le 120e enfant « volé » par la junte à être identifié, a annoncé jeudi 24 décembre la Fondation Anahi, créée en 1989 par Maria Mariani après avoir quitté la présidence des Grand-Mères de la Place de Mai.

« C’est une énorme joie, une énorme satisfaction. Ca faisait 39 ans qu’on la cherchait, témoigne Cecilia Teruggi, la cousine de Clara Anahi. Imaginez la sensation… Ma grand-mère l’a vraiment cherchée jours et nuits à partir du moment où elle a disparu. C’est assez irréel. Quelque part, on ne pensait jamais que ça arriverait. C’est vraiment une sensation très belle et très émouvante. On est tous vraiment très contents. C’est encore mieux que ce soit à Noël. C’est vraiment une bonne nouvelle ».

Le 24 novembre 1976, Clara Anahi a été enlevée par un policier en voiture, après l'assassinat de sa mère au cours d'un raid des forces de sécurité à leur domicile à La Plata, à 60 km au sud de Buenos Aires.

Sa photo a fait le tour du monde

Les recherches menées par Maria Mariani pour retrouver sa petite-fille étaient connues de tous. La photo de Clara Anahi bébé a été diffusée pendant des décennies à chacun de ses anniversaires en Argentine et sa grand-mère à multiplier les lettres ouvertes à sa petite-fille. « A 91 ans, mon vœu le plus cher est de t'embrasser et de me reconnaître dans ton regard, cela me ferait plaisir que tu viennes jusqu'à moi pour que ces longues recherches se concrétisent. Le principal souhait qui me maintient debout est qu'enfin nous nous rencontrions », avait ainsi écrit Maria Mariani en mars dernier.

Les Grand-Mères de la Place de mai, une organisation fondée en 1977, en pleine dictature, s'activent depuis de longues années à rechercher ces petits-enfants portés disparus. Elles estiment que 500 bébés d'opposants politiques, enlevés à leur mère ou nés en captivité, ont ensuite été adoptés par des dignitaires du régime militaire, responsable de la mort ou de la disparition de 30 000 personnes. En août 2014, la dirigeante historique de cette organisation emblématique en Argentine, Estela Carlotto, avait retrouvé son petit-fils, lui aussi enlevé sous la dictature, après 36 ans de recherches.

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