La maison où il vivait avec ses parents et ses frères et sœurs, la petite place où il jouait au foot avec les gamins du quartier, le lieu où il a eu la "révélation" de sa vocation de prêtre, et même le kiosque où il achetait le journal et le coiffeur où il allait se faire couper les cheveux : tous ces sites font partie de l’itinéraire gratuit proposé autour de Jorge Bergoglio, plus connu depuis le 19 mars comme Sa Sainteté le pape François.
Organisé par l’office du tourisme de Buenos Aires et la direction générale des cultes, le circuit démarre dans le quartier qui vit naître et grandir le futur pape, et plus précisément devant la basilique San José de Flores, où sa vie prit un tournant radical. "Un beau jour de printemps, il est passé à la basilique et, alors que ses amis l’attendaient pour aller pique-niquer, il a eu une révélation : il a su qu’il allait vouer sa vie à Dieu. Alors, au lieu d’aller pique-niquer, il est rentré chez lui méditer", raconte Soraya Chaina, guide touristique et responsable du développement à l’office du tourisme.
Pour définir le parcours, ses concepteurs se sont rendus partout, ont discuté avec les habitants, les amis, les connaissances de Jorge Bergoglio. Mais ils se sont aussi appuyés sur El Jesuita, la biographie écrite par Sergio Rubin, journaliste à Clarín, et l’Italienne Francesca Ambrogetti [paru en français sous le titre Je crois en l’homme, conversations avec Jorge Bergoglio, Flammarion, 2013].
Au coeur du "quartier des maisons bon marché"
La maison où il vécut avec ses parents et ses quatre frères et sœurs, au numéro 500 de la Calle Membrillar, dans un coin surnommé "le quartier des maisons bon marché", porte déjà une plaque commémorative. Et presque toutes les églises de l’itinéraire arborent avec fierté une image du pape. A l’église San José de Talar, vouée au culte de la Vierge Desatanudos ["qui défait les nœuds"], le marchandisage autour du pape François fait fureur. "C’est Bergoglio qui a rapporté l’image de la Vierge à Buenos Aires. Il l’a découverte en Allemagne dans les années 1980", explique Soraya Chaina. C’est aujourd’hui l’une des Vierges les plus populaires en Argentine.
"On estime qu’environ 25 % des voyageurs dans le monde sont intéressés par le tourisme religieux. L’élection du nouveau pape sera une motivation supplémentaire pour tous ceux qui ont envie de visiter Buenos Aires. D’où notre volonté de parier sur ce type de circuits", s’est félicité Hernán Lombardi, ministre de la Culture de la ville de Buenos Aires, qui a lui aussi suivi le circuit papal. Pour l’heure, cependant, le circuit n’est proposé qu’en espagnol.
Au fur et à mesure que le bus avance, Soraya Chaina retrace aussi l’histoire et les origines d’une petite dizaine de quartiers, et ses éclairages fourmillent de détails, non seulement sur la vie de Jorge Bergoglio (dont les grands-parents sont arrivés en Argentine du Piémont italien), mais aussi sur les arcanes de la hiérarchie et de l’organisation du catholicisme. Le circuit offre une belle occasion d’en savoir plus sur cet homme qui, s’il est l’un des plus influents de la planète, reste tout d’abord un Porteño et un fervent supporter du club de foot San Lorenzo.