«Après l’accident, on a été harcelés nuit et jour»

Elle voulait respirer l’air de «ses» sommets, où elle se sent bien. Championne du monde de freeride en 2011, Anne-Flore Marxer vient de vivre les deux semaines les plus éprouvantes de sa vie. Participante du jeu «Dropped» sur TF1, la snowboardeuse franco-suisse a vu partir sous ses yeux les 10 personnes décédées dans un accident d’hélicoptère en Argentine le 9 mars dernier, dont les sportifs français Camille Muffat, Florence Arthaud et Alexis Vastine.

Pour aller de l’avant «AFM» a finalement choisi de se rendre à Verbier, pour y disputer l’Xtreme. «J’avais besoin de me retrouver et de revoir mes copains, de me vider la tête, a relevé la rideuse de Préverenges (31 ans). Je suis arrivée hier (ndlr: jeudi). Tout s’est enchaîné très vite ces derniers jours. Mais j’avais vraiment besoin de sortir de cette ambiance lourde pour rejoindre mon environnement. Je ne voulais pas tout laisser tomber ce que j’avais prévu.» Après avoir pris son temps pour faire son deuil, elle a accepté de parler de l’aventure vécue en Argentine.

«Participer à cette émission nous faisait tous rêver, a souligné la Vaudoise. On est parti en voyage à l’autre bout du monde dans des paysages absolument magnifiques et au milieu des lamas pour se surpasser. C’était génial. L’ambiance était excellente, même quelques minutes avant l’accident.» Mais le crash est survenu. «C’était effroyable, se souvient-elle. C’est très dur d’y repenser. On a perdu des gens extraordinaires, du côté des sportifs comme du côté de l’équipe technique.»

Pression médiatique insoutenable

Désormais, la rideuse qui a notamment assisté aux obsèques de Camille Muffat veut surtout garder les bons souvenirs. «Je me rappelle de ces personnes-là vivantes et de tous les moments de bonheur qu’on a vécus ensemble.» Mais tous n’a pas été facile pour elle depuis l’accident. La pression de la presse notamment a été dure à encaisser. «Je trouve la médiatisation autour de cet événement particulièrement irrespectueuse, s’est-elle exclamé. On en parle trop, d’une façon négative. On en fait une affaire politique. J’essaie de rester en dehors de tout ça car je sais que ce n’est pas la réalité, que j’ai vécue de A à Z.»

La snowboardeuse peine à digérer la manière dont ont travaillé certains journalistes. «On a été harcelés nuit et jour, s’exclame-t-elle. Dans le même temps, on était encore choqués, avec le sentiment de ne rien avoir pu faire. C’est quelque chose de terrible.» Cette «machine de la médiatisation» était totalement «hors de contrôle», selon la Vaudoise.

A Verbier, Anne-Flore Marxer ne visera pas la victoire. «Je suis là pour retrouver mes repères, mes amis. La compétition, c’est vraiment secondaire. Je ne viens pas pour la gagne mais parce que je suis vivante, que j’ai besoin d’aller de l’avant, a-t-elle expliqué. Pour les 20 ans de l’Xtreme, ça me tenait vraiment à cœur d’être présente.»

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